Gilles Devers
L’Assemble nationale s’apprête, par un vote dépourvu de portée juridique, à reconnaître l’Etat de Palestine. Un bouleversement ?
Depuis
des années, c’est l’ambiguïté, et je rappellerai simplement quelques
faits qui l’illustrent, sur les volets européen et français.
Depuis 1997, les Etats de l’Union européenne ont signé un accord d’association relatif
aux échanges et à la coopération avec l’Organisation de libération de
la Palestine (OLP), mouvement de libération nationale. Cet accord qui
est précédé de l’affichage des meilleures intentions, jugez-en :
« Considérant
l’importance des liens existants entre la Communauté et le peuple
palestinien de Cisjordanie et de la bande de Gaza et les valeurs
communes qu’ils partagent ;
« Considérant
que la Communauté et l’OLP souhaitent renforcer ces liens et établir
des relations durables fondées sur le partenariat et la réciprocité ;
« Considérant
l’importance que les parties attachent aux principes de la charte des
Nations unies, en particulier au respect des droits de l’homme, des
principes démocratiques et des libertés politique et économique, qui
constituent le fondement même de leurs relations […] »
Donc
la Communauté européenne et l’OLP sur pied d’égalité, appliquant le
droit de l’ONU, en précisant que le texte de l’accord prend pour
frontières celles existant en 1967. Oki ?
Pour
ce qui est de la France, elle reconnait le passeport palestinien,
applique les droits de douane sur les produits palestiniens, ce qui est
la plus explicite reconnaissance des frontières, et elle accrédite à la
tête de la Mission de Palestine, un ambassadeur. En Novembre 2012 à
l’ONU, la France a voté pour la reconnaissance de la Palestine à l’ONU
comme « État observateur non membre ». Donc Etat.
Tout
serait donc clair… Et alors pourquoi tous ces débats ? Parce que ces
déclarations ne veulent rien dire si on en reste à la proclamation, et
qu’on ne répond pas à quatre questions précises.
1/
Un Etat suppose la maitrise du territoire, et ne peut s’imaginer avec
des colonies étrangères. L’Assemblée vote-t-elle aussi pour le
démantèlement des colonies ?
2/
Un Etat suppose une capitale. L’Assemblée vote-t-elle pour
Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine, ce qui suppose la
restitution des quartiers colonisés ?
3/
Un Etat suppose la continuité territoriale. L’Assemblée vote-t-elle
pour la levée des check-points à l’intérieur du territoire de l’Etat de
Palestine, avec libre circulation entre la Cisjordanie, Gaza, et
Jérusalem-Est ?
4/
Un Etat suppose le respect du droit de l’ONU. L’Assemblée vote-t-elle
pour l’exercice du doit au retour de tous les réfugiées palestiniens,
tel que prévue par la résolution 194 du 11 décembre 1948 ?
La
réponse à ces questions nous permettra de mieux comprendre la démarche
de l’Assemblée. Et comme la réponse est « non » à chacune de ces
questions, nous n’avançons pas d’un centimètre.
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