À entendre le dernier quarteron de fanatiques organisé dans le
collectif Hé oh la gauche ! lancé par Stéphane Le Foll, les dernières
semaines ont été bonnes pour le gouvernement : contrat du siècle avec
l’Australie, baisse du chômage en mars, croissance en hausse… Tellement
bonnes que les ténors du gouvernement n’ont de cesse de nous rabâcher
que «ça va mieux». Vraiment ?
Hollande fête actuellement
son quatrième anniversaire au pouvoir et selon le gouvernement sa
politique économique et sociale porterait enfin ses fruits. Les
indicateurs seraient au beau fixe : une croissance en hausse de 0,5 %,
un déficit en baisse, un chômage en perte de vitesse, de moins en moins
de faillites d’entreprises, un rebond de la consommation des « ménages »
et, cerise sur le gâteau, un contrat de 34 milliards d’euros entre la
France et l’Australie pour construire des sous-marins.
Des « bons » chiffres qui permettaient déjà à Hollande de dire le 14 avril dernier lors de son passage sur France 2 que « Oui ça va mieux, il y a plus de croissance, il y a moins de déficits ».
Derrière ce fameux leitmotiv repris en boucle par l’ensemble des
membres du gouvernement et du PS, le début de la campagne de Hollande
pour 2017 se dessine.
Des chômeurs par millions
Les
chiffres du chômage de mars publiés la semaine dernière font état d’une
baisse de 60 000 demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A (chômeurEs
sans aucune activité). Le gouvernement a aussitôt salué « une évolution positive des chiffres du chômage » et crié sur toutes les ondes que « la courbe du chômage s’est inversée ! », qu’il y avait une reprise de l’emploi. Ben voyons !
En
réalité, au mois de mars, le nombre d’inscrits en catégorie A, B et C
n’a reculé que de 8 700 personnes et le nombre total de chômeurEs en
France reste très élevé, 6,48 millions de personnes, soit 200 000 de
plus qu’en mars 2015. Par ailleurs, l’ancienneté des inscritEs à Pôle
emploi ne cesse de crever les records : 580 jours fin mars, soit encore
deux jours de plus que le mois précédent. Et 46 % des inscritEs ont plus
d’un an d’ancienneté. De plus, le nombre de nouveaux inscritEs au
chômage a augmenté en mars de 532 000 sur le mois (+ 0,2 %)... et le
nombre de cessations d’inscription et de radiations administratives ne
cesse de progresser : 250 000 en décembre ; 260 000 en janvier, 270 000
en mars. Dans ces conditions, le nombre d’inscrits à Pôle emploi a bien
fléchi de 8 000 en mars, mais le nombre de sans-emploi a moins baissé
que le nombre de chômeurEs à temps partiels ou radiés n’a progressé.
Rappelons enfin que depuis 2013, la véritable envolée de l’emploi
concerne les travailleurs à temps partiel à plus de 78 heures par mois
(+ 102 000).
Bref, en quatre ans, la précarité, le chômage n’a eu
de cesse d’augmenter... tout comme les cadeaux fiscaux aux entreprises
pour soi-disant relancer l’emploi...
Tirer les vrais bilans...et solder les comptes !
Depuis son arrivée au pouvoir, Hollande mène la même politique économique que ses prédécesseurs, en pire : baisse du « coût du travail » et
réduction des déficits avec une réduction historique des cotisations
sociales et de la fiscalité pour les entreprises, l’allongement de la
durée de cotisations à la retraite, le gel des minima sociaux, la hausse
de la TVA, la baisse des dépenses sociales, le gel du point d’indice
des fonctionnaires jusqu’en 2016 (que le dernier petit cadeau de début
de campagne, l’augmentation de la prime des enseignantEs du premier
degré, ne suffira pas à effacer...)…
Et ce serait cette politique
en faveur des plus riches qui donnerait aujourd’hui de bons résultats ?
Ce que le gouvernement et le PS oublient de dire, c’est que les
prétendus « bons » indicateurs économiques sont avant tout dus à
des facteurs macroéconomiques, à commencer par la baisse du taux de
change de l’euro qui joue en faveur des entreprises, du relâchement de
la contrainte budgétaire ainsi que la baisse continue du prix du
pétrole.
Cette euphorie d’en haut ne nous fera pas oublier les
conséquences de cette politique d’austérité sur la majorité des
salariéEs, des jeunes, du monde du travail : une pauvreté qui, tout
comme la précarité et le chômage, n’a cessé de progresser pour atteindre
14,2 % en 2014, et même 19 % chez les moins de 25 ans. Il est là, le
vrai bilan de cette gauche au pouvoir.
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