dimanche 6 octobre 2013

La Cour Suprême israélienne : “le peuple israélien n’existe pas”

Europalestine               


Oui, vous avez bien lu ci-dessus le titre de cet article. Il rend compte du nouvel échec subi par un homme âgé aujourd’hui de 90 ans, qui refuse d’être recensé comme « Juif », et veut être reconnu par l’Etat d’Israël pour ce qu’il est, c’est-à-dire un Israélien.

Le demandeur s’appelle Uzzi Ornan, professeur de linguistique retraité, militant –et même milicien- sioniste de la première heure, même si ses opinions politiques ont évolué –dans le bon sens, heureusement- au fil des décennies.
Né à Jérusalem en 1923, le jeune Ornan avait en effet adhéré à la milice de l’extrême-droite sioniste Irgoun au début des années 1940, avant d’être expulsé en 1944 vers l’Erythrée (Afrique orientale) par la Grande-Bretagne, puissance mandataire de la Palestine.

En 1948, à la création de l’Etat d’Israël, Ornan revient dans son pays. Lors du premier recensement de la population, son refus d’être enregistré comme « Juif », étant donné qu’il n’a pas de religion, est accepté par les autorités. Il se déclare « Hébreu » de nationalité, ce qui est accepté, et laisse en blanc la rubrique « religion » du formulaire.
Mais quelques années plus tard, le gouvernement israélien durcit sa nomenclature raciste, et décide qu’un habitant, dès lors qu’il est d’origine juive (né « de mère juive ») et qu’il ne s’est pas converti à une autre confession, sera invariablement considéré par l’Etat comme étant tout à la fois « Juif » de nationalité, et « Juif » de religion !
Parallèlement, les citoyens Palestiniens Israéliens sont invariablement estampillés « Arabes » de nationalité et « Chrétien » ou « Musulman » de religion, même quand ils sont athées.
Une poignée d’Israéliens, dont Ornan, se battent depuis des années pour être reconnus pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des « Israéliens » point barre. Cette évidence est confortée par le droit, ajoutent-ils, citant la charte fondatrice d’Israël (la « Déclaration d’Indépendance » du 14 mai 1948) qui promettait que le nouvel Etat « serait celui de tous ses citoyens, sans distinction de race, d’ethnie ou de religion ».
Promesse foulée au pied dès le premier jour, comme on le sait, puisqu’au moment même où Ben Gourion lisait sa « Déclaration d’Indépendance », son armée expulsait, dans le sang, des centaines de milliers de citoyens palestiniens de leur terre natale.
Ornan et ses co-pétitionnaires avaient déjà subi un revers en 2012, devant un tribunal de Haifa.
Dans son arrêt, la Cour de Haifa avait affirmé son racisme à connotation religieuse, stipulant que Ornan étant né « de mère incontestablement juive », il ne pouvait être que « Juif » en termes de nationalité (en hébreu, « le’om ») et de religion.
Hier mercredi, rapporte le Haaretz, la Cour Suprême a confirmé le jugement de Haifa. Elle est même allée plus loin encore dans l’absurdité. « On nous demande de reconnaître que dans l’Etat d’Israël, une nouvelle appartenance nationale, commune à tous ses résidents, des ‘Israéliens’, a vu le jour. Rien ne le prouve », osent ainsi écrire les magistrats.

Pas vraiment surpris par l’arrêt de la Cour Suprême, Ornan a commenté, quelque peu désabusé : « Cette décision confirme que la majorité juive entend bien conserver le contrôle absolu du pays, qu’elle gère non pas pour le bien de l’ensemble des citoyens israéliens, mais pour son propre bénéfice ».

Source : article de Haaretz du 3 octobre 2013 http://www.haaretz.com/news/national/.premium-1.550241

Photo :  Uzzi Ornan exhibant sa carté d’identité le définissant comme « Juif »

CAPJPO-EuroPalestine

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