L’ONG israélienne B’Tselem, dont l’objet est de dénoncer les violations
des droits des Palestiniens et d’accompagner leurs plaintes, a décidé de
mettre fin à toute relation avec l’armée d’occupation, et ainsi servir
quelque peu de caution aux crimes de cette dernière.
B’Tselem a été créée il y a 25 ans, et avait jusqu’à présent,
encouragé le dépôt de plaintes auprès de l’armée israélienne, en aidant
les victimes palestiniennes à constituer les dossiers (rapports des
victimes elles-mêmes, de témoins, images, etc.)
Mais l‘organisation a fini par conclure que cette collaboration était
moralement inacceptable, parce que l’armée ment tout le temps, et qu’en
conséquence, continuer à « jouer le jeu » avec elle revenait à fournir
une caution à ses menées criminelles.
Les mécanismes d’enquête interne de l’armée israélienne sont une
plaisanterie de mauvais goût, estime B’Tselem, et il est temps d’arrêter
cette sinistre comédie.
Dans un communiqué diffusé mardi, B’Tselem refuse donc de servir plus
longtemps de « machine à laver » l’occupant militaire des territoires
palestiniens de Cisjordanie.
« Nous sommes progressivement arrivés à la conclusion que le système
d’enquête interne de l’armée est ainsi conçu qu’il interdit que justice
puisse être rendue à ses victimes. Pire, le simple fait que ce système
existe n’est qu’un vernis pour accréditer l’idée que l’Etat de droit et
la justice sont respectés », écrivent les auteurs du communiqué.
Au cours des 15 dernières années, B’Tselem a porté un total de 739
plaintes concernant des Palestiniens tués, blessés, utilisés comme
boucliers humains, ou dont les propriétés avaient été détruites ou
saccagées par l’armée d’occupation.
Dans 70 % des cas, aucune enquête n’a jamais été ouverte. Et au
final, seules 3% des plaintes ont donné lieu à des mises en cause de
militaires, le nombre de sanctions, même minimales, contre les auteurs,
se comptant sur les doigts de la main !
« En somme, pendant des années, nous avons contribué à diffuser,
auprès de la population palestinienne, le message qu’il était possible
d’obtenir justice et réparation, et qu’il était par conséquent utile de
porter plainte contre l’armée lorsque des violations étaient flagrantes
et documentées », commente à l’agence Ma’an Iyad Haddad, chercheur de
terrain pour B’Tselem.
« Nous avons eu tort. Car ce faisant, nous renforcions la crédibilité
d’un système incapable de donner des résultats et un quelconque
semblant de justice aux victimes », ajoute-t-il.
Karim Joubran, directeur de la recherche de terrain de B’Tselem, a
fait part de sa « honte » pour la collaboration passée, ajoutant que les
procédures revenaient à infliger une « double peine » aux victimes
palestiniennes, les plaignants se faisant très souvent maltraiter par
les « enquêteurs » de l’armée, pour un résultat finalement nul.
« On est devenus des sous-traitants de l’occupation », a sévèrement
résumé Yael Stein, un autre des responsables de B’Tselem, au cours d’une
conférence de presse présentant la décision de rompre avec ces
pratiques.
Et maintenant ? « Nous allons consacrer nos ressources à développer
une campagne en direction du public israélien, visant à dépouiller le
système de sa prétendue crédibilité », a indiqué Hagai Elad, le directeur
exécutif de l’ONG.
B’Tselem est déjà dans la mire du gouvernement d’extrême-droite qui
dirige Israël, et cela ne va pas s’arranger avec l’arrivée en renfort
d’Avigdor Lieberman, nouveau ministre de la « Défense ». Ce dernier,
avant de revenir aux affaires, a récemment qualifié B’Tselem de
« traitres » et de « terroristes », auxquels il fallait réserver le même
sort qu’à la résistance palestinienne.
Des projets de loi sont d’ailleurs à l’examen du parlement pour
interdire, ou a minima étouffer financièrement, celles des ONG
israéliennes qui critiquent l’occupation.
Mais pour Hollande/Valls, Israël reste bien " la grande démocratie du Proche-Orient ", et son armée "la plus morale du monde".
Source : Ma’an
CAPJPO-EuroPalestine
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