Qu'on se le dise, il y a les bons
référendums, et les autres. Le référendum sur Notre-Dame-des-Landes (remporté
par les partisans du transfert de l'aéroport avec 55%, et une participation de
51%) est un bon référendum, hautement démocratique, irréfutable. Et pour ne pas
s'incliner assez profondément devant son résultat, Cécile Duflot se fait rosser
comme elle le mérite par Patrick Cohen.
Le référendum britannique, en revanche,
n'était pas un vrai référendum. D'abord (et sur ce point, c'est incontestable)
parce que la campagne a été viciée par les mensonges
des Brexiteurs (1), et les prévisions
apocalyptiques des anti-Brexiteurs (2). Mais surtout, à en croire la déploration
médiatique quasi-unanime, il a été biaisé par les électeurs eux-mêmes. Comment
dit-on un instant d'égarement, en anglais ? Ils se mordent les doigts, les
Brexiteurs. Ah, si c'était à refaire ! Tout le week-end, dans la foulée des
medias britanniques anti-Brexit, les correspondants à Londres des medias
français sont partis à la chasse aux indices de ce remords des Brexiteurs. La
palme à cet
article du blog Big browser du Monde (3). « Je ne pensais pas que mon vote compterait
autant que ça, parce que je pensais que le maintien l’emporterait. La démission
de David Cameron m’a surpris », a ainsi déclaré en direct sur la BBC un
certain "Adam", citoyen de Manchester, se disant « choqué » du
résultat. Jamais un micro-trottoir n'aura eu de telles reprises. Il est vrai
qu'il est renforcé par cette pétition de trois
millions de signatures (4) (qui pourrait bien être partiellement une blague), qui a tenu
l'Europe en haleine tout le week-end, elle-même renforcée par une autre
pétition, réclamant l'indépendance de Londres (blague revendiquée, pour sa
part, mais traitée dans le même lot que l'autre, pour faire le bon poids).
Ça ne suffit pas ? Les
correspondants à Londres interviewent
eux-mêmes des Londoniens (5) : un "Peter, 45 ans, banquier de la
City", un "designer de vêtements", le "patron
d'une petite entreprise de construction", et "le propriétaire
d'un magasin de sucreries et d'un petit business sur E-Bay".Ça ne
suffit toujours pas ? Le Monde se précipite pour reprendre dans un
article sur "l'amertume
de jeunes Britanniques" (6), un clip larmoyant de jeunes bouleversés par
le résultat, concocté par le Guardian (et encore le titre initial,
corrigé par une main anonyme, mais trahi par l'URL, parlait "des"
jeunes Britanniques).
Un seul problème : cette tranche d'âge n'est pas allée
voter. Ce qui n'est d'ailleurs pas entièrement de sa faute, mais aussi de celle
du gouvernement Cameron qui, pour lutter contre la fraude, avait durci les
conditions de participation au scrutin, comme le
signalait également Le Monde (7), avant le vote. Ce qui constitue encore un
indice du génie politique de Cameron, seul enseignement à peu près indiscutable
de ce scrutin.
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