L’accord sur le nucléaire est en train de redessiner la carte politique du Moyen Orient.
Depuis des dizaines d’années, l’Arabie Saoudite a été un vigoureux
avocat du droit à l’existence d’un État Palestinien et un critique
mordant de l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza par les Israéliens.
L’engagement de l’Arabie Saoudite à l’égard de la Palestine définit les
contours géopolitiques du Moyen Orient depuis des décennies. Mais, à
présent que l’accord avec l’Iran sur le nucléaire est chose faite et
tandis que la guerre fait rage en Syrie, ces contours politiques sont en
train d’être redessinés et de réunir un couple étrange : l’Arabie
Saoudite et Israël.
Vendu comme « un dialogue révolutionnaire entre les dirigeants des
deux organes de sécurité nationaux de deux vieux adversaires », ce 5 mai verra une rencontre au sommet, à Washington D.C., d’officiels de haut
grade d’Arabie Saoudite et d’Israël. Le prince Turki bin Faisal, ex-chef
des services secrets d’Arabie Saoudite et ex-ambassadeur à Washington,
et le major-général à la retraite des Forces de Défernse Israéliennes
(IDF) Yaakov Amidror, ex-conseiller du premier ministre Benjamin
Netanyahou en matière de sécurité nationale, s’entretiendront à
l’Institut pour la Politique du Moyen-Orient de Washington, une
organisation pro-israélienne subventionnée par l’AIPAC, dont le
personnel est recruté et payé par l’AIPAC et logée dans l’immeuble qui
abrite le Quartier Général de l’AIPAC.
L’Arabie Saoudite n’a jamais entretenu de relations diplomatiques
avec Israël depuis la Nakba en 1948 et a même, à un moment donné dirigé
le boyott de l’État d’Israël. Et, quoique cette rencontre ne soit pas la
première du genre (l’Arabie Saoudite et Israël se sont déjà parlé
officiellement par le biais d’un panel, au Conseil des Relations
Extérieures l’an dernier), c’est réellement une rencontre au plus haut niveau qui est en cours.
Bien que voir s’acoquiner et se rencontrer officiellement des
violeurs de droits humains tels que l’Arabie Saoudite et Israël ne soit
pas tout à fait une surprise pour la plupart d’entre nous, cet
événement est quand même une mauvaise nouvelle, parce qu’il signifie que
le sponsor officiel de l’Initiative Arabe pour la Paix entre dans une
ère nouvelle de normalisation.
L’Initiative Arabe pour la Paix, également connue comme « Initiative
Saoudienne » est une proposition en dix points pour mettre fin au
conflit israélo-palestinien. Elle a été approuvée par la Ligue Arabe en
2002 et réapprouvée en 2007, et elle est appuyée par toutes les
factions palestiniennes, y compris le Hamas. L’initiative appelle à une
normalisation des relations entre le monde arabe et Israël, en échange
d’un retrait complet d’Israël de tous les territoires occupés (Jérusalem
Est inclus). Jusqu’à présent, cette proposition a été le projet le plus
viable pour une solution à deux états. Elle abordait aussi la question
des réfugiés palestiniens et en appelait à un « règlement juste », fondé
sur la résolution 194 de l’ONU.
Donc, en ce moment politique où Netanyahou ne montre aucune intention
de se retirer des Territoires Palestiniens Occupés et où, même,
certains de ses ministres réclament officiellement l’occupation de la
Cisjordanie, l’Arabie Saoudite semble abandonner ses engagements
historiques. En normalisant ses relations avec Israël sans exiger en
contrepartie une solution juste au conflit israélo-palestinien, l’Arabie
Saoudite diminue le poids qu’elle pouvait avoir dans les négociations
pour une solution à deux états.
D’une certaine manière, cette rencontre officialise la mort de
l’Initiative Arabe pour la Paix, mais plus encore, en tant que dernier
mécanisme en vue d’une solution régionale négociée, elle montre que la
solution à deux états est, elle aussi, officiellement morte.
Alli McCracken, Raed Jarrar - May 5, 2016 -
Alli McCracken est co-directrice du groupe feminin anti-guerre CODEPINK, dont le siège est à Washington D.C. –
Raed Jarrar est un militant politique arabo-américain de Washington D .C.
Article original : http://www.alternet.org/world/saudi-arabia-and-israels-gr…
Traduction et Source : Catherine l. pour Les Grosses Orchad
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