Avic

Il ne
peut y avoir négociations qu’avec et par l’intermédiaire d’un président
américain. Et Chaque président se doit d’avoir ses négociations à lui. Ce n’est
pas seulement une question de prestige, c’est presque un devoir sacré devenu
routine. S’il y a deux choses qu’un président américain doit avoir fait avant de
se retirer c’est d’avoir bombardé au moins un pays et avoir fait dialoguer
israéliens et palestiniens. Le dialogue terminé, il peut partir l’âme en paix, à
défaut de l’avoir obtenue entre les deux protagonistes. Son successeur reprendra
tout à zéro quand son tour sera venu, et le cycle recommence.
Ils sont donc toujours trois à participer à ces négociations dites de paix.
Ils sont aussi trois à savoir qu’elles ne mèneront à rien. Ils savent que c’est
du cinéma, mais ils joueront leurs rôles le plus sérieusement du monde. Ils le
feront parce qu’il y a tout de même des enjeux, même s’ils sont très éloignés
des objectifs avoués. Après la mascarade des pourparlers, tous en sortiront
gagnants, mais la Palestine restera toujours occupée, Gaza sera toujours
bombardée avant chaque investiture présidentielle américaine, et les colonies
continueront à se développer, pendant que l’Europe enverra Mme Ashton à Tel-Aviv
pour demander quelle est la conduite à tenir à chaque évènement concernant la
région.
Que gagneront nos trois larrons ?
Obama a déjà été payé. Il a à rembourser une grosse dette qui, par ses faits
de guerre, s’est alourdie au point de ressembler à la dette américaine. Cette
dette, c’est ce prix Nobel de la paix qu’on lui a octroyé à peine élu. Un beau
piège, finalement. Un président américain a toujours une guerre en cours ou en
prévision ici ou là. Lui coller un prix Nobel de la paix, c’est lui lier les
mains, l’empêcher de faire son job de président des Etats-Unis. Obama a quand
même fait son boulot comme si de rien était. Mais pour que ce prix Nobel
encombrant ne devienne pas une imposture historique, l’étape obligée du
‘’processus de paix’’ israélo-palestinien tombe à pic. Pour les vieillards
d’Oslo, une rencontre entre un dirigeant palestinien et un dirigeant israélien
vaut, à elle seule, au minimum dix prix Nobel. Obama sera donc cet homme de paix
qui réussira à arracher, au forceps, la promesse (seulement la promesse) à
Netanyahou de ne pas construire plus de 100 logements supplémentaires en
territoire palestinien d’ici Décembre.
Netanyahou, par la seule tenue des négociations, a déjà gagné. Un faucon
cherche-t-il à dialoguer ? Un belliqueux va-t’en guerre discute-t-il avec
l’ennemi ? Voilà déjà de quoi édulcorer, sinon changer, son image. De plus, il
connait par cœur ce que veulent ceux d’en face. Il lui suffit, pour bloquer les
négociations dès les premières minutes, d’arriver avec des propositions qu’ils
ne peuvent ni personnellement, ni politiquement accepter. À supposer que
Netanyahou ait vraiment envie de mener de vrais négociations en vue de la paix
(ce qui serait quand même étonnant), il n’a aucun moyen, ni lui, ni aucun homme
politique aujourd’hui en Israël, d’accéder aux demandes du peuple palestinien
pourtant simples.
Citons-en deux.
Disparition de ces enclaves que sont les
colonies qui font ressembler la Palestine à du gruyère. Techniquement
Netanyahou n’a pas les moyens de s’y attaquer, et économiquement Israël n’a pas
la capacité de le supporter.
L’autre exemple concerne le retour des réfugiés ou
leurs descendants. L’accepter signifie, dans un premier temps, dire adieu à la
notion d’état juif et, dans un deuxième temps, la mort du sionisme dans cette
partie du monde. Ce que les promoteurs du sionisme, dans leurs bureaux à
New-York ou Londres, n’accepteront jamais.
Et justement, ces promoteurs qui sont les principaux intéressés par ces
négociations, y sont absents. Physiquement seulement. Mais leur ombre est
omniprésente. Si Netanyahou joue bien son rôle, son avenir politique sera
assuré, et les dollars pleuvront sur Israël.
Et Mahmoud Abbas ?
Puisqu’il est dit qu’il y aura dialogue, il faudra un
interlocuteur. Ce sera donc lui. Il n’est là d’ailleurs que pour être
interlocuteur en cas de besoin. Après les pourparlers, on le rangera au placard
en attendant la future séance. Aucune de ses revendications n’aboutira et il le
sait, il connait trop son monde. Il sait aussi que son protagoniste va essayer
de le tourner en bourrique. Mais qu’à cela ne tienne. Ces pourparlers, malgré
tout, assoiront un peu plus l’image de la Palestine du point de vue diplomatique
et politique. C’est peu et beaucoup à la fois. Pour lui et son parti, ces
négociations renforceront encore un peu plus une légitimation de représentants
du peuple palestinien qui ne repose sur rien. Les pourparlers pourront même
repousser d’éventuelles élections aux calendes grecques. Là aussi, il est
primordial de bien jouer son rôle, sans couacs. Si tout se passe bien, c’est,
comme pour Israël, une pluie de dollars et aussi d’euros qui pleuvra sur la
Palestine. Par ces euros, les européens auront l’impression d’avoir participé et
d’avoir encouragé la paix, tout en satisfaisant leurs grands sentiments humains
mis à mal par les raids israéliens sur Gaza.
Puisque seule la cause palestinienne (comme d’habitude) n’y gagne rien,
pourquoi avoir entamé les négociations si tard ?
Pour Obama, ça n’a pas dû être
simple. Les printemps arabes qui n’en finissent pas, les positions russes et
chinoises qui compliquent l’équation, l’attentat de Benghazi et, surtout, ce
maudit Bachar Al Assad qui a tout fait capoter. S’il était parti tout de suite,
comme cela avait été prévu, les choses auraient été plus faciles. On y aurait vu
beaucoup plus clair dans le nouveau paysage qui se serait dessiné. Il aurait
même été possible de trouver des solutions qui satisfassent tout le monde :
Israël, les Palestiniens, les colons et même les réfugiés. Mais avec
l’entêtement des russes et des chinois, deux ans après Assad est toujours là,
malgré les rappels incessants de ‘’Bachar Al Assad doit partir’’. Deux ans de
perdu. On ne peut plus attendre. Il faut s’entendre avec les Russes, peut-être
même les Iraniens (horreur !), car le temps passe vite. Une négociation à
minima vaut mieux que pas de négociation du tout.
Il ne sera pas dit que Barak Hussein Obama, prix Nobel de la Paix, n’aura pas
rajouté son nom dans la longue liste des négociateurs de paix au Proche
Orient.
Avic
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