Gilles Devers
L’anaconda
est le sympathique serpent qui s’enroule autour de ses victimes pour
les étouffer. Mais « Anakonda », c’est aussi l’un des plus importants
exercices militaires conduits par l'Otan,
en Europe, et qui se tient depuis 10 jours en Pologne. Plus de 30
000 hommes de 19 nationalités qui s’organisent contre une invasion par «
l’Union des Rouges »…
Dans cette coalition européenne contre la Russie,
les soldats les plus nombreux sont… les étasuniens : 14.000. Hé oui…
Dans le même temps, l’Otan renforce systématiquement les structures
militaires aériennes en Europe et met la pression sur les Etats-membres
pour augmenter les budgets militaires. Donc, pas de bases de l’Otan dans
les anciens pays du pacte de Varsovie, selon l’engagement pris, mais une mainmise aussi indirecte que ferme des États-Unis (Amérique du Nord, Territoire indien occupé).
Vu
qu’on parle de référendum ces jours-ci, ce serait peut-être bien un
référendum européen pour déterminer si la Russie, ce grand voisin si
proche de nous, doit devenir notre ennemi principal…
Sur le sujet, voici un intéressant texte de Manlio Dinucci, publié le 7 juin.
Dans les anneaux de l’Anaconda
Manlio Dinucci
Aujourd’hui
en Pologne commence l’Anakonda 16, « le plus grand exercice allié de
cette année » : y participent plus de 25mille hommes de 19 pays Otan
(USA, Allemagne, Grande-Bretagne, Turquie et d’autres) et de 6
partenaires : Géorgie, Ukraine et Kosovo (reconnu comme Etat), de fait
déjà dans l’Otan sous commandement USA ; Macédoine, qui n’est pas
encore dans l’Otan du fait seulement de l’opposition de la Grèce sur la
question du nom (le même que celui d’une de ses provinces, que la
Macédoine pourrait revendiquer) ; Suède et Finlande, qui se rapprochent
toujours plus de l’Otan (elles ont participé en mai à la réunion des
ministres des affaires étrangères de l’Alliance). Formellement,
l’exercice est sous conduite polonaise (d’où le « k » dans le nom), pour
satisfaire l’orgueil national de Varsovie. En réalité il est sous
commandement de l’US Army Europe
qui, avec une « aire de responsabilité » comprenant 51 pays (y compris
toute la Russie), a la mission officielle de « promouvoir les intérêts
stratégiques américains en Europe et Eurasie ». Chaque année, il effectue
1000 opérations militaires dans plus de 40 pays de l’aire.
Le US Army Europe participe à l’exercice avec 18 de ses unités, parmi lesquelles la 173ème
Brigade aéroportée de Vicence. L’Anakonda 16, qui se déroule jusqu’au
17 juin, est clairement dirigé contre la Russie. Il prévoit « des
missions d’assaut de forces multinationales aéroportées » et d’autres y
compris dans l’aire baltique au bord du territoire russe.
À la veille de l’Anakonda 16, Varsovie a annoncé qu’en 2017 elle
augmentera les forces armées polonaises de 100 à 150 mille hommes, en
constituant une force paramilitaire de 35 mille hommes dénommée « force
de défense territoriale ». Distribuée dans toutes les provinces, à
commencer par celles orientales, elle aura comme mission d’ « empêcher la
Russie de s’emparer du territoire polonais, comme elle a fait en
Ukraine ».
Les
membres de la nouvelle force, qui recevront un salaire mensuel, seront
entraînés, à partir de septembre, par des instructeurs étasuniens et
Otan sur le modèle adopté en Ukraine, où ceux-ci entraînent la Garde
nationale comprenant les bataillons néo-nazis. L’association
paramilitaire polonaise Strzelec, qui avec plus de 10mille hommes
constituera le nerf de la nouvelle force, a déjà commencé son
entraînement en participant à l’Anakonda 16. La constitution de la force
paramilitaire, qui sur le plan intérieur fournit au président Andrzej
Duda un nouvel instrument pour réprimer l’opposition, participe à la
montée en puissance militaire de la Pologne, avec un coût prévu de 34
milliards de dollars d’ici 2022, encouragée par USA et Otan en fonction
anti-russe.
Les
travaux ont déjà commencé pour installer en Pologne une batterie de
missiles terrestre du système étasunien Aegis, analogue à celle qui est
déjà en fonction en Roumanie, qui peut lancer aussi bien des missiles
intercepteurs que des missiles d’attaque nucléaire. En attendant le
sommet Otan de Varsovie (8-9 juillet), qui officialisera l’escalade
anti-Russe, le Pentagone se prépare à déployer en Europe une brigade de
combat de 5 mille hommes qui roulera entre la Pologne et les pays
baltiques.
En
même temps s’intensifient les exercices USA/Otan dirigés contre la
Russie : le 5 juin, deux jours avant l’Anakonda 16, a commencé en Mer
Baltique le Baltops 16, avec 6100 militaires, 45 navires et 60 avions de
guerre de 17 pays (Italie comprise) sous commandement USA. Y
participent aussi des bombardiers stratégiques étasuniens B-52. À
environ 100 miles du territoire russe de Kaliningrad.
C’est
une escalade ultérieure de la stratégie de la tension, qui pousse
l’Europe à une confrontation non moins dangereuse que celle de la guerre
froide. Sous la chape de silence politico-médiatique des « grandes
démocraties » occidentales.
Edition de mardi 7 juin 2016 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Liste des participants sur : http://www.eur.army.mil/anakonda/default.htm

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