tgb
Enfin la parole porcine se libère, enfin l’intelligence intestine, opprimée par la pensée unique, s’exonère, enfin l’instinctive diarrhée verbale exprime ses relents raffinés et se répand sur l’infâme carcan du politiquement correct.
La dialectique par l’invective et l’obscénité.
Merci aux briseurs de tabous, aux courageux francs tireurs qui osèrent, au péril de leurs multichroniques sur les multimédias, faire sauter les verrous de l’odieuse bienpensance.
Merci aux pourfendeurs du laxisme angélique et du bobo-gauchisme oppressant qui sournoisement nous empêchaient de nous débraguetter et de mettre nos chaussettes sales sur la table.
Merci de réveiller l’inspecteur Harris qui sommeillait en chaque pochtron
Merci d’autoriser enfin la liberté reptilienne de penser ses instincts.
Merci pour cette grande émancipation par le tube digestif
Pour cet exutoire anal par les sphincters de la tête.
C’est le grand défouloir du refoulé, le grand déversoir du frustré, l’exorcisme national par la rhétorique primale de l’analphabète en rut : la psychanalyse du beauf abruti, par l’éructation du concept flatulent.
Enfin, les jolis mots de nègre, bougnoule, youpin, vont avoir droit de citer, enfin sommes-nous autorisés à exterminer à notre convenance le voleur de poules, enfin pouvons-nous lyncher la racaille sur la place publique, éradiquer la vermine basanée, violer la salope de voisine qui n’attend que ça !
Exister un peu quoi !
Que nous encombrions-nous de justice, alors que la vengeance est si compétitive.
Que tels nos alliés Saoudiens, il suffit de couper la main du voleur, crever l’œil du voyeur, couper la langue du maraudeur, pour que tout rentre dans l’ordre.
Certes il faudra déplorer quelques légers dommages collatéraux : le carton sur le gamin qui rentre un peu tard, la balle perdue dans la tronche de la petite dame sur le trottoir d’en face, le pendu à la branche qui s’avèrera, confus mais un peu tard… n’y être pour rien.
Mais peccadilles, face à cette sublime avancée de notre civilisation occidentale qu’est l’expression haineuse de nos pathologies mentales, l’accomplissement de nos frustes aigreurs, le triomphe de la connerie et de la colère mal placée.
À force de servir de paillasson aux puissants, quel plaisir alors de s’essuyer les pieds sur les faibles et d’ainsi reporter lâchement nos propres humiliations et nos inexistences.
Que cent milices fleurissent dans leurs accoutrements et alors, y trouverai–je ma place et mon rôle et ma reconnaissance.
Du haut de leurs milliards, le 0,1% de l’oligarchie nous contemple et se marre, à nous voir, fiers de cette liberté chèrement acquise : le droit absolu de penser comme des porcs.
tgb
rue-affre


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