Les media occidentaux présentent aujourd’hui l’URSS et tout ce qui s’y
rapporte sous un aspect négatif. Cependant, il y a soixante-dix ans, les troupes
de l’Armée rouge faisaient plier à Stalingrad les troupes hitlériennes, scellant
de facto la défaite de l’Allemagne. Les Russes, qui ont été délibérément envahis
au cours de la Seconde guerre mondiale, ont perdu dans cette barbarie plus de
vingt millions de vies humaines. Mais l’Europe, myope autant qu’ingrate,
continue de considérer Moscou comme un « ennemi » gênant, cherchant à diminuer,
quand ce n’est pas nier, la contribution décisive de l’Armée rouge à la victoire
finale.
En Russie pourtant, les choses ne se passent pas de cette manière, et malgré
les sept décennies qui nous séparent de cet événement, des millions de Russes
vouent encore une véritable admiration à ce jour du 2 février 1943, au cours
duquel Staline et l’Armée rouge brisèrent l’encerclement de Stalingrad.
Aujourd’hui, ce lieu héroïque s’appelle Volgograd. Les habitants de cette ville
d’un peu plus d’un million d’habitants ont décidé le 31 janvier 2013 qu’elle
allait reprendre quelques jours par an le nom de Stalingrad, celui qu’elle avait
durant la période soviétique. Plus précisément, le nom officiel de « ville
héroïque de Stalingrad » sera repris durant toutes les commémorations de la
grande victoire de l’Armée rouge. Sergueï P. Zabednov, l’édile local qui est à
l’origine de cette décision, a ainsi déclaré dans un entretien au New-York Times que les media pourraient
reprendre à loisir le nouveau nom de Stalingrad dans leurs communiqués, et que
les tableaux d’affichage des trains allaient même être modifiés comme il se
doit.
Outre le 2 février, Volgograd recouvrera son ancien nom cinq autres jours,
tous représentatifs de la victoire de l’Union soviétique, parmi lesquels le 9
mai (capitulation de l’Allemagne) et le 22 juin (début de l’invasion nazie). À
l’origine, Volgograd s’appelait Tsaritsyne. La ville conserva ce nom-là depuis
sa fondation, au XVIème siècle, jusqu’en 1925 où elle fut dédiée à Staline dans
un vaste mouvement d’appellation des villes aux noms des dirigeants bolcheviks.
Ce n’est qu’en 1961, durant la campagne révisionniste de déstalinisation menée
par Nikita Khrouchtchev, que la ville fut rebaptisée Volgograd.
Vladimir Poutine a rapidement été accusé par plusieurs partis de vouloir
récupérer le sentiment de sympathie que nourrit encore l’Union soviétique. Un
sentiment incompréhensible pour quantité d’Occidentaux qui s’étonnent que
Staline soit toujours considéré en Russie comme le « petit père des peuples » ou
comme un artisan majeur de l’écrasement de la tyrannie hitlérienne (quand ce
n’est pas les deux à la fois). Ce sentiment, loin de décroître, va même
crescendo ; ce qui explique pourquoi
une inscription à la gloire de l’ancien dirigeant soviétique orne désormais
le hall d’entrée de la station de métro Kourskaïa, au centre de Moscou. Les
autorités de Saint-Pétersbourg et de Tchita, en Sibérie, avaient quant à elles
décidé que les autobus de leurs cités seraient décorés ce 2 février de grands
portraits de Staline, une initiative controversée qui a pourtant déjà été prise
à plusieurs reprises au cours de ces dernières années.
Les media internationaux gagneraient à sortir du contexte de la Guerre froide
et de la propagande qui en découle, et réfléchir à ce que serait l’Europe si
Staline et l’Armée rouge n’avaient pas infligé à l’envahisseur nazi une défaite
dont il ne se relèvera jamais. Mais pour cela, il faudrait faire preuve
d’honnêteté. Et c’est une tâche ardue quand on a fait du révisionnisme
historique son métier.
Capitaine Martin

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