samedi 6 février 2016

Libération, ne faites pas de Reporters sans frontières une ONG normale

Maxime Vivas                

Le nouveau patron de RSF, Christophe Deloire (un clone miniature de Ménard), publie dans Libération une tribune anti-castriste intitulée : « Monsieur Hollande, ne faites pas de Raul Castro un président normal ».
On y lit les mêmes choses qu’on lisait, il y a un quart de siècle, dans le RSF de Ménard, actuel maire FN de Béziers. Il faudrait un livre pour y répondre. Et justement, j’en ai écrit un, en 2007 (« La face cachée de Reporters sans frontières »).
J’y renvoie les esprits curieux, mais je relève ici deux entourloupes de Deloire dans Libération :
1- « En 2015, il [Cuba] occupait la 169ème place - sur 180 pays - au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) ».
Quand j’écrivais mon livre, et en application de la loi sur les organisations reconnues d’utilité publique, j’avais demandé à RSF de me fournir un certain nombre d’informations qu’elle cache au public et que j’ai pu publier (dont le montant annuel et l’origine des subventions reçues en dollars depuis les USA). Je m’étais intéressé aussi au « Classement mondial de la liberté de la presse » et j’avais ainsi obtenu de RSF des précisions qui me permirent de conclure à la tromperie.
Pour ses classements (je cite ce que m’avait écrit RSF) « Reporters sans frontières a demandé à ses organisations partenaires (14 associations de défense de la liberté d’expression dispersées sur les cinq continents), à son réseau de 130 correspondants, à des journalistes, des chercheurs, des juristes ou des militants des droits de l’homme de répondre à 50 questions permettant d’évaluer la situation de la liberté de la presse dans un pays. »
Je vous renvoie au chapitre XXXVI de mon livre-enquête pour les détails, mais pour résumer : l’analyse est décontextualisée, les jurés anonymes (top secret, masques, brouillard) et les 50 items sont choisis pour faire pencher la balance en faveur de la presse riche des pays riches. C’est verrouillé, inévitable. Le classement RSF est intrinsèquement truqué.
Faut-il que les journalistes soient débordés, ou fatigués, ou paresseux, ou complices pour se référer encore à cette fumisterie que j’ai démontée par le détail en 2007 dans un ouvrage qu’on trouve dans des bibliothèques d’écoles de journalisme !
2- « L’embargo américain, qui avait largement contribué à l’isolement de Cuba, a beau avoir été progressivement relâché… »
Mensonge ! Il est vrai qu’une normalisation (échange d’ambassades...) est en cours, mais le blocus reste intact. Seul le congrès états-unien peut y mettre fin et il ne l’a pas fait. Et pourquoi François Hollande en aurait-il ces jours-ci demandé la levée, sinon ? Ecoutons le président français, en nous rappelant qu’il est si peu gauchiste qu’il veut réintégrer la France dans l’OTAN : « Le président Obama, qui a fait que l’on progresse, doit (…) aller jusqu’au bout et permettre qu’il puisse y avoir la fin de ce vestige de la guerre froide. Cet embargo, ce blocus doivent être maintenant effacés pour que Cuba prenne pleinement sa place . »
Et lisons le Figaro du 1er février 2015.
(http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/02/01/20002-20160201ARTFIG0033...) :
« A la mi-janvier, Barack Obama avait lui-même une nouvelle fois appelé le Congrès américain à lever l’embargo économique américain contre Cuba, un an après l’amorce d’une normalisation diplomatique historique entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide. L’embargo interdit toujours aux Américains d’investir et de faire du tourisme sur l’île, et Washington menace de fortes amendes les entreprises ayant des ramifications aux États-Unis qui se risquent à faire des affaires à Cuba ».
Vestige de la guerre froide, dit Hollande en prononçant le mot « blocus » Rappelons ce que disait Bob Ménard l’Américain en 2003 : « Si les Américains avaient voulu trouver le plus grand service qu’ils voulaient rendre à Fidel Castro, c’est l’embargo. L’embargo ça fonctionne comme, vous savez, un espèce d’épouvantail … ».
Et Deloire conclut sa lettre par ce charabia : « Sans cela, cette visite n’aura permis que d’adresser un grand pied de nez au peuple cubain qui subit le régime depuis trop longtemps et vit depuis trop longtemps dans une dangereuse bulle ».
La dangereuse bulle du blocus ?
Bref, RSF reste une fausse ONG, subventionnée par des officines écrans de la CIA, roulant pour les USA.
RSF est un mensonge permanent, une entorse permanente à la déontologie journalistique, une clique contredite par l’Histoire, la vérité, le Figaro et, à présent (c’est dire !), par les présidents Obama et Hollande.
À quoi sert RSF, sinon à semer la haine entre les peuples en dépeignant comme des affreux, sales et méchants les plus faibles, les plus pauvres, les plus menacés par les armées des puissances occidentales ?
À quoi sert Deloire, sinon à laisser penser qu’il y a un nid de Ménardeaux dans les locaux de RSF qui en fait l’insolite élevage ?


PS. Hep, Charlie Hebdo, arrêtez de faire de la pub « copinage » pour RSF et Libération !

Le Grand Soir

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