Madjid
Michel Warshawski, que j’ai personnellement eu l’occasion de
rencontrer à plusieurs reprises en France et en Palestine, est l’un ces
infatigables militants israéliens contre l’occupation.
Avec une extrême pédagogie, il dissèque minutieusement la politique
israélienne et sa propagande. Lui, contrairement à d’autres, ne nous
assène pas des généralités dans le seul but d’étaler une science qu’ils
n’ont pas.
Réflexions suite à une rencontre à Jérusalem, dans les locaux de son association, l’Alternative Information Center.
La thèse ? Israël ne veut pas la paix. Pour cela, il aborde le
processus de paix, la colonisation, et l’éternelle lâcheté de la
« communauté internationale »
Selon lui, il n’y a pas de processus de paix même si pendant un laps très court, une partie des dirigeants israéliens en avait fait le pari. Un laps de temps tellement court que rien n’a pu être enclenché.
Selon lui, il n’y a pas de processus de paix même si pendant un laps très court, une partie des dirigeants israéliens en avait fait le pari. Un laps de temps tellement court que rien n’a pu être enclenché.
Pour être précis, c’était la période 1993-1995, qui a donné lieu à
l’assassinat de Rabin, précisément qu’ il s’apprêtait à commettre
l’irréparable aux yeux des partisans du grand Israël, à savoir œuvrer à
la création de l’Etat palestinien, évacuer les colonies…
Rabin pensait qu’il était nécessaire de mettre fin à l’occupation. Il
a été tué par un colon, ceux-là mêmes qui sont représentés légalement
au sein du Parlement israélien. Quitte à se foutre de la gueule du
monde, autant faire ça bien.
Quand Israël ordonne un gel des colonies, celui-ci doit être « discret ». Traduction : aucun gel et jamais, et nulle part.
Si le processus de paix a toujours été un mythe, le processus de colonisation est lui bien réel.
Un processus de colonisation qu’Ariel Sharon théorise dès les années 70.
Ce projet, il le décline en quatre phases dans une interview parue dans Haaretz en 2003.
Ainsi selon lui La guerre d’indépendance d’Israël n’est pas encore terminée (guerre de création), prise de contrôle de l’espace.
Ainsi selon lui La guerre d’indépendance d’Israël n’est pas encore terminée (guerre de création), prise de contrôle de l’espace.
Il estime ensuite qu’Israël n’a pas et ne doit pas définir ses
frontières, que ces dernières sont là ou « la charrue trace son dernier
sillon », afin de marquer le terrain.
Il ajoute que la paix n’est pas à l’ordre du jour pour les 50
prochaines années années. D’ici là il faut « israéliser », « judaiser »…
Aussi la paix sera possible quand la création de l’Etat palestinien sera, elle, impossible.
Après avoir arpenté le terrain, on voit pas trop bien ce qui pourrait
ressembler à un futur Etat, les colonies sont partout, tels des kystes.
Si l’on prend le cas de ces colonies, elles ne sont jamais installées
au hasard, et visent au moins deux objectifs : casser toute continuité
territoriales en Palestine, et inclure ces colonies dans l’Etat
d’Israël.
Sharon a décidé de faire des territoires palestiniens, des enclaves. Comme à Jenine, Ramallah, Naplouse……
Pour bien être sûr de rendre la vie impossible aux Palestiniens,
Israël a orné la Cisjordanie d’un joli mur de béton de plusieurs mètres
de haut.
Israël ne veut pas de continuité territoriale pour l’Etat palestinien, il lui faut maintenir un lien direct entre Tel Aviv et le Jourdain.
Israël ne veut pas de continuité territoriale pour l’Etat palestinien, il lui faut maintenir un lien direct entre Tel Aviv et le Jourdain.
Le pragmatisme israélien ne cessera jamais de m’étonner. La solution
trouvée et déjà à l’œuvre consiste à assurer une « contiguïté
territoriale à défaut de continuité ».
Aussi, il est dorénavant possible d’aller de Tel Aviv au Jourdain en
« passant sous des villes palestiniennes ». Il existe à cet effet, deux
grands tunnels sous Bethleem et Beit Sahour, deux villes
palestiniennes, contrôlées par l’Autorité palestinienne.
Donc contiguïté, pour esquiver la réalité. Il ne faudrait pas que les
israéliens, notamment constatent de visu les méfaits de la
colonisation, surtout quand on sait qu’elle coûte chaque année des
milliards d’euros aux contribuables de cet Etat colonial.
Comment évoquer ces questions sans pointer l’immense responsabilité des puissances occidentales USA et Europe en tête ?
À défaut d’avoir des couilles, ces pays ont un chéquier et
maintiennent, à coup de dollars, la Palestine en état de respiration
artificielle.
Israël ne peut pas lever le petit doigt sans l’aval de l’Oncle Sam. Un peu comme un gamin de CP qui voudrait aller pisser.
Pourtant, ce statut d’enfant gâté pourrait prendre un coup, tant « la
question de la Palestine et d’Israël ne fait plus la une des
journaux. »
C’est pas tant qu’il ne s’y passe plus rien, la colonisation ne s’est
jamais portée aussi bien. C’est juste que tout le monde s’en tape, sauf
Israël.
Du coup, pour refaire parler d’eux et garder le monopole de la
centralité dans la région, on peut craindre une nouvelle aventure
belliqueuse.
En même temps, faire la guerre et envoyer des soldats au front est
encore ce qu’Israël fait de mieux, ça et faire un gros doigt au reste du
monde.
Gaza, reste une valeur sûre : un peuple désarmé, abandonné de tous, à
portée de chars et de missiles, excellent rapport qualité prix. Et
silence garanti de BHL et ses acolytes.
En poursuivant la construction du mur, la colonisation massive de la
Cisjordanie, le blocus sur Gaza et en faisant le pari de la division des
factions palestiniennes, Israël démontre jour après jour, que s’il y a
bien une chose dont ils ne veulent pas, c’est de la paix et d’un Etat de
Palestine.
Après plusieurs séjours sur place, un constat s’impose : il y a trop
de colons pour qu’un Etat palestinien puisse voir le jour. Et personne
ne parle de les déloger.
Israël parvient pour le moment à maintenir un calme tout relatif, sur la Cisjordanie , mais pour combien de temps encore ?
Madjid
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