Benyamin Netanyahou a fermement rejeté l'initiative française pour la paix.
La France ne pouvait pourtant pas dépêcher meilleur ambassadeur auprès du gouvernement israélien que Manuel Valls. Personne mieux que lui, réputé « grand ami d’Israël », et soutien de la politique du gouvernement israélien, ne pouvait convaincre Benyamin Netanyahou de se rallier à l’initiative française. Eh bien, c’est raté ! L’échec de Manuel Valls, quelques jours après une visite tout aussi infructueuse de Jean-Marc Ayrault, prouve, s’il en était encore besoin, que le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, dominé par l’idéologie des colons, ne veut entendre parler ni de paix ni de droit.
On connaît le différend. L’ancien ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait imaginé un plan en deux étapes : tout d’abord une réunion d’une vingtaine de pays, dont la Russie et les États-Unis, et plusieurs pays arabes, à l’issue de laquelle un cadre et un calendrier seraient fixés qui s’imposeraient aux Israéliens et aux Palestiniens, appelés à se rencontrer dans un deuxième temps.
Lundi, à Jérusalem, Benyamin Netanyahou a fermement rejeté cette idée, développant ce qu’il a présenté comme une « contre-proposition ». Il s’agirait d’une négociation bilatérale entre le Premier ministre israélien et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Ce pourrait même être une « initiative française », a ironisé Netanyahou, suggérant ainsi que la préoccupation de Paris était surtout de réapparaître au premier plan dans ce dossier.
Pour la plupart des observateurs, cette « contre-proposition » n’est pas très sérieuse. Toutes les négociations bilatérales, trop déséquilibrées, ont échoué. Elles illustrent le propos de l’ancien Premier ministre Yitzhak Shamir, qui se disait « prêt à négocier jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à négocier ». Tout le temps de ces vaines discussions étant mis à profit par Israël pour développer la colonisation.
Reste à savoir ce que va faire la France de son initiative devenue encombrante. Renoncer serait humiliant. Mais poursuivre en pure perte ne serait guère mieux. Manuel Valls a affirmé lundi que la conférence aurait bien lieu le 3 juin. « Le statu quo, a-t-il ajouté, est une bombe à retardement ». D’autant qu’il n’y a pas de « statu quo » pour Israël, qui continue de coloniser. Laurent Fabius avait indiqué qu’en cas de refus israélien, la France reconnaîtrait unilatéralement l’État palestinien. Mais son successeur au Quai d’Orsay, Jean-Marc Ayrault, est revenu en arrière.

La logique voudrait que l’on imagine maintenant des sanctions. C’est à ce stade une pure utopie. Manuel Valls, l’« ami d’Israël », serait le premier à s’y opposer, au nom sans doute de la lutte contre l’antisémitisme… Bref, Benyamin Netanyahou va pouvoir intégrer au ministère de la Défense l’ultranationaliste Avigdor Lieberman, et continuer de coloniser.

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