Il n’y a rien à comprendre des oiseaux.
Hier, pendant que les feuilles tournaient à l’orange, au rouge,
s’épuisaient à ne plus boire de soleil, les oiseaux piaillaient comme
s’ils parlaient entre eux de la Vie.
Il y a les philosophes trafiquées par les
universités, langage châtiés, vocabulaire, analyse, etc. , tentent en
vain d’expliquer. L’important est d’expliquer. Toujours expliquer.
Il n’y a plus rien pour la réalité.
Nous sommes une espèce en danger de fondre dans le chrome, dans les
lettres toute enfilées dans les machines. Électro-chocs perpétuels.
L’amour en guerre contre la plasticité humaine d’une machine acidifiée.
***
Et ce matin, j’étais à genoux sur la
terre encore frileuse d’octobre. J’ai besoin de me mettre à genoux, de
voir tout ce que je voyais enfant, et de ce grand TOUT qu’on m’a
javellisé. J’étais là, bien las… Regardant les morceaux de bois
pourrissant, les amas de terre, la petite fleur qui résiste au froid. Et
là, prêt à tondre la "pelouse", j’ai bien vu qu’il y avait plus de
fleurs que d’habitude. Mais les bourdons, les abeilles les couraient,
s’y posaient, repartaient. J’ai attendu avant de leur enlever leur
nourriture. J’ai reporté la tonte à plus tard. Et je regrettais la
partie riche du terrain, en friche, mais riche.
Les oiseaux piaillaient, les boudons
dansaient, et quand les oiseaux cessèrent de parler, ils prirent leurs
plumes et picotèrent le ciel en un nuage mouvant et agité.
Je me suis dit que bien des livres
étaient enfermés dans les silences. Bien des musiques dans les
froissements des dernières feuilles.
À "l’autre bout du monde", on parle
d’économie, de guerres, de viols, de marchandisations. Mais le grand
viol est de voir en chaque brin d’herbe une valeur marchande.
L’Homme est malade ! Gravement malade. Un furoncle sur une boule bleue. Un cancer pour la Vie.
Alors, il vaut peut-être mieux suivre la
voie de l’oiseau. Mais eux aussi se chamaillent parfois. Mais ils ne
semblent pas avoir d’organisation de "chamailles". Ils ont des
différends… C’est tout. Cela fait partie des chamailleurs inscrits dans
la Vie.
La plus belle réussite personnelle est
sans doute de se rappeler d’où nous venons. De sortir de la grande
torpeur de l’hypnotisme des foules. Les arbres vieillissent et meurent.
Les feuilles se suicident en se laissant tomber de l’arbre. Nous savons
si peu vivre. Si peu. Si peu que nous voilà probablement enfermés,
l’esprit emprisonné lentement dans tous les gadgets électroniques, y
compris l’internet.
Mais avant tout dans l’ego : la feuille ne
veut plus être un arbre. Et toutes les feuilles savantes veulent
devenir le tronc. Et c’est ainsi que la vie est devenue sans demeure
réelle, mais une mort lente. Car craindre de mourir est la peur
incrustée de l’ego et de l’habile intellectuel sachant jouer du
neurone.
Qui sait, si au fond, non seulement nous
allons mourir – c’est une certitude -, mais nous sommes en train de
créer une "non-vie", emprisonnés dans le virtuel, l’ego dénouant la
chaîne de la Vie dont nous faisons simplement partie.
Mourir de ne pas être ici, c’est mourir de n’avoir pas parcouru la beauté du temple bleu.
Gaëtan Pelletier -11 octobre 2013 -
Image: Cédric Le Borgne
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