Capitaine Martin
Alors que les guerres d’agression, les attaques de drones et un véritable réseau
mondial de bases militaires sont les aspects les plus visibles de la puissance
hégémonique étasunienne, la politique américaine d’assistance, de formation et d’aide militaire étrangère est un aspect
souvent négligé. Bien que ces accords relèvent en grande partie des secrets bien
gardés, ils ont pour finalité un contrôle hégémonique du monde tendant à son
assujettissement, constituant de facto une menace pour les peuples libres.
La formation des armées étrangères pour servir les intérêts de l’État
américain remonte au temps de la guerre froide. Une époque pas si lointaine où
on utilisait l’argent du contribuable pour subventionner des gouvernements et
des guérillas farouchement anticommunistes, et qu’importe si la réalité était
placée sous le sceau de l’horreur et de la brutalité… Il suffisait qu’un régime
autoritaire taxe ses adversaires de communistes et l’Oncle Sam rappliquait sur
le champ.
Sur presque tous les continents, les États-Unis nous ont
beaucoup appris sur la manière de prodiguer les meilleurs conseils en matière de
répression, d’emprisonnements et de tortures des opposants politiques, le tout
grâce la plupart du temps à des escadrons de la mort et avec la bénédiction (et
à leur plus grand bonheur) des sociétés américaines. Plus économiques et
beaucoup plus discrets qu’une invasion en bonne et due forme, le poing des
dictateurs fantoches et le renversement des gouvernements en froid avec la
nouvelle politique étasunienne ont été les meilleur moyens de mettre en œuvre
cette dernière.
La chute de l’Union soviétique en 1991 a laissé bien peu de raisons aux
États-Unis de continuer ainsi. Pourtant, la nouvelle puissance impériale a
continué de plus belle. En 2010, le président Obama et le Pentagone ont commencé
à mettre en œuvre une nouvelle stratégie mettant davantage l’accent sur les
opérations de combat et la coordination militaire. Les forces spéciales étasuniennes sont déjà
opérationnelles dans (au moins) soixante-quinze pays pour porter la bonne
parole à ces gouvernements pour subjuguer leurs populations et servir les
intérêts de l’Empire.
La Syrie est l’exemple le plus récent de ce modus operandi. Bien qu’il soit soutenu publiquement que les
États-Unis ont aidé à la construction d’écoles et d’hôpitaux en Syrie, Associated Press et le New York Times nous apprennent qu’ils sont
surtout en train d’armer et de former les rebelles syriens qui s’opposent au
régime de Bachar Al-Assad. Avec l’aide de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du
Qatar, la plupart des armes sont destinées aux djihadistes islamiques partisans
d’une ligne dure. Il est curieux de constater que nombre d’entre eux
appartiennent à des groupes qui, il y a quelques années seulement, tuaient des
Marines en Irak.
Le président Obama, en catimini et sans le consentement du Congrès, a envoyé en 2012 plus de cent-cinquante
militaires des forces spéciales en Jordanie pour former des combattants
anti-Assad et les entraîner à l’utilisation d’armes anti-aériennes
sophistiquées.
Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les rebelles ont probablement déjà utilisé du gaz chimique
tout en ayant la réputation de décapiter les
prisonniers. Les États-Unis et leurs valets (France, Grande-Bretagne,
Italie, etc.) sont indirectement en train de prolonger le conflit dans la
région. Les raisons de cette intervention à distance sont complexes et
multiformes, mais derrière la Syrie se profile l’Iran que l’Occident souhaite
déstabiliser depuis plus de trente ans.
La Syrie pourrait être l’exemple le plus parlant de la nouvelle politique
étasunienne en matière d’assistance militaire, mais ce n’est malheureusement pas
le seul. Au Mali, avec la construction d’une nouvelle base pour
drones, l’ancien directeur général de l’AFRICOM, Carter Ham, avait admis
« passer outre l’éthique ». Prendre pour cibles les
dissidents sur la base de l’appartenance ethnique et programmer leur exécution sont les points clés du
gouvernement malien entraîné par les États-Unis.
En Indonésie, l’administration Obama chapeaute de nouveau une
unité d’élite dont les membres ont été reconnus coupables de violations
massives des droits humains au Timor oriental. Au Guatemala, des forces entraînées par l’Oncle Sam
entretiennent des liens très étroits avec des cartels de la drogue réputés
parmi les plus violents. Des méthodes qu’elles ont d’ailleurs parfaitement mises
en œuvre en réprimant brutalement les citoyens guatémaltèques durant la guerre
civile.
Un rapport du Washington office on latin
America détaille la politique étasunienne (appelée Merida Initiative) conçue pour aider
les forces armées du continent à assumer leurs propres missions de sécurité
intérieure. Et c’est tout naturellement que la police étasunienne supervise la
formation des polices locales. Bien que le président Obama ait publiquement
dénoncé le coup d’état militaire au Honduras en 2009, l’affaire Wikileaks a révélé que l’administration
Obama avait fait rencontrer des membres du département d’État avec le nouveau
président illégitime hondurien dans le but de mettre en œuvre cette fameuse
directive.
La politique qui consiste à armer et subventionner les gouvernements
étrangers, en particulier ceux bien connus en matière de violation des droits
humains, semble être la clé de voûte de la politique étrangère de
l’administration Obama. Mais cette politique contribue à la propagation des
dictatures, aux crises humanitaires et à l’instabilité, tout en générant de
probables ressentiments. Le retour de flamme n’en sera probablement que plus
violent…
Il est de plus en plus clair que l’interventionnisme étasunien est une menace
pour la paix et la sécurité internationale. La superpuissance est
incontestablement sur le déclin. Mais le niveau de barbarie qu’elle a atteint
n’a d’égal que les souffrances qu’elle inflige aux peuples libres.
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