Ahmed Halfaoui
"Nous avons gagné cette guerre" a dit le président français, François Hollande,
lors de l’investiture du nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). À sa décharge, on peut dire qu’on gagne les guerres qu’on peut et, quand on y
arrive, on peut se permettre de le dire haut et fort, tant cela réconforte un
ego particulièrement éprouvé, après avoir été cavalièrement éconduit malgré ses
assiduités par le président des Etats-Unis, à propos de la Syrie.
De plus, là, il est le seul des dirigeants atlantistes à parader. Pourquoi
n’en aurait-il pas profité. Surtout quand ce gain a une signification beaucoup
plus large que la débandade de quelques bandes de desperados. Car désormais, il
est le maître des lieux et ne s’empêche pas de le dire. "Nous conserverons ici
les effectifs nécessaires, mais surtout autour du Mali, pour aider les forces
africaines à juguler toute menace". Que pouvait-il espérer de plus que cette
perspective d’un possible retour triomphal, sous sa houlette, de la Françafrique
sur des terres qui lui sont disputées et qui semblent devoir lui revenir.
Désormais, c’est sous légalité internationale et satisfecit des autorités
maliennes que les troupes françaises sont à demeure, pour garantir que rien ne
se fera qui soit contraire aux intérêts bien compris de la puissance tutélaire
par la grâce d’une "libération" du Mali du "péril terroriste". Derrière, il y a
une "aide" économique qui va suivre et marquer les "bonnes intentions" exprimées
avant, pendant et après l’intervention militaire.
Jusqu’ici, même le peuple malien a l’air de manifester de la reconnaissance.
Tout va donc pour le mieux. Jusqu’à quand, nul ne sait pour la durée. Mais il
est certain que tôt ou tard, il faudra que les choses soient remises à plat.
Après que, encore fois, il soit goûté aux bienfaits de ce type de mansuétude qui
fera tout pour qu’en matière de développement il sera uniquement question de
celui des multinationales, qui sont d’ores et déjà prêtes à pomper les richesses
qui s’offrent à elles.
Sur un autre plan, toujours en termes de retour du Mali dans le giron de la
France, c’est la présence très remarquée et très significative de Mohamed VI,
venu dans les bagages du président français lui aussi fêter la "victoire". Cela
ne pouvait pas ne pas se produire. Le Makhzen est un incontournable symbole de
l’influence hexagonale, dans la région, et un modèle d’allégeance sans borne au
fait colonial. Pour la galerie, il serait venu apporter son assistance au
gouvernement malien. Et il l’a apportée. Enfin, celle qu’il a pu, sachant le
sort économique et social qui est réservé aux populations marocaine et
sahraouie. Le royaume va former 500 imams maliens et installer un "hôpital
temporaire de campagne", à Bamako, où des médecins marocains vont soigner
gratuitement "tous ceux qui le souhaiteront".
La satisfaction du roi a été
d’avoir été gratifiée de la non-invitation du président du Front Polisario,
premier pas supposé vers le retrait de la reconnaissance malienne de la
république sahraouie, sous les prescriptions évidentes de François Hollande. En
attendant d’autres modifications dans la gestion des positions maliennes.
Avic
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