dimanche 8 mai 2016

La méthode Coué du président-candidat

Sandra Demarcq                 

À entendre le dernier quarteron de fanatiques organisé dans le collectif Hé oh la gauche ! lancé par Stéphane Le Foll, les dernières semaines ont été bonnes pour le gouvernement : contrat du siècle avec l’Australie, baisse du chômage en mars, croissance en hausse… Tellement bonnes que les ténors du gouvernement n’ont de cesse de nous rabâcher que «ça va mieux». Vraiment ?

Hollande fête actuellement son quatrième anniversaire au pouvoir et selon le gouvernement sa politique économique et sociale porterait enfin ses fruits. Les indicateurs seraient au beau fixe : une croissance en hausse de 0,5 %, un déficit en baisse, un chômage en perte de vitesse, de moins en moins de faillites d’entreprises, un rebond de la consommation des « ménages » et, cerise sur le gâteau, un contrat de 34 milliards d’euros entre la France et l’Australie pour construire des sous-marins.
Des « bons » chiffres qui permettaient déjà à Hollande de dire le 14 avril dernier lors de son passage sur France 2 que « Oui ça va mieux, il y a plus de croissance, il y a moins de déficits ». Derrière ce fameux leitmotiv repris en boucle par l’ensemble des membres du gouvernement et du PS, le début de la campagne de Hollande pour 2017 se dessine.

Des chômeurs par millions

Les chiffres du chômage de mars publiés la semaine dernière font état d’une baisse de 60 000 demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A (chômeurEs sans aucune activité). Le gouvernement a aussitôt salué « une évolution positive des chiffres du chômage » et crié sur toutes les ondes que « la courbe du chômage s’est inversée ! », qu’il y avait une reprise de l’emploi. Ben voyons ! 
En réalité, au mois de mars, le nombre d’inscrits en catégorie A, B et C n’a reculé que de 8 700 personnes et le nombre total de ­chômeurEs en France reste très élevé, 6,48 millions de personnes, soit 200 000 de plus qu’en mars 2015. Par ailleurs, l’ancienneté des inscritEs à Pôle emploi ne cesse de crever les records : 580 jours fin mars, soit encore deux jours de plus que le mois précédent. Et 46 % des inscritEs ont plus d’un an d’ancienneté. De plus, le nombre de nouveaux inscritEs au chômage a augmenté en mars de 532 000 sur le mois (+ 0,2 %)... et le nombre de cessations d’inscription et de radiations administratives ne cesse de progresser : 250 000 en décembre ; 260 000 en janvier, 270 000 en mars. Dans ces conditions, le nombre d’inscrits à Pôle emploi a bien fléchi de 8 000 en mars, mais le nombre de sans-­emploi a moins baissé que le nombre de chômeurEs à temps partiels ou radiés n’a progressé. Rappelons enfin que depuis 2013, la véritable envolée de l’emploi concerne les travailleurs à temps partiel à plus de 78 heures par mois (+ 102 000).
Bref, en quatre ans, la précarité, le chômage n’a eu de cesse d’augmenter... tout comme les cadeaux fiscaux aux entreprises pour soi-disant relancer l’emploi...

Tirer les vrais bilans...et solder les comptes !

Depuis son arrivée au pouvoir, Hollande mène la même politique économique que ses prédécesseurs, en pire : baisse du « coût du travail » et réduction des déficits avec une réduction historique des cotisations sociales et de la fiscalité pour les entreprises, l’allongement de la durée de cotisations à la retraite, le gel des minima sociaux, la hausse de la TVA, la baisse des dépenses sociales, le gel du point d’indice des fonctionnaires jusqu’en 2016 (que le dernier petit cadeau de début de campagne, l’augmentation de la prime des enseignantEs du premier degré, ne suffira pas à effacer...)…
Et ce serait cette politique en faveur des plus riches qui donnerait aujourd’hui de bons résultats ? Ce que le gouvernement et le PS oublient de dire, c’est que les prétendus « bons » indicateurs économiques sont avant tout dus à des facteurs macro­économiques, à commencer par la baisse du taux de change de l’euro qui joue en faveur des entreprises, du relâchement de la contrainte budgétaire ainsi que la baisse continue du prix du pétrole

Cette euphorie d’en haut ne nous fera pas oublier les conséquences de cette politique d’austérité sur la majorité des salariéEs, des jeunes, du monde du travail : une pauvreté qui, tout comme la précarité et le chômage, n’a cessé de progresser pour atteindre 14,2 % en 2014, et même 19 % chez les moins de 25 ans. Il est là, le vrai bilan de cette gauche au pouvoir.

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