dimanche 15 décembre 2013

Fukushima : le nouveau «fascisme» japonais

Harvey Wassermann                   

Fukushima continue de cracher des radiations. Les quantités semblent être en hausse, de même que les impacts.

Le site a été infiltré par le crime organisé. Il y a des signes terribles de catastrophe écologique dans le Pacifique et d’impacts sur la santé humaine aux États-Unis
Mais au Japon, une nouvelle Loi sur les Secrets d’État fait qu’un tel discours devient passible de dix ans de prison.
Taro Yamamoto, un législateur japonais, dit que la loi "représente un coup d’Etat" conduisant à "la recréation d’un Etat fasciste." Le puissant journal Asahi Shimbun la compare aux lois «conspirationnistes» adoptées par le Japon totalitaire dans le cadre des préparatifs de Pearl Harbor, et avertit qu’elle pourrait mettre fin aux reportages indépendants sur Fukushima.
Le Premier ministre Shinzo Abe a orienté le Japon dans une direction de plus en plus militariste. Les tensions ont augmenté avec la Chine. Les manifestations massives ont été abandonnées avec des discours de «trahison».
Mais c’est Fukushima qui pèse le plus lourdement sur la nation et sur le monde.
Tokyo Electric Power (Tepco) a commencé à ramener au niveau du sol les barres de combustible chaudes suspendues en l’air de l’unité IV fortement endommagé. Les premiers assemblages enlevés pourraient contenir des barres encore inutilisés. Les autres pourraient être extrêmement radioactifs.
Mais Tepco a mis le holà sur la couverture médiatique et s’est plaint des hélicoptères des journalistes qui filmaient le retrait des barres de combustible.
En vertu de la nouvelle loi sur les secrets d’État, le gouvernement pourrait interdire – et arrêter-tous les médias indépendants sous n’importe quel prétexte à Fukushima, jetant un voile d’obscurité sur une catastrophe qui nous menace tous.
De toute évidence, quelle que soit la solution de nettoyage possible, cela prendra plusieurs décennies. La ville de Fairfax, CA, a appelé à une reprise en main mondiale de Fukushima. Plus de 150 000 signataires ont demandé une telle intervention à l’ONU.
En tant que société privée, Tepco vise à arrondir les angles, à rogner sur les salaires et à transformer ce nettoyage en un centre privé de profit.
Elle en aura amplement l’occasion. La piscine de combustible à l’unité Quatre pose d’énormes dangers qui pourraient prendre des années pour en venir à bout. Il en est de même pour les piscines des unités Une, Deux et Trois. L’ensemble du site est parsemé de milliers de barres hautement radioactives et d’autres matériaux dont les retombées potentielles sont des milliers de fois supérieures à celles qui ont frappé Hiroshima en 1945.
Peu de temps après l’accident, Tepco a réduit la main-d’œuvre de Fukushima. Il en a depuis rétabli une partie, mais a réduit les salaires. Des entrepreneurs louches font la navette parmi des centaines d’ouvriers non qualifiés qui travaillent dans des conditions horribles. Reuters affirme que le site est comme une ruche, infiltré par le crime organisé, soulevant le spectre du vol de matières radioactives pour des bombes sales et plus.
Des milliers de tonnes d’eau radioactive stagne désormais dans les réservoirs qui fuient, construits par des ouvriers temporaires qui mettent en garde contre leur construction de mauvaise qualité. Ils sont sûrs que cela va s’effondrer avec un fort tremblement de terre.
Tepco dit que, de toute façon, il ne peut que vider l’excès d’eau dans le Pacifique. L’expert nucléaire Arjun Makhijani  a préconisé que l’eau soit stockée dans des superpétroliers jusqu’à ce qu’elle puisse être traitée, mais la suggestion a été ignorée.
Des centaines de tonnes d’eau s’écoulent aussi quotidiennement des montagnes à travers le site contaminé pour se jeter dans le Pacifique. L’ingénieur nucléaire Arnie Gundersen a depuis longtemps demandé à Tepco de creuser une tranchée remplie avec des absorbants pour détourner ce flux. Mais il a été répondu que cela coûterait trop cher.
Maintenant Tepco veut installer un mur de glace. Mais sa construction prendrait au moins deux ans. On ne sait pas d’où proviendrait l’énergie pour maintenir la paroi gelée, ni même si cela fonctionnera.
Pendant ce temps, les radiations ont maintenant atteint des niveaux records, tant dans l’air que dans l’eau.
Les retombées ont déjà été détectées au large de la côte de l’Alaska . Elles vont circuler le long de la côte ouest du Canada et des États-Unis jusqu’au nord du Mexique à la fin de 2014. La disparition massive de bébés lions de mer, de sardines, de saumon, d’orques et autres animaux marins a été signalée, ainsi qu’une désintégration massive des étoiles de mer. Un marin a fait un documentaire sur une immense « zone morte » à 2,000 miles de Fukushima. Les Impacts sur les humains ont déjà été documentés en Californie et ailleurs.
Sans intervention mondiale, les isotopes à vie longue de Fukushima vont continuer à se déverser dans la biosphère pour les décennies à venir.
La seule énergie désormais produite à Fukushima provient d’une énorme nouvelle éolienne récemment installée offshore.
Encore en plein dans un désastre qu’il ne peut pas gérer, le gouvernement japonais pousse toujours à rouvrir les 50 réacteurs en arrêt forcé depuis la fusion des réacteurs. Il veut éviter les retombées publiques au sein d’une population terrifiée, et sur les Jeux olympiques de 2020, prévue pour une région de Tokyo maintenant remplie de points chauds radioactifs. Au moins une des  caméras sur site a cessé de fonctionner. Le gouvernement a aussi apparemment interrompu la surveillance des radiations par hélicoptère.
Il y a un an un professeur japonais avait été détenu 20 jours sans procès pour avoir dénoncé l’incinération en plein air des déchets radioactifs.
Maintenant le Premier ministre Abe peut faire bien pire. Le Times of India rapporte que la loi sur les secrets d’État est impopulaire, et que la cote de popularité de Abe a chuté au moment où cette loi est passée.
Mais la nouvelle loi peut faire de la démocratie japonaise une relique de son passé pré-Fukushima.

C’est la marque cancéreuse d’un régime nucléaire attaché à contrôler toutes les informations sur une catastrophe mondiale mortelle maintenant en progression constante.

Traduction : Avic

Source : http://ecowatch.com/2013/12/11/japans-new-fukushima-fascism/

Réseau International

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