Une fois n’est pas coutume, un article du Parisien qui illustre jusqu’à la nausée dans quel état d’ignominie notre pays est aujourd’hui tombé.
Heurté par les promesses non tenues sur son statut d’invalide,
Djamel, blessé lors des attentats du 13 novembre, veut entamer une grève
de la faim.
Il y a un an, Djamel C. marchait sur ses deux jambes. Avec ses deux
bras et une énergie hors du commun, cet entrepreneur de 36 ans
travaillait au développement d’une entreprise de prêt-à-porter. Et puis
il y a eu la nuit du 13 novembre. Et maintenant ce sentiment d’abandon
qui le pousse à envisager une grève de la faim.
Ce 13 novembre, des terroristes surgissent sur la terrasse de la
Belle Équipe à Paris (XIe). Les balles claquent. Quatre pulvérisent son
corps. Deux dans sa cuisse gauche, une dans ce bras gauche qui ne répond
plus à ses ordres, la dernière dans sa jambe droite, qui a fini par
être amputée en mars. Originaire du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), il
réside aujourd’hui à l’hôtel des Invalides, où sont accueillis les
mutilés de guerre. Ses projets entre parenthèses, Djamel vit en fauteuil
roulant.
Il y a dix jours, la secrétaire d’État assurait que son dossier était réglé
Face à lui se dresse un parcours d’obstacles administratifs pour faire valoir ses droits. À
deux reprises, la maison départementale des personnes handicapées de la
Seine-Saint-Denis (MDPH) lui a refusé la carte d’invalidité.
Un document qui a pour but d’attester qu’une personne est en situation
de handicap. Après le premier refus, « le Parisien » - « Aujourd’hui en
France » avait contacté la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux
victimes. « À l’heure où je vous parle, son dossier est réglé sur la
question de son inscription aux droits MDPH », nous avait assuré
Juliette Méadel sans ciller, le 24 juin.
Sauf qu’il y a deux jours Djamel a reçu un courrier — que nous avons
pu consulter — indiquant que cette carte d’invalidité lui était à
nouveau refusée. Son dossier n’a donc pas été réglé, contrairement au
dire de la secrétaire d’État. Des petits arrangements avec la réalité
qui exaspèrent Djamel. Dépité, il a décidé d’entamer une grève de la
faim, dès demain. « C’est insupportable, on nous balade »,
s’insurge-t-il. « Si l’État n’est pas capable de régler nos problèmes,
ce n’est pas la peine de nommer quelqu’un qui fait semblant de
s’intéresser à nous. On n’a pas besoin de visites de ministres. On veut
que les dossiers avancent. Je ne veux plus avoir affaire avec ce
secrétariat d’État. »
Le désespoir et la colère le débordent. Le dépit aussi. Vendredi
soir, Djamel a reçu un appel de la directrice de cabinet de Juliette
Méadel. « Elle m’a demandé de ne pas parler de mon cas aux médias, que tout allait lui retomber dessus.
Mais on n’en peut plus ! Rien n’avance, on est trop nombreux dans ce
cas », se désole celui qui a décidé de résister aux pressions.
Demain,
il cessera de s’alimenter, dans l’espoir que l’exécutif prenne enfin ces
dossiers à bras-le-corps.
Source : Le Parisien
Le Yéti
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