samedi 29 novembre 2014

ONU : Lutte contre la glorification du nazisme…3 pays votent contre !

2CCR                   

Normalement, c’est le genre de résolutions qu’on vote traditionnellement à l’unanimité. Pas en 2014. La résolution condamnant la résurgence du néo-nazisme a été votée par l’immense majorité du pays. Pourtant, trois l’ont refusée, une cinquantaine se sont abstenus.
 
La délégation de la Fédération de Russie a proposé ce 21 novembre une résolution, à l’Assemblée générale de l’ONU appelant : « à la lutte contre la glorification du nazisme, du néo-nazisme et des autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes modernes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui leur est associée ». Dans sa forme intégrale, le document exprimait des inquiétudes sur la montée des crimes raciaux dans le monde, l’influence des partis d’extrême-droite avançant des idées de haine raciale, et critiquait toutes les tentatives de faire passer les collaborateurs des Nazis pour des combattants de mouvement de résistance nationale.
 
La Russie a réussi son coup. Dans sa logique de puissance, elle voulait jouer des contradictions de l’ordre nouveau Ukrainien ainsi que de ses patrons nord-américains et ouest-européens. Leurs contradictions se sont manifestées dans une position de fond scandaleusement mise à jour. 115 États ont voté pour la résolution russe, issus pour l’essentiel des continents latino-américain, africain et asiatique. 55 États se sont hypocritement abstenus : ils sont pour la majorité d’entre eux des pays européens, dont l’intégralité des pays de l’Union européenne. Enfin, 3 États ont osé refuser de voter cette condamnation de la « glorification du nazisme, de la résurgence des formes de néo-nazisme, de racisme et de xénophobie ». Ce sont les États-Unis, le Canada et l’Ukraine. 
 
Une position logique pour l’Ukraine. Le nouveau gouvernement putschiste favorise l’organisation de diverses formations d’extrême-droite, de milices néo-nazis à des partis nationalistes-libéraux, qui tentent de réhabiliter des héros nationalistes, comme Stepan Bandera, collaborateur avec les nazis pendant la dernière guerre, figure anti-communiste, anti-sémite et anti-russe. Dans le même temps, le Parti communiste (troisième force du pays en 2012, avec 14 % des voix ) est en procédure d’interdiction, persécuté, ses membres arrêtés et torturés, son groupe parlementaire dissous, son idéologie criminalisée. Les groupes para-militaires qui mènent le combat en Ukraine de l’est ressortent les insignes du III ème Reich, les slogans des troupes de Bandera ou encore lancent des appels à la mobilisation des réseaux néo-nazis de toute l’Europe.

C’est donc sans surprise que l’Ukraine a refusé la motion russe, y voyant (à juste titre) une condamnation du nouveau régime installé depuis mars. Il est frappant de voir s’y associer sans vergogne les États-Unis, et le Canada. Deux pays qui ont tout du moins le courage qui manque aux pays européens, dont la France, qui s’abstiennent sur une question où on ne peut pas ne pas choisir son camp.

Dans toute l’Europe de l’est, les anciens collaborateurs ou volontaires de la Waffen-SS sont de plus en plus réhabilités selon les cas, comme Horthy en Hongrie, ou même célébrés en héros, comme dans les pays Baltes, sans oublier  les milices néo-nazis qui paradent dans les rues d’Ukraine. Dans le même temps, le communiste est déclaré illégal en Lituanie, Lettonie, Hongrie, désormais, les symboles communistes sont interdits en Pologne, les partis communistes sont sous une menace d’interdiction en Ukraine, Moldavie et ailleurs.

Pas de quoi nourrir d’illusions non plus sur la politique russe, prête à surfer sur une mythologie néo-impériale, puisant tant à la Russie des Tsars qu’à l’URSS réduite à une Grande-Russie qu’elle n’était pas. Un gouvernement russe prêt à entretenir des relations cordiales avec des formations d’extrême-droite, comme le Front national, sans s’engager toutefois dans un soutien direct, mais en plaçant quelques billes,  en vue d’un hypothétique séisme politique en France ou ailleurs. Il est a noter que des banques russes ont accordées un prêt de 9 millions d’euros au FN, alors que dans le même temps Poutine a fait voter une loi pour interdire le financement des partis politiques russes depuis l’étranger.

Le double discours, la duplicité n’est pas le propre des pays occidentaux, des États-Unis, de la France. C’est le propre des rivalités inter-impérialistes, que l’adversaire nous révèle toute l’hypocrisie de notre propre impérialisme.

En dépit de toutes ses arrières-pensées géopolitiques, ce vote a le mérite de clarifier les lignes. De dévoiler toute l’hypocrisie des États-Unis, de l’Union européenne dans leur soutien à une Ukraine de plus en plus miroir d’une Europe dans une dérive inquiétante.


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