mercredi 25 septembre 2013

FN : comprendre pour mieux combattre

Clémentine Autain    

Les médias ont à l’évidence préféré l’université d’été du Front national à la Fête de l’Humanité. Si l’extrême droite a bel et bien le vent en poupe en France et en Europe, les médias sont-ils obligés d’en faire autant ?

Dimanche dernier, Le Parisien et le JDD affichaient Marine Le Pen à leur Une. Sur BFM TV, les sujets présentant tous ces jeunes dirigeants d’extrême droite sur le pied de guerre, à l’assaut des municipalités, ont révélé une ambiance de publireportage inattendue.
Et quand cette même chaîne d’info a présenté les résultats d’un sondage sur les élections municipales, les militants ou sympathisants du Front de gauche ont pu s’étrangler. Seules quatre formations politiques avaient droit à la présentation de leurs résultats : FN, UMP, PS et… Verts, à 4 %. Après quelques recherches, on trouvera que, dans ce même sondage, le front de gauche atteint les 10 % d’intention de vote. Une percée passée inaperçue dans les médias tout occupés à commenter l’essor du FN, réel mais n’atteignant pas la performance de la présidentielle.
Les journaux, les télés, les radios font désormais leur miel avec le FN, imaginant ou constatant que cela fait vendre. La banalisation du FN semble achevée.
Un sondage IFOP n’indiquait-il pas récemment que 34 % des Français se disent proches des idées du FN, et même 39 % des ouvriers et des employés ?
Le danger de l’extrême droite n’est plus une menace mais une réalité qui s’installe.
Si l’ostracisme à l’égard du FN, longtemps pratiqué par les médias, n’a pas porté ses fruits, comme nous l’avons vu un certain 21 avril, la banalisation de l’extrême droite pose aujourd’hui de sérieux problèmes. En effet, celle-ci n’arrête pas l’irrésistible ascension de Marine Le Pen. En outre, les digues qui tombent
progressivement entre l’UMP et le FN n’augurent rien de bon.
Au total, la contestation de l’extrême droite doit être repensée et musclée. Pour cela, nous devons comprendre ce qui fait la spécificité du FN, son ancrage dans la durée contrairement au “boulangisme” ou au “poujadisme”, sa volonté nouvelle de participer aux affaires, de s’inscrire dans le cadre du système démocratique. Nous devons comprendre ce qui se trame à l’échelle européenne car, aux quatre coins de l’Union, l’extrême droite progresse. Nous devons analyser plus finement les ressorts profonds de cette progression dans les consciences et les votes pour mieux les combattre.

“No pasaràn !” (1), disaient les Espagnols dans les années 1930. Le slogan a passé les frontières et se brandit aujourd’hui contre l’extrême droite, quel que soit son nouveau visage. No pasaràn ? La preuve du pudding, c’est qu’on le mange.

Clémentine Autain

Cerises

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