Marie Delarue

Voyant approcher la réunion du groupe P5+1 (les membres permanents du Conseil
de sécurité et l’Allemagne) prévue à Genève pour les 15 et 16 octobre prochain,
le Premier ministre israélien s’est lancé dans une campagne de presse
incendiaire contre le nouveau régime de Téhéran. Multipliant les propos
belliqueux et les mises en garde sur l’apocalypse qui, assure-t-il, ne va pas
manquer de se produire, il enchaîne les entretiens avec la presse européenne,
dont le journal Le Monde auquel il s’est confié le 10 octobre.
Après l’élection du nouveau président Hassan Rohani, il semble que l’Occident
s’achemine vers une détente de ses relations avec l’Iran, ce dont Netanyahou
semble ne vouloir à aucun prix. « J’espère que les Américains et les
Européens vont s’en tenir aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations
unies », dit-il, ce qui pourrait prêter à sourire quand on considère la
manière dont le même Netanyahou respecte les résolutions du Conseil de sécurité
concernant Israël : il les piétine sitôt signées !
Benyamin Netanyahou l’affirme et le martèle : l’Iran n’a pas besoin du
nucléaire civil, « en soi, c’est déjà une demande bizarre »,
assure-t-il. Son seul objectif est de se doter – en masse – de l’arme nucléaire,
cela dans le but de rayer de la carte 1) Israël, 2) les États-Unis, 3)
l’Occident tout entier : « Nous sommes la première cible, mais pas la seule.
Ils n’essaient pas de développer une ou deux bombes nucléaires dont ils pensent
que ce serait suffisant pour Israël, leur programme et leurs infrastructures
sont conçus pour développer 200 bombes nucléaires en une décennie ! Sans compter
qu’ils n’ont pas seulement des missiles pour atteindre Israël, mais pour vous
atteindre vous, les Européens ! » D’où le Premier ministre israélien
s’autorise cette menace non voilée : « Tout ce que je dis, c’est qu’Israël
ne permettra pas à l’Iran d’obtenir une capacité nucléaire militaire,
point. »
Reste à savoir si ce que Le Monde appelle un « blitzkrieg de
communication » aura sur les prochaines négociations l’effet que Netanyahou
en attend. Rien n’est moins sûr, d’autant que le cerveau fou, dans l’affaire,
n’a pas l’air du côté du turban. Que penser, en effet, d’une phrase comme
celle-ci : « L’Iran n’est pas l’un de ces pays avec des intérêts dont nous
devons tenir compte » ?
Faut-il rappeler qu’Israël est, avec l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord,
l’un des quatre pays à disposer de l’arme nucléaire sans avoir signé le traité
de non-prolifération ? Rappeler aussi que son arsenal en la matière est estimé
entre 80 et 400 ogives nucléaires transportables par tout moyen (air, terre,
mer), et que sa production est évaluée entre 10 et 15 nouvelles bombes chaque
année ? Faut-il rappeler enfin – actualité du Nobel oblige – qu’Israël n’a
jamais, non plus, ratifié la convention sur la destruction des armes chimiques ?
Et redisons-le : depuis 1967, l’État d’Israël n’a respecté aucune des
résolutions du Conseil de sécurité le concernant, les violant sitôt signées.
Bref, si Benyamin Netanyahou veut être entendu, qu’il commence par balayer
devant son kibboutz.
Boulevard Voltaire
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