mercredi 1 juillet 2015

Un officier israélien : «bombarder une clinique à Gaza a remonté le moral des soldats »

Un officier de l'armée israélienne dont les blindés ont tiré des obus sur une clinique à Gaza pendant l'agression de l’été dernier - et non "la guerre" comme on le lit souvent, il n'y avait qu'une seule armée à l'œuvre - a déclaré lors d’une interview sur une radio que l’action avait servi à « remonter le moral » du bataillon. 

Le commandant (de réserve) Amihai Harach a déclaré sur la radio Galei Yisrael mardi que la "structure" (la clinique) devait être détruite parce qu’une position du Hamas opérait à partir de là, mais que l’action était aussi un acte de vengeance pour le meurtre de l’un des officiers du bataillon.
Car quand un officier de l'armée d'occupation* est tué au combat c'est un meurtre, alors que quand cette même armée tue des centaines de civils il ne s'agit - vous l'aurez deviné - que de malheureux concours de circonstances indépendants de sa (bonne) volonté. D'ailleurs, si l'ONU dénombre 1.436 civils palestiniens tués au cours de l'agression israélienne de l'été 2014, les Israéliens pour leur part n'en ont compté "que" 761. C'est dire s'ils ont fait preuve de "retenue"…
L’unité de blindés a détruit la clinique parce que le Hamas opérait à partir de là, et afin de venger le meurtre d’un officier, a déclaré un commandant adjoint de brigade. Et il ne s'agit pas d'un cas isolé : Harach, commandant-adjoint de brigade, de réserve dans un bataillon de blindés, a déclaré  que les tirs pour se venger n’avaient pas été rares lors de l’opération "Bordure protectrice" contre Gaza au cours de l'été 2014.
Le bureau du procureur général militaire de l'armée israélienne a annoncé la semaine dernière l’ouverture d’une enquête militaire sur l’incident, sur la présomption d’une conduite criminelle dans la prise pour cible de la clinique, laquelle a eu lieu le lendemain du jour où un officier de l’unité de blindés, Dima Levitas, a été tué.
Le commandant du bataillon, le lieutenant-colonel Neria Yeshurun, a déclaré à Bayabasha, la publication des forces terrestres de l'armée israélienne, qu’il était désolé que lui et sa compagnie n’avaient pu être présents au cimetière militaire du Mont Herzl pour l’enterrement de Levitas, « par conséquent, nous avons décidé de tirer une salve d’obus sur l’endroit d’où on lui a ôté la vie ».
Harach a dit sur la radio Galei Yisrael : « C’était une action opérationnelle ; pas l’acte d’un quelconque tyran qui vient dans le quartier et tente de faire régner l’ordre sur le dos des résidents. Ce n’était pas du tout le cas. » Ce qui devait être fait, continua-t-il, c’était « de supprimer cette clinique, parce que c’était une position du Hamas… Qui plus est, la clinique était impliquée, il y a eu des tirs partant de là et qui ont tué un commandant de compagnie du bataillon ».
Quand on lui demande si un tel incident est inhabituel, Harach répond : « La seule chose inhabituelle qu’il (le lieutenant-colonel Yeshurun) a faite, c’est qu’il a mis l’incident au sommet de l’éloge funèbre de Dima, le commandant de compagnie qui a été tué. Cela a certainement remonté (le moral). Et je vous le dis parce que c’est la réalité : cela a remonté le moral et encouragé les soldats à continuer la mission ».
Un autre élément inhabituel, dit Harach, a été que les soldats ont décrit le bombardement de la clinique « de sorte que nous avons pu en informer tout le bataillon ».
Un récent rapport de l’ONG Briser le Silence contient le témoignage d’un soldat d’une unité de blindés de la même brigade, sur le tir vengeur. Selon le soldat, son commandant de compagnie lui a ordonné de tirer des obus sur les maisons palestiniennes, en mémoire d’un camarade de la compagnie qui avait été tué. « Pour moi, cela ne semblait pas juste du tout, très problématique… ils ont tiré alors comme ils le font lors de funérailles, juste un obus sur les maisons. Ce n’était pas un tir en l’air. Le commandant du char a dit "choisissez la maison la plus éloignée, de sorte que cela leur fasse le plus de mal possible". Comme une vengeance », dit le soldat.
Autre épisode de cette guerre contre la population civile de Gaza, en été 2014 : «Un vieux Palestinien gît à terre. Il marchait non loin d’un poste de reconnaissance de l’armée israélienne. Un soldat a décidé de le viser. Il est grièvement blessé à la jambe, ne bouge plus. Est-il vivant ? Les soldats se disputent. L’un d’eux décide de mettre fin à la discussion. Il abat le vieillard.» (Le Monde - 4 mai 2015).

Quand on est "l'armée la plus morale du monde", on a une réputation à défendre chaque jour qui passe. Ils s'y emploient.



* Ne perdons jamais de vue que, en dépit du retrait des colons et des troupes israéliennes qui étaient stationnées dans la bande de Gaza, ce territoire palestinien reste toujours bel et bien occupé. Seules les modalités techniques de l'occupation ont changé : les occupants ont opté pour une occupation à la périphérie du territoire (avec la coopération active de l'Egypte au sud), y compris la frontière maritime, uniquement parce que cela s'avère moins coûteux pour lui en hommes et en matériel.

Avec l'aide de JPP pour l’Agence Média Palestine pour la traduction d'un article de Haaretz

Pour la Palestine

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