Les banquiers, lorsqu’ils s’expriment, utilisent rarement la
langue de bois, et lorsqu’on les interroge, et qu’ils ont envie de
répondre, ils n’y vont pas par quatre chemins pour dire ce qu’ils
pensent.
Aujourd’hui on écoute plus volontiers les politologues, les experts
en économie, lesquels, rarement d’accord entre eux, prônent fatalement
des choix totalement différents : la politique de l’offre, ou celle de
la demande.
Ils sont, dans un camp comme dans l’autre, convaincus d’avoir raison.
Certains prévoient des crises, d’autres les comprennent un peu trop
tard, ou décident qu’elle est finie, alors qu’elle ne fait que
commencer, telle Christine Lagarde qui, à l’été 2007, déclarait « la crise est derrière nous », (lien) alors qu'elle arrivait, suivie en 2009 par Hollande, qui, à son tour affirmait qu’elle était terminée... lien
Il ne faudrait tout de même pas mettre tous les analystes, qu’ils
soient politiques, ou économistes, dans le même sac... certains ont
démontré à plusieurs reprises à quel point leurs analyses étaient
pertinentes.
Tel Bernard Maris, le fameux « oncle Bernard », assassiné un certain 7 janvier par des demeurés se revendiquant d’un islam qu’ils ont lu de travers...
Oncle Bernard avait écrit : « un économiste, c’est quelqu’un qui vous explique le lendemain pourquoi on s’est trompé la veille ». lien
C’est lui qui pointait du doigt les décisions politiques, qui,
lorsqu’elles ont provoqué un rapport dont les conclusions ne vont pas
dans le sens souhaité, sont mises sur la touche « quand un rapport n’est pas à la botte, on ferme l’organisme de recherche, ou on vire celui qui l’a fait ».
Il faudrait donc aussi penser à écouter les analystes des banques...
En 2012, Nicolas Doisy, analyste du Crédit Agricole/Chevreux expliquait, juste après l’élection de Hollande, ce qui allait se passer : le président devra « déplaire aux électeurs », les marchés financiers l’y contraindront, même s’il les avait désigné comme ennemis.
Il ajoutait, il fera croire qu’il pourra renégocier le traité
européen, mais ce sera un leurre, qui finalement accouchera d’une
libéralisation du marché du travail. lien
On voit aujourd’hui avec la loi Khomri, la clairvoyance de cet expert.
Comment
espérer alors que la promesse hollandaise aurait pu un jour être tenue,
quand il pointait du doigt son ennemi, le monde de la finance ?
S’il faut en croire Dean Henderson, les banques
centrales n’ont de centrales que le nom : elles sont des organismes
privés, organisées seulement pour un profit maximum, avec la volonté de
mettre le contrôle total de l’économie mondiale dans le moins de mains
possibles.
D’après Henderson, ces banques sont aux mains de 2 groupes principaux : celui du système bancaire américain : Bank of America, JP Morgan Chase, Citygroup, Well Fargo, et celui du lobby pétrolier : Exxon Mobil, Royal Dutch/Schell, BP/Amoco, et Chevron Texaco.
Le néo-esclavagisme orchestré par ces entreprises est le but final de leur logique. lien
Le visionnaire Aldous Huxley l’avait pressenti : une
dictature parfaite est celle qui a l’apparence d’une démocratie,
proposant un esclavage camouflé, dans lequel, grâce à la consommation et
au divertissement, les esclaves auraient « l’amour de leur servitude ». lien
Mais revenons à nos banquiers...
On y rencontre de sulfureux personnages, dont l’un des plus inquiétant est peut-être David Rockefeller.
Il avait refusé l’offre de Richard Nixon, lequel lui proposait d’être son ministre des finances, préférant fonder en juillet 1973, la commission trilatérale, dont il était le financier, tout en étant président de la Chase Manhattan...
Il soutiendra, entre autres, le régime du Shah d’Iran, l’apartheid d’Afrique du Sud, et la junte militaire de Pinochet.
Comme l’écrit Olivier Boiral, dans les colonnes du « Monde diplomatique », « moins
médiatisée que le forum de Davos, elle demeure très active au travers
d’un réseau d’influences aux multiples ramifications ».
Ils avaient très vite compris qu’ils devaient se concerter afin d’imposer leur vision du monde. lien
On retrouve dans cette organisation des dirigeants de
multinationales, des banquiers, des politiques, des experts
politologues, et « l’élite » rassemblée au sein de cette institution
fort peu démocratique, s’emploie à définir les critères d’une « bonne gouvernance internationale ». lien
Gilbert Larochelle explique dans son ouvrage, L’imaginaire technocratique (lien) son fonctionnement : « postées
en surplomb, des sentinelles veillent, surveillent. Le recours à
l’expertise ne relève point d’un luxe, il offre la possibilité de mettre
la société face à elle-même. Le mieux-être ne vient que par les
meilleurs qui, en leur hauteur inspirée, produisent des critères pour
les relayer vers le bas ».
Frédéric Lordon, le chantre des nuitsdebout, enfonce le clou : « quand
les 5 grandes firmes de Wall Street en 2004, obtiennent à force de
pressions une réunion longtemps tenue secrète a la SEC (Securities and
Exchange Commission) pour obtenir l’abolition de la « règle Picard »,
limitant à 12 le coefficient de leviérisation globale des banques
d’affaires, il faudrait une réticence intellectuelle confinant à
l’obturation pure et simple pour ne pas y voir l’action concertée et
dissimulée d’un groupe d’intérêt spécialement puissant et organisé... ».
De plus, les grands décideurs financiers ne sont pas dénués d’habileté, et déjà, en 2012, la banque JP Morgan faisait la promotion du salaire maximum, estimant que l’écart maximum ne devait pas dépasser un rapport de 1 sur 20...avec le succès que l’on sait. lien
Elle vient de réitérer sa proposition...
On se souvient aussi que Hollande, dans les premiers jours de son mandat avait soulevé la question, pour la reposer rapidement.
En effet, si les salaires des patrons d’entreprises publiques ont bien été plafonnés à 450 000 €, on est loin du rapport 1/20, puisque le montant maximum n’aurait du dépasser 360 000 € brut. lien
Quant à la limitation des rémunérations des patrons du privé, elle a bien été évoquée par le gouvernement en mai 2013... pour retourner sagement dans son tiroir. lien
Pourtant récemment, le serpent de mer refait surface, à moins d’un an de l’élection, et généreusement, Jean-Christophe Cambadelis milite dans « l’appel des 40 », pour un salaire maximum à hauteur de 100 fois le smic, suivi par la maire de Paris et quelques autres, dont la présence dans cette pétition est surprenante (lien) alors que, pour Philippe Desfossés, un haut fonctionnaire, la cohésion sociale dans une entreprise est menacée lorsque le salaire du dirigeant atteint ce seuil. lien
Il est probable que nos élus soient coupés de la réalité, surtout si l’on prend l’exemple d’un certain Jean-Louis Debré qui s’estime démuni avec une retraite de 5000 euros mensuel. lien
En attendant, alors que Hollande, droit dans ses bottes, fait la tournée des entreprises qui se sont un peu redressées, en martelant comme un mantra « ça va mieux », et en affirmant qu’il ne retirera pas sa loi Khomri, les manifestations se multiplient, la grogne s’étend, et les « nuitsdebout » sont toujours dans la place.
Le site de nuitdebout est sur ce lien.
Comme disait Coluche, remplaçant pour une fois mon vieil ami africain : « la France va mieux, pas mieux que l’année dernière, mais mieux que l’année prochaine ».
L’image illustrant l’article vient de chaoscontrôle
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