dimanche 6 avril 2014

Confiscations, rackets, chantages : ils appellent ça sanctions

Avic 


Plus un sévit, plus, au fil du temps, ses actions paraissent anodines, comme naturelles et attendues. Il en est de même pour les nouvelles confiscations d’avoirs que les viennent de décider. Cette fois les victimes sont des personnalités du Sud Soudan. Le président vient de lancer une série de « sanctions » contre des personnes aussi bien parmi les rebelles qu’au sein du gouvernement au .

Le motif, vous l’avez bien sûr deviné : violations des droits de l’homme et menaces contre les efforts de paix. Pour ce qui est des violations des droits de l’Homme, il n’est plus besoin de disserter là-dessus, tout peut être mis dedans, sauf les tueries de masse provoquées, en vue de mettre en place la , par des sortis tout droit des usines américaines. Quant aux menaces contre la paix, il suffit de répondre « Oui » là où il fallait répondre « Non » à un représentant de l’ONU, ou inversement, pour être un dangereux malfaisant menaçant la sérénité des américains, et donc la paix dans le monde.
Il n’y a pas si longtemps, on osait encore évoquer l’illégalité des sanctions prise en dehors du cadre de l’ONU. On disait même que cela équivalait à une déclaration de . Aujourd’hui, parler d’illégalité des sanctions unilatérales n’a plus aucun sens. C’est même le contraire qui est en train de se mettre en place. À force de sanctionner à droite et à gauche, suivis par les habituels supplétifs, et cela en parfaite illégalité, les Etats-Unis ont fini par instituer, de facto, une situation mondiale dans laquelle toutes les sanctions qu’ils décident, quelle que soit leur nature, est légitime et normale. Ils vont même jusqu’à prétendre qu’elles sont faites pour faire respecter la légalité.
Washington peut ainsi bloquer les ressources d’un pays, lui couper les vivres, confisquer ses avoirs, menacer ses dirigeants, etc… Il est tout aussi prompt à faire appel à la légalité internationale si un autre pays s’avisait de faire quoi que ce soit qui puisse, de près ou de loin, ressembler à ce qu’il fait. On a vu récemment un Obama au grand cœur menacer la Russie si elle utilisait le gaz et son prix comme moyens de pression, alors que dans le même temps, il est en train d’œuvrer pour utiliser ce même gaz pour tenter d’étrangler l’économie . « Nous nous battons, mais il est illégal de vous défendre ». Tel est le crédo des Etats-Unis.
Devenues une arme suprême, les sanctions affaiblissent l’adversaire, c’est certain, jusqu’à le mettre KO debout, tout en renforçant toujours plus les Etats-Unis. Mais il y a un effet collatéral inattendu. L’Europe, toujours empressée à suivre par obéissance aveugle au nom d’une alliance très asymétrique, en est une victime majeure. Dans la mesure où toute sanction n’est prise que dans la seule perspective des intérêts de l’économie américaine, l’Europe ne peut qu’en pâtir, un pays après l’autre. Si elle s’affaiblit de plus en plus, au point de n’être plus que l’ombre nostalgique de ce qu’elle fut par le passé, cela est dû en grande partie à toutes ces sanctions et tous ces embargos qu’elle se croit obligée d’appliquer sur ordre de Washington contre ses propres intérêts.
Sans L’Europe, les sanctions étasuniennes ne pèsent pas lourd et se transformeraient vite en auto-flagellation. On constate, curieusement, qu’aux Etats-Unis, toutes les sanctions sont débattues et votées par les élus. Et que pas une seule sanction appliquée par les européens n’a été soumise aux parlements nationaux. Comme si le parlement suprême se trouvait au Capitole. Ce n’est plus une alliance, c’est de la soumission. Une soumission d’esclave docile au service d’un maître à qui tout profite. Dans les anciens pays colonisés, au moins, il y avait, ici ou là, quelques révoltes.

Dans l’ancienne , aussi, on trouvait toujours quelques dissidents qui tentaient de fuir des conditions qu’ils n’acceptaient pas. Rien de tout ça dans l’Europe d’aujourd’hui. Elle me rappelle la fable de « Le loup et le chien ». À cette différence près que l’Europe serait encore plus grasse si elle se libérait de son collier.

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