Si
Marx vivait encore, une nouvelle occasion d'ajouter une nouvelle
"saison" à sa "lutte des classes en France" lui serait fournie.
Tous les ingrédients dignes de son talent sont présents.
- Un président socialiste dévalué par ses reniements apparents mais largement prévisibles dès sa candidature.
- Un parti du président, jadis populaire, doyen des partis français, en
voie d’implosion entre deux minorités diamétralement hostiles et une
majorité, centriste, d’intérêts particuliers voire personnels.
- Une droite, idéologiquement unie, mais aux prises avec des ambitions personnelles aussi multiples que massacrantes.
- Et une extrême droite qui est unie sur une seule candidature, appuyée
sur un programme dont la véhémence attrape-tout permet, depuis des
décennies, une progression régulière au dessus des deux chiffres au delà
desquels la crédibilité devient préoccupante pour ses adversaires.
- Enfin une extrême gauche minoritaire qui se partage entre ceux qui
veulent refaire le Front Popu en unifiant les prolétaires de toute la
gauche et ceux qui, depuis 1917, rêvent au "Grand Soir" d’octobre 17 ou
de la "sociale" de 1848, ou 1871.
Tout ce monde essaie de peser,
au grès de chaque événement, sur les comportements politique de la
classe immensément majoritaire dans cette France du XXIe siècle, à
savoir ceux qui doivent travailler pour vivre, j’ai nommé le prolétariat
moderne fait d’autant de cols blancs que de cols bleus. Etant bien
entendu qu’une autre classe, extrêmement minoritaire en nombre, mais
extrêmement majoritaire sur les comptes bancaires, à savoir la
bourgeoisie, manoeuvre, elle, au grès des circonstances pour que ses
intérêts matériels gardent toujours leur primauté. Son parti est unique.
Jamais il ne participe directement aux élections ni au gouvernement,
mais le sous parti qui obtient son soutien a toujours de bonnes chance
de l’emporter, tant sont puissants les médias qu’il commande. Ce parti
unique, c’est le Medef.
Depuis janvier 2016, des observateurs se
demandent si le moment pour introduire la "réforme" du code du travail a
été bien choisi. Mais avait-il un autre moment disponible ? À un an des
présidentielles, le Medef commence à préparer ses chevaux. Le meilleur
cheval, Hollande le sait, sera celui qui aura donné les preuves les plus
tangibles. Dans les sondages, les autres sont devant, mais, dans leur
besace, ils ont des programmes, mais aucune garantie sur leur
application, alors que Hollande, lui, a, encore plus d’un an, pour faire
du concret.
Toute l’histoire de la loi El Khomri est là. Le
Medef veut faire baisser le prix de la force de travail. Si Hollande y
parvient, l’artillerie du patronat pourrait passer de son côté et dans
nos médias préférés, Juppé deviendrait alors trop vieux, Sarko trop
agité, Lemaire trop tendre etc... et finalement, avec un gros câble à la
patte, Hollande, pour cinq petites années, ne serait-il pas, parmi
tous, le plus passable ? Refrain sur tous les plateaux.....
Voilà
pourquoi le tandem Hollande-Valls a réalisé dans ses moindre détail un
montage où plusieurs sorties de secours étaient prévues sauf sur
"l’inversion des normes" et les heures sups à 10% (contre les 25%
actuels) ; deux éléments qui condamnent, rapidement, aussi bien les
conventions collectives (acquises en 36), qui alignent les situations
par le haut, que les 35h de Martine Aubry et leur cortège
insupportable, pour le Médef, de RTT. La commercialisation de ce produit
a été confiée à une enfant de l’immigration, sans doute pour montrer
que les immigrés apprécient les salaires en baisse.
Ainsi, pour
sauver une petite place dans l’histoire de France, et un brin de vanité,
Hollande aura, dans un accord tacite avec le Méfef, pris le risque
d’exploser son parti en reniant deux de ses plus positives actions
historiques. Reste une inconnue dans les plans hollandistes : comment
cette manip va s’interpréter dans la gauche du prolétariat ? Ici, ceux
qui avaient déjà de gros doute en 2012 ont, manifestement, fait des
petits. Alors que l’assiette du Médef déborde, celle du prolo ne
contient plus qu’une arête d’un minuscule poisson. Cette image
accompagne la contestation anti loi El Khomri qui dure depuis des mois,
et c’est finalement sans doute là que se joue la candidature de Hollande
puisqu’un retrait lui retirera, automatiquement, l’appui du Médef.
Du coup le retrait de cette loi remettrait la vrai gauche, celle qui ne
suivrait pas Macron (candidat de survie du hollandisme), au centre du
jeu avec une possibilité, si les égos individuels s’effaçaient devant
les intérêts des prolétaires, de battre, dès le premier tour, tous les
candidats du Médef. Et, du même coup, le combat contre cette loi
pourrait, de loin, dépasser son objet.
Les prochaines semaines vont donc être décisives pour toute la politique française.
Le Grand Soir
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