vendredi 19 juillet 2013

Croissance en berne, corruption en hausse

Woodward et Newton              


Le Baromètre 2013 de la Corruption est catégorique : elle progresse partout et vite, contrairement à la croissance…

 Transparency International dont la présidente, la bien nommée Huguette Labelle, adore rester à la pointe de l’actualité, vient de commettre son dernier rapport. Le Baromètre de la Corruption Globale pour 2013, c’est son nom, est une étude menée auprès de 114 000 personnes dans 107 pays. 

Pour la France, les interviews ont été conduits « on-line » par l’institut BVA qui s’y connaît en sondages d’opinion, sur un échantillon de 1009 personnes. Les résultats franchouillards sont à l’image de qui est observé partout ailleurs.

Coquetterie qui en dit long, ni la France qui s’étripe dans la bonne humeur sur le concept de transparence du patrimoine de son personnel politique et sur la protection qu’il convient d’apporter aux lanceurs d’alerte, ni sa voisine et rivale allemande n’ont souhaité que soit publié le pourcentage des interviewés nationaux ayant déclaré avoir payé au cours des 12 derniers mois, un bakchich à au moins l’une des 8 institutions publiques prodiguant des « services » sociaux à savoir, la santé, le système éducatif, la justice, la police, les parlementaires, les fonctionnaires de compétence générale, les congrégations et associations religieuses, et les organisations non gouvernementales. Une omission de nature à alimenter tous les fantasmes… 
« Globalement »  ce sont tout de même 27% des citoyens du monde qui reconnaissent avoir craché au bassinet pour obtenir une faveur. Les écarts, vertigineux, ôtent un peu au sérieux de la démonstration : 1% des danois, des finnois et des australiens, 3% des norvégiens contre 47% des sud-africains et 84% des habitants de Sierra Leone – le record - ont déclaré avoir pratiqué la petite enveloppe pour arriver à leur fin… 
Plus surprenants les scores observés au Japon (1%) en Espagne et au Portugal (3%) où la crise fait rage et les révélations sont quasi quotidiennes sur l’ampleur du phénomène, en Croatie (4%) voire en Bulgarie (8%) laissent planer quelques doutes sur la composition des échantillons ou la sincérité des réponses.

L'Indolence britannique

 Ce qui est sûr en revanche, c’est que dans 51 pays du monde, ce sont les partis politiques qui sont perçus comme les institutions les plus corrompues, alors que dans 36 autres c’est la police. 

Les recherches menées dans 17 pays du G20 révèlent que les interviewés estiment pour 59% d’entre eux que les gouvernements ne font pas du très bon travail en matière de lutte contre la corruption. Le contraire eut été troublant. Sans que l’on puisse y voir un quelconque rapport avec le fait que la Grande Bretagne est sans doute la tête de pont européenne du bankstérisme débridé venu d’outre atlantique, le nombre des sujets de sa très gracieuse majesté ayant déclaré avoir versé au moins un bakchich au cours de l’année écoulée, a été multiplié par 5 depuis 2010. 
Comme le déclare d’ailleurs avec un zeste d’humour british le directeur de Transparency UK, « La Grande Bretagne s’est montrée trop indolente envers la corruption. Elle doit accepter le fait qu’il existe un problème ici au lieu de prétendre qu’il s’agit seulement d’un mal qui sévit à l’étranger… ».

Le modèle français carbure

Quant à la perception du degré de corruption des institutions, le « modèle français » est assez éloquent. Pour les 1009 personnes interrogées par BVA, au moyen d’un score compris entre 1 (pas corrompu) et 5 (pourri jusqu’à la moelle) nos concitoyens voient les choses de manière assez radicale : 
en tête d’affiche, viennent de manière inquiétante les partis politiques (4,0) suivi du secteur privé des affaires (3,7) des médias (3,6) des parlementaires (3,5) des fonctionnaires généraux (3,4) des policiers (3,3) des magistrats (3,0) des institutions religieuses et des organisations non gouvernementales (2,8) ; ferment la marche les militaires (2,5) considérés comme légèrement plus corrompus dans l’ensemble, que les fonctionnaires de l’éducation nationale (2,3) qui sont les seuls à être du bon côté de la médiane.

C’est à ce genre de détail qu’on comprend la provocation grossière et irresponsable à laquelle se sont livrés les fondateurs d’un site d’information en ligne en le baptisant Bakchich


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