jeudi 18 juillet 2013

Comptes de campagne de Sarkozy

Laurent Neumann - Marianne -   

L’invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy par le Conseil Constitutionnel a donné lieu à un véritable festival de bobards et de désinformation.

1 – Les amis de Nicolas Sarkozy affirment que, pour un dépassement de 2 %, leur champion a été puni à 100 %. C’est faux !
L’équipe du candidat a déposé des comptes pour une valeur de 21,3 millions d’euros. Une fois réintégré l’ensemble des frais de campagne oubliés, la facture s’élève à près de 23 millions d’euros. L’insécurité des comptes porte donc sur 1,7 million d’euros. Cent-vingt ans de Smic, une paille ! Et encore les sages n’ont-ils pas intégré la totalité des « sondages de l’Élysée », révélés. En vérité, ils ont condamnés l’absence de sincérité des comptes, le dépassement du plafond de dépenses autorisées et, pour faire bonne mesure, le financement irrégulier. La totale !
2 – Le Conseil aurait rendu « une décision politique ». La même rhétorique que dans l’affaire Bettencourt où l’ancien chef de l’État prétend être la cible d’un « juge rouge ». Cette théorie du « complot » tient évidemment de la fable pour gogos.
Sept des neuf membres du Conseil ont été désignés par l’ancienne majorité. D’ailleurs, pourquoi seraient-ils politiquement neutres quand ils retoquent le projet de taxe à 75 % sur les revenus supérieurs à 1 million d’euros, mais politiquement engagés quand ils invalident les comptes de Sarkozy ? Ajoutons que, depuis les législatives de 2012, ils ont rejeté les comptes de cinq candidats, quatre de gauche et un de droite.
3 – Cette décision participerait d’un acharnement judiciaire contre Nicolas Sarkozy. Encore un conte de fées.
Si les affaires dans lesquelles apparaît le nom de Sarkozy se multiplient, c’est qu’elles ont été étouffées pendant son quinquennat. Qui, en effet, a tout fait pour bloquer le développement judiciaire de l’affaire Bettencourt ? Qui a renoncé à recourir contre l’arbitrage pourtant si souvent favorable à Bernard Tapie et si défavorable à l’État ?
4 – Brice Hortefeux a déploré l’extrême sévérité de la haute juridiction.
Or, quand il était ministre de l’Intérieur, Hortefeux n’avait pas de mots assez durs pour fustiger le laxisme des juges. Quand ces derniers s’attaquent – à juste titre – à Cahuzac ou aux socialistes de Marseille et du Nord, ils sont formidables. Mais, quand ils appliquent la loi à Nicolas Sarkozy, ils sont injustes. De grands républicains comme Hortefeux et Guaino devraient se souvenir que la loi est la loi, que nul n’est censé l’ignorer et qu’elle doit s’appliquer de la même manière aux petites gens et aux puissants. Sauf à avoir une conception à géométrie variable de la justice et de la République.
5 – La décision mettrait l’UMP en danger.
La vérité, c’est que les finances de la PME UMP étaient déjà sacrément plombées avant ! Plus de 50 millions d’euros de dettes ! et pour cause : depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, l’UMP a perdu toutes les élections et Copé a dépensé sans compter.

Pour un ancien ministre du budget qui donne matin, midi et soir au gouvernement des leçons de bonne gestion et affecte de vouloir diriger la France pour en redresser les comptes, ça la fiche mal !

Marianne N° 847 du 13 juillet 2013

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