mardi 28 janvier 2014

La charge du préfet contre Georges Ibrahim Abdallah

Nadir Dendoune          

On croyait la décision actée. Il semblerait que rien n’est définitif. Le 11 décembre dernier, Bagnolet faisait de Georges Ibrahim Abdallah (GIA), un citoyen d’honneur de la ville et depuis, la controverse ne faiblit pas.
 
Dernier épisode en date avec la décision hier, jeudi 23 janvier, du préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli, d’attaquer devant le Tribunal administratif, la délibération du conseil municipal de Bagnolet. « On ne peut pas nommer quelqu’un à un tel rang alors qu’il a été condamné par la justice française, indique-t-on à la préfecture. De plus, il n’a mené aucune action bénéfique pour la ville ».
 
Accusé de complicité d’assassinat de deux diplomates, un israélien et un américain, en pleine guerre du Liban, Georges Ibrahim Abdallah fut condamné le 28 février 1987 à la perpétuité. Libérable sous condition depuis 1999, les autorités françaises ne semblent pas pressées de le voir dehors.
 
Dès l'annonce du choix de Bagnolet d'honorer Abdallah, quelques associations juives sont montées au créneau. Le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives) ne comprend pas « qu’on puisse rendre hommage à un tel homme », l'association française des Victimes de terrorisme (AFVT) voit dans le geste de la mairie de Bagnolet, « un geste irresponsable » et rappelle qu’Abdallah a été «condamné pour sa complicité dans un double meurtre et non pour ses idées politiques».
 
Sous pression, Marc Everbecq, le maire de Bagnolet, tient bon, arguant que « GIA s’est battu pour que le Liban devienne un pays libre » et qu’avant lui, d’autres comme les « résistants français, avec du sang sur les mains ont par le passé, été faits citoyens d’honneur ».
 
« La décision du préfet ne nous étonne pas, raille de son côté, Youcef Brakni, l’un des porte-parole du GAB (Groupement des associations de Bagnolet), à l’initiative du vote pour Georges Ibrahim Abdallah. Le préfet agit sous les ordres du Parti Socialiste, sous pression de certaines associations juives, le CRIF en tête. Ils avaient déjà réussi à faire interdire notre soirée hommage à Georges du 16 janvier dernier (NDLR : le meeting de soutien prévu au Cinoche de Bagnolet avait été alors déplacé dans la salle du conseil municipal). On va préparer une riposte : pas question de se laisser intimider », martèle le militant.
 
Ce n’est pas la première fois qu’une mairie vote une telle décision. En juin 2012, la ville de Grenay, dans le Pas de Calais, avait nommé Georges Ibrahim Abdallah citoyen d’honneur de sa ville.
« Je suis surpris qu’un préfet se lance dans une telle initiative. Nous, à Grenay, ça n’a pas provoqué une telle polémique, se souvient Christian Chambré, maire PCF. Il nous arrive d’avoir affaire au préfet, mais pour des histoires de régularisations de sans papiers, mais pas pour des décisions politiques.

Et puis, il n’y a aucun texte qui définisse la notion de citoyen d’honneur. Sous quels critères doit-on nommer un citoyen d'honneur ? Il n’y a aucune valeur juridique derrière cette appellation. Le préfet met le doigt dans un engrenage dangereux. Désormais, tout le monde va pouvoir désormais contester une décision d’un conseil municipal, pourtant élu par la population de la ville ».


Source : le Courrier de l'Atlas

Photo :  Georges Ibrahim avec son avocat Jacques Vergès, lors de son procès au palais de justice de Lyon, le 3/07/1986. Accusé de complicité d’assassinat de 2 diplomates, un israélien et un américain, il fut condamné le 28 février 1987 à la perpétuité.

Bellaciao

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