
Passé le tumulte éphémère de l’attention médiatique la plus ardente, ils ne
suscitent chez les gens qu’une indifférence parfois mêlée de tendresse : le
peuple est passé à autre chose.
Tel fut le destin de la catastrophe de Fukushima, sujet sans concurrent voilà
deux ans, aujourd’hui relégué à ces grands moments d’inquiétude collective qui
jonchent l’histoire et savent si bien fédérer les peuples dans un élan commun
d’affolement déchaîné.
Est-ce la lassitude d’une cause qui n’a pas eu le génie de se réinventer ou
simplement l’extinction prévisible d’une vigilance qui n’a plus lieu d’être ?
Est-ce peut-être la censure d’un gouvernement japonais qui fit jadis passer une
loi visant à interdire dans le pays la diffusion des « mauvaises
nouvelles » concernant le sort de la centrale ?
Toujours est-il que ces dernières ne manquent pas si on les cherche là où
elles se trouvent, et nous aurions apparemment toutes les raisons de nous
inquiéter aujourd’hui.
Outre l’augmentation du taux de mortalité des vieillards japonais dont la
longévité n’était un secret pour personne, le développement de cancers
infantiles, l’estimation de 14.000 décès aux États-Unis imputables à Fukushima,
l’abondance d’études inquiétantes ou de constats malheureux, et quelques tristes
anecdotes (souvenez-vous des poissons contaminés jusque sur les côtes
californiennes…), Fukushima serait loin d’avoir livré ses fruits les plus
monstrueux.
Un article publié sur Médiapart ce 7 octobre, et dont le titre
(« Le moment le plus dangereux pour l’humanité depuis la crise des missiles
cubains ») est doublé d’un argumentaire solide pour la novice que je suis,
annonce même qu’il ne nous reste que deux mois « tout au plus » pour
agir.
Il fut suivi d’un papier du Monde qui nous apprit le 10 octobre que
les niveaux de radiation de l’eau de mer relevés par TEPCO il y a quelques jours
étaient les plus hauts depuis la catastrophe.
L’ancien ambassadeur Mitsuhei Murata admettait lui-même en août que
l’accident nucléaire était « encore plus grave » que ce qu’ils
pensaient tous à l’époque, et que des rejets à grande échelle de Fukushima
« détruiraient l’environnement mondial et notre civilisation ».
« Ce n’est pas compliqué, ça dépasse tout débat sur les centrales
nucléaires. C’est un problème de survie humaine », a-t-il ajouté.
Je ne sais pas ce qu’il en est de votre côté, mais moi, je suis inquiète. Je
le suis d’autant plus que nos médias traditionnels n’en parlent pas et que,
allez savoir pourquoi, j’ai pour leurs silences comme pour leurs épanchements la
méfiance la plus vive et la plus craintive.
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