Dans un petit livre percutant, La Richesse cachée des
nations (Editions Le Seuil-La République des idées) l’économiste Gabriel
Zucman dresse l’état des lieux glaçant de la domination des paradis fiscaux sur
l’économie mondiale.
L’économiste, âgé de seulement 27 ans, est en train de
s’imposer comme l’une des références dans l’étude des paradis fiscaux et de
leurs conséquences néfastes pour l’économie mondiale.
Son analyse est sans pitié :
« Il n’y a jamais eu autant d’argent qu’en 2013 dans les paradis
fiscaux, explique-t-il à Mediapart. Selon mes calculs, 8 % du patrimoine
financier mondial des ménages y est logé, et échappe à tout impôt.
Soit une fortune de 5 800 milliards d’euros, dont 350 milliards
appartenant à des Français.
C’est 25 % de plus qu’en avril 2009, quand le G20 de Londres avait annoncé
la “fin du secret bancaire”. »
Selon lui, la fraude permise par le secret bancaire représente 130 milliards
d’euros de perte d’impôts au niveau mondial, dont 17 milliards rien que pour la
France. À court terme, il estime que l’Hexagone pourrait récupérer 10
milliards d’euros par an s’il luttait de façon efficace contre la
fraude.
Et sans l’évasion fiscale, la dette publique française ne s’élèverait pas à
95 % du PIB, mais à 70 %.
Le livre insiste fortement sur la place incontournable du trio Suisse
– îles Vierges britanniques – Luxembourg dans l’organisation de
l’évasion fiscale mondiale. Tout en haut de la pyramide, la Confédération
helvétique, qui gère 1 800 milliards d’euros de fortunes étrangères, dont 1 000
milliards de fonds appartenant à des Européens. « C’est l’équivalent de 6 %
du patrimoine financier des ménages de l’Union européenne, son plus haut niveau
historique », souligne Gabriel Zucman.
L’argent est déposé directement en Suisse ou dans les filiales de ses banques
nationales à Hong Kong, Singapour, Jersey ou autres. L’argent est ensuite
investi aux deux tiers dans des fonds de placement, dont beaucoup sont hébergés
au Luxembourg : au total, un tiers des fortunes gérées en Suisse sont
investies dans des fonds d’investissements luxembourgeois (non taxés
par le Grand-Duché).
Un état de fait reconnu tout récemment par l’OCDE, qui a désigné pour la
première fois le Luxembourg comme un paradis fiscal.
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