Au lendemain des attentats barbares de Paris, il y a une question que
tout le monde se pose : comment faire pour empêcher le retour de tels
actes ?
Pour certains il faudrait renforcer l’action militaire dans les pays
musulmans… accroître la surveillance… ou restreindre encore plus les
libertés civiles.
Pourtant, quoi qu’en disent nos analystes et commentateurs, les
méthodes pour prévenir les futures attaques n’ont rien d’un mystère…
Pour commencer, arrêtons de jouer aux pompiers pyromanes.
I. Arrêtons de renverser les modérés et d’armer les fanatiques
Je sais que l’idée va paraître étrange, mais si nous voulions stopper
le terrorisme, nous devrions peut être… tenez-vous prêts… arrêter de
l’encourager.
Je fais ici référence au fait que nous armons les extrémistes les plus violents au Moyen-Orient, dans le cadre d’une stratégie géopolitique très bête
qui consiste à renverser les leaders politiques qui pour une raison ou
une autre nous déplaisent (voir section 3 pour plus de détails). Voyez ceci, ceci, ceci, ceci et ceci. Et comme par hasard on s’attaque toujours à des régimes modérés qui jusque là étaient des facteurs de stabilité pour la région car ils empêchaient les djihadistes de s’y implanter.
En effet, les auteurs des attentats contre Charlie Hebdo rentraient apparemment tout juste de Syrie où ils avaient combattu aux cotés des terroristes. C’est là qu’ils ont pu, directement ou indirectement, bénéficier de l’aide américaine en termes d’armes et d’entraînement.
Je répète : si nous voulons arrêter le terrorisme, cessons de lui venir en aide.
II. Arrêtons de soutenir les dictatures qui financent les terroristes
C’est l’Arabie Saoudite qui finance le plus les terroristes islamistes radicaux.
Nous savons que les saoudiens ont financé Daesh
et plusieurs autres groupes terroristes violents. D’après les
déclarations sous serment d’un membre de la commission d’enquête et du
co-président de l’enquête du Congrès sur le 11 septembre, c’était le
gouvernement saoudien qui était derrière les pirates de l’air impliqués dans les attentats. (voir à ce sujet la section VII pour plus de détails)
D’autre part, l’Arabie Saoudite est le berceau historique du mouvement islamiste le plus radical au monde, le salafisme. (Daesh et Al Qaida s’en revendiquent tous les deux).
En outre, les saoudiens, avec l’aide des États-Unis, financent les “madrassas”, écoles coraniques dans lesquelles est propagé l’islam radical.
Et pourtant, depuis 70 ans, les États-Unis fournissent aux saoudiens une aide militaire, par le biais de renseignements collectés par la NSA, et plus généralement toute autre forme d’assistance.
Pour finir, selon les meilleurs spécialistes américains du
terrorisme, notre soutien aux régimes brutaux et tyranniques du
Moyen-Orient comme l’Arabie Saoudite est une des principales motivations des terroristes de la région.
Ainsi, si nous arrêtions de soutenir la maison des saoudes et les
autres tyrannies du monde arabe, nous gagnerions sur deux tableaux à la
fois :
(1) D’une part nous affaiblirons les principaux soutiens du terrorisme.
Et…
(2) D’autre part, nous enlèverons aux terroristes une de leur
principales motivations : notre soutien affiché aux régimes les plus
brutaux et les plus répressifs du Moyen-Orient.
III Cessons nos quêtes impérialistes pour le pétrole du Moyen-Orient
Depuis soixante ans les États-Unis n’ont cessé d’orchestrer des
changements de régime pour renverser les leaders arabes gênants. Ça a
été le cas en Syrie en 1949, en Iran en 1953, deux fois en Irak et en Afghanistan, puis en Turquie, en Libye… et dans d’autres pays riches en pétrole.
En 1991, les néoconservateurs ont une fois de plus fomenté des changements de régime partout au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Certains hommes politiques américains de premier plan ont reconnu que l’enjeu de la guerre en Irak était le pétrole, pas la lutte contre le terrorisme (des documents en provenance de Grande-Bretagne le confirment). Les guerres contre le terrorisme sont en réalité surtout des guerres pour les ressources naturelles comme le gaz naturel. Ou pour forcer les derniers récalcitrants à se convertir aux systèmes du pétrodollar et de la banque centrale privée.
Pour l’armée américaine, les attaques terroristes contre les États-Unis seraient “un prix dérisoire à payer pour le maintien de notre statut de superpuissance” :
C’est un officier haut gradé appartenant à l’état-major des armées
qui a confié au directeur du contre-terrorisme au département d’état,
Sheehan, qu’il a entendu plus d’une fois ses collègues qualifier les
attaques terroristes “d’un prix bien dérisoire à payer pour le maintien
de notre statut de superpuissance”.
Des experts en sécurité conservateurs comme libéraux, reconnaissent
que faire la guerre au Moyen-Orient affaiblit la sécurité aux États-Unis
et alimente le terrorisme. Voyez ceci, ceci, ceci, ceci, ceci, ceci, ceci et ceci.
Parmi eux, James K. Feldman, ancien professeur d’analyse
décisionnelle et d’économie à l’Institut Technologique de l’Armée de
l’Air et à l’Ecole des Etudes Avancées de stratégie aérienne, et
d’autres experts qualifient l’occupation militaire américaine dans les
pays étrangers comme étant la principale cause du terrorisme. Le
professeur Robert A. Pape de l’université de Chicago, spécialiste en
sécurité internationale, partage le même avis.
Bien que nous ayons mené les guerres les plus longues et les plus coûteuses de notre histoire, nous sommes moins en sécurité aujourd’hui et faisons face à des attentats toujours plus nombreux.
Souvenez-vous, Al-Qaïda n’était même pas présente en Irak jusqu’a l’invasion américaine.
Si nous voulons stopper le terrorisme, nous devons cesser de
renverser les dirigeants du Moyen-Orient et d’envahir leurs pays pour
s’accaparer du pétrole.
IV. Stoppons les assassinats de civils innocents par des drones
Selon des responsables haut placés de la CIA, les frappes par des drones alimentent le terrorisme (et voyez ceci).
C’est la CIA, agence chargée des frappes de drones, qui a elle-même dit au président Obama que les morts causées par les drones peuvent inciter au terrorisme.
Si nous voulons arrêter de créer de nouveaux terroristes, nous devons arrêter les frappes au moyen de drones.
V. Arrêtons la torture
Les meilleurs experts en matière de terrorisme et des techniques d’interrogatoire sont d’accord pour dire que la torture fabrique des terroristes.
En effet, les leaders de Daesh ont justifié leurs actes par la pratique de la torture par les autorités américaines. (Et l’un des terroristes français a dit qu’il travaillait pour Daesh.)
Encore une fois, nous avons un exemple très récent : le terroriste parisien Cherif Kouachi a dit lors de son procès en 2005 qu’il n’était pas un musulman radical jusqu’à ce qu’il découvre l’existence de la torture des prisonniers irakiens par les américains à la prison d’Abu-Ghraib en Irak.
Vous l’aurez deviné : si nous voulons arrêter de créer de nouveaux
terroristes, nous devons également arrêter la torture… définitivement.
VI. Arrêtons la surveillance de masse
Pour les meilleurs experts en sécurité il ne fait pas de doute que la surveillance de masse nous rend PLUS vulnérables aux terroristes. Arrêtons-la.
VII. Arrêtons d’étouffer l’affaire du 11 Septembre
Même si notre gouvernement reconnait qu’une puissance étrangère était impliquée dans les attentats du 11 septembre… l’identité de cette dernière fait débat.
Comme le 11 septembre a été la plus importante attaque terroriste
dans l’histoire des États-Unis sur laquelle reposent toutes nos
stratégies de sécurité nationale, nous ne pourrons pas stopper le
terrorisme tant que toute la lumière n’est pas faite dans cette affaire
et l’identité de l’état responsable de l’attaque n’est pas établie.
Beaucoup de responsables américains au sommet de l’état – chefs militaires, agents des services de renseignement et membres de la commission d’enquête – ne sont pas satisfaits, encore aujourd’hui, des résultats de l’enquête sur le 11 Septembre.
Le co-président de la commission d’enquête du Congrès sur le 11
septembre, Bob Graham, et le membre de la commission d’enquête et
ex-sénateur Bob Kerrey demandent soit de créer “une commission d’enquête permanente“, soit de mener une nouvelle enquête pour enfin connaître toute la vérité.
Selon le co-président de la commission d’enquête du Congrès sur le 11
septembre et ex-chef du Comité sénatorial sur le renseignement (Bob
Graham), l’attentat de Paris, Daesh, et d’autres formes de terrorisme
sont le résultat du refus d’affronter l’Arabie Saoudite et de rendre
public la partie du rapport d’enquête qui démontre son implication dans
cet attentat.
Les présidents de la commission d’enquête sur le 11 septembre, Ron Paul, et nombreux autres hommes politiques américains ont eux aussi appelé à la déclassification de ce rapport.
Encore une fois, chacun peut avoir sa petite idée sur les acteurs derrière le 11 septembre. Mais tant que nous ne sauront pas toute la vérité, les attaques terroristes continueront.
Nous devons être lucides
Nous entendons les défenseurs de la politique actuelle du
gouvernement nous dire : “nous devons faire quelque chose pour arrêter
les terroristes !”
Certainement…
Mais nous devons également cesser de faire les sept choses évoquées plus haut qui ne font que les encourager. Nous devons arrêter de continuer à nous voiler la face.
Malheureusement notre establishment ne veut pas changer de cap… il
tire un pouvoir et une influence immenses de nos actuelles stratégies de
guerre contre la terreur.
Par exemple, le complexe militaire s’enrichit par la guerre… donc la guerre sans fin est une caractéristique – pas un dysfonctionnement – de notre politique étrangère.
Les histoires de torture n’ont été que des prétextes pour justifier nos interventions militaires.
La surveillance de masse sert surtout à s’octroyer des avantages économiques et diplomatiques, et à étouffer la contestation.
Le soutien que nous accordons aux chefs musulmans les plus radicaux n’est qu’une affaire de pétrole et de pouvoir… “un prix dérisoire à payer” pour continuer à asseoir notre domination sur le monde.
Dans une étude faite en 2008 par l’un des principaux conseillers
auprès de l’armée américaine – la Rand Corporation – et publiée sous le
titre “Comment en finir avec les groupes terroristes : manuel de lutte contre Al-Qaïda“,
nous trouvons la confirmation de ce que les experts ont dit et répété
depuis des années : la guerre contre le terrorisme affaiblit en réalité
la sécurité nationale (voir ceci, ceci et ceci).
Voici un extrait d’un communiqué de presse à propos de cette étude :
“Les terroristes doivent être perçus et décrits comme des criminels,
pas des “combattants de la guerre sainte” et notre analyse suggère que
la réponse au terrorisme ne se trouve pas sur le champ de bataille.”
Nous, le Peuple, devons nous lever et exiger que nos dirigeants
assoiffés de pouvoir cessent de faire des choses qui leur donnent plus
de pouvoir… mais qui, à coup sûr, feront de nous, la population civile,
une cible de plus en plus large des terroristes.
Source : Washington’s Blog, le 10/01/2015
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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