Gilles Devers

Une
fois la loi votée, le 23 avril, le ministère avait publié une
circulaire, le 29 mai 2013, pour souligner que ces conventions
internationales devaient être respectées. Ah, ah...
Alors,
que vaut une circulaire ? Pas grand-chose… On passe son temps à le
répéter, et en voici un bel exemple. Mais l’obstacle de ces conventions,
lui, ne sera pas si simple à franchir.
L’affaire
se jouait à Chambéry, avec la demande de mariage d’un Français et d’un
Marocain. Dominique et Mohamed avaient fait les formalités, mais le
procureur de la République a tout bloqué par une opposition à mariage.
Là, c’est l’effet, le seul, de la circulaire : les consignes données par
le ministère s’imposent par voie hiérarchique, et le Parquet étant sous
l’autorité du garde des Sceaux, le procureur a appliqué la circulaire.
Les
futurs époux ont alors formé un recours devant le tribunal de grande
instance, et la, patatras… le tribunal a écarté et la loi, et la
convention franco-marocaine.
Pour
le tribunal de Chambéry, depuis la publication de la loi, « deux
personnes de même sexe peuvent contracter mariage lorsque, pour au moins
l'une d'elles, soit sa loi personnelle, soit la loi de l'Etat sur le
territoire duquel elle a son domicile le permet ». Alors, la convention
n’a pas disparu, mais ses dispositions ne peuvent pas être appliquées en
droit interne si elles heurtent « l’ordre public international
français ». En clair, le droit interne accepte de prendre en compte des
dispositions de régimes juridiques étrangers, à condition de ne pas
remettre en cause le cœur du système, ce fameux « ordre public
international français »,... dont vous vous doutez bien que le contenu
et les limites sont toujours l’objet de débats délicats.
Le
tribunal a constaté que la loi avait posé un principe clair, sans
exception, et que les exceptions prévues par une circulaire pouvaient
circuler. La loi a donc « implicitement mais nécessairement modifié
l'ordre public international français » et cela « justifie l'éviction de
l'article 5 de la convention franco-marocaine ». Sous-entendu, le
tribunal applique la loi, et il aurait statué différemment si la loi -
toute orientée vers l'égalité - avait fait référence à ces conventions.
Le
parquet peut faire appel, et on devait le savoir aujourd’hui. Le débat
reste assez ouvert car ces conventions sont globalement appliquées.
Elles ont une force supérieure à la loi, sous réserve de l'appréciation de
cet « ordre public international français », et pour ce faire, il faut
aussi tenir compte d’autres textes internationaux, dont la Convention
européenne de sauvegarde des droits de l’homme, qui interdit toute forme
de discrimination. Pas simple…
Alors, appel ou pas appel ?
En
toute logique, le parquet devait faire appel. S’abstenir, ce serait
dire que la circulaire ministérielle ne vaut plus rien… et cet abandon
en rase campagne serait de nature à fâcher les Etats en cause. Et puis,
tôt ou tard, le problème réapparaîtra, alors il serait préférable que
les recours soient formés, et bien sûr jusque devant la Cour de
cassation, voire la Cour eulérienne des Droits de l’Homme.
L’autre
solution, la plus nette, serait que le ministère des affaires
étrangères prennent attache avec tous ces pays amis, pour leur expliquer
que le mariage pour tous,... c’est pour tous !
Mais c’est bizarre,
notre Fafa qui, il y a quelques jours, voulait partir en guerre contre le
méchant dictateur, je le sens soudain un peu mou du genou pour ces
histoires de cœur…
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