Michel Berthelot
C’est
amusant comme l’homme tend toujours à vouloir s’éloigner et se
distinguer du règne animal… Alors qu’en réalité il n’y a pas plus animal
que l’homme, et, que plus les temps évoluent et s’écoulent, plus son
comportement rappelle ses origines… Ce qui n’est guère flatteur
d’ailleurs pour les autres animaux, aux agissements autrement plus
nobles, qui ne méritent assurément pas qu’on leur rappelle cette trop
proche et peu glorieuse parenté !…
L’homme est la seule engeance qui s’autodétruit… Les
massacres perpétrés par ce dernier n’ont pas d’exemple dans le règne
vivant… Il signe cette originalité absolue… Une seule espèce, sur le
milliard de celles que la vie a inventées depuis ses origines sur la
terre, est capable de perpétrer des exterminations systématiques contre
elle-même : Homo sapiens !…
Quelle manie de vouloir continuellement nier notre
animalité alors qu’on devrait plutôt s’en inspirer pour retrouver un peu
de la noblesse et de la magnificence originelle de notre évolution au
lieu de tendre méthodiquement et en permanence vers l’ethnocide…
Conscients que nous devrions être toujours de l’état crucial et cruel de
notre extrême fragilité… Notre différence avec les animaux tient dans
l’épaisseur de la matière grise (cortex et néocortex) que l’évolution a
ajoutée à notre cerveau reptilien…
Nous ne sommes en fait qu’un simple incident de parcours
dans le cycle de l’évolution… Nous ne servons strictement à rien et ne
sommes d’aucune utilité dans cet univers en expansion… Donc il est
certain que si nous nous obstinons un peu trop longtemps encore à
malmener la nature et l’univers… eux ne tarderont pas à rectifier le tir
concernant l’aberration que nous représentons urbi et orbi… Ce mythe du
progrès qu’évoque Stephen Jay Gould dans "l’Éventail du vivant",
où il s’efforce de proposer une interprétation définissant le statut de
l’humain dans l’histoire de l’univers pour constater qu’en fait l’être
humain ne bénéficie d’aucun statut privilégié et ne constitue en rien
l’apogée de l’évolution !… Surtout lorsque l’on sait que de tout temps
les bactéries ont été la forme dominante de la vie !…
Nous vivons simplement une aventure merveilleuse au sein de l’histoire de la diversité organique de notre planète…
Même le regretté Théodore Monod, pourtant tellement
enclin par excès de compassion à absoudre le pire, déplorait sans cesse
l’absurdité et l’égoïsme des comportements si caractéristiques de notre
espèce… « - Quand deux bandes de chimpanzés s’affrontent », disait-il,« on
dénombre tout au plus un ou deux morts alors que la Seconde Guerre
mondiale et le Goulag ont fait des dizaines de millions de morts ! »…
Voulez-vous posément ensuite, à l’aune de ce constat et de bien
d’autres si l’on s’y attarde et multiplie les exemples, m’expliquer à
nouveau, l’avantage, la primauté, la prééminence de l’esprit et de la
conscience de notre espèce sur le règne animal ?… Si ce n’est la
domination, l’ascendant, l’omnipotence, l’orgueil, l’arrogance, mais
assurément pas l’excellence ni le mérite !…
François Terrasson va encore plus loin en intitulant carrément l’un de ses ouvrages "La civilisation anti-nature" pour parler de notre espèce !… Et j’hésite à vous nommer exhaustivement Yves Paccalet et son récent pamphlet "L’humanité disparaîtra, bon débarras !"…
Tant il y a d’auteurs, de philosophes, de sociologues et autres
réflexifs qui se sont penchés sur l’état de la conscience du pire
prédateur que la planète ait porté et réchauffé en son sein…
En cet incertain début de vingt et unième siècle la
barbarie se perpétue et s’épanouit déjà au-delà des limites du siècle
précédent pourtant particulièrement bien abondé en cette redondante
spécificité humaine… Décidément les mystères de l’acide
désoxyribonucléique demeureront à jamais impénétrables… Voici l’Homme,
Prince de la Terre, Monarque régnant sur la création, Roi de la
prédation et surtout… Empereur des cons…
Véritable
fantasme de l’espace temps, débarqué par hasard dans un rêve universel
qu’il s’est plu à transformer aussitôt en cauchemar éphémère plutôt que
de vivre éveillé les splendeurs étincelantes de sa très fugace et
fulgurante durée…
Photo : prise lors des massacres pendant la guerre du Rif.
Michel Berthelot - le 15 septembre 06 -


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