Chacun croyait que le matamore de Matignon avait touché le fond du cynisme et de « l’horreur politicienne »... Que nenni !
Tout
fait ventre à ce « chicago-boy » à la française pour se refaire la
cerise dans l’opinion. Quitte à la caresser dans le sens le plus
crasseux du poil. Quitte à créer une atmosphère irrespirable. Quitte à
enfanter de nouveaux monstres, utiles pour en appeler à « l’union
nationale », à « l’union sacrée », et reléguer la lutte des classes, la
question sociale... livrées aux compétences de ses amis du MEDEF.
Quitte à jouer avec des barils de poudre. Quitte à diviser durablement
les peuples. Quitte à attiser les haines et la déshumanisation. Quitte à
recevoir les encouragements intéressés de la droite. Quitte à accélérer
le « génocide » des valeurs de « la gauche », à faire table rase de son
patrimoine, à plonger des millions de braves gens dans la déshérence,
le désespoir. Quitte à instrumentaliser des colères légitimes vers des
objectifs au plus haut point dangereux.
Les poubelles de l’histoire retiendront qu’un premier ministre «
socialiste » s’est essayé, par calcul, à reprendre le discours fascisant
de l’extrême droite sur « la guerre de civilisation », théorie
développée surtout depuis le « best seller » (1997) du spécialiste
américain en relations internationales Samuel Huntington, reprises par
le médiocre, mais va-t-en guerre président George W. Bush, et son petit
élève français, N. Sarkozy. G. Bush, le papa du liberticide « Patriot
Act », qui a inspiré Manuel Valls pour sa « loi de renseignement » et de
flicage généralisé... Valls serait-il un « néoconservateur » à la
française ?
L’amalgame (volontaire) suggéré, entre Islam et terrorisme, Islam
et barbarie, n’est pas nouveau, mais n’en demeure pas moins dévastateur.
Quant à l’opposition entre civilisation et barbarie, elle n’est pas
nouvelle non plus dans l’histoire, la « civilisation » étant bien
entendu le « monde occidental ». Elle a servi toutes les mauvaises
causes, tous les satrapes, tous les impérialismes, tous les saigneurs de
peuples, depuis des siècles.
En réveillant « l’esprit de croisade », en jouant politiciennement
sur les amalgames, les réactions viscérales, le matamore M. Valls avance
et amplifie des valeurs antinomiques aux traditions humanistes et
progressistes françaises. À vouloir copier Marine, il risque d’ouvrir la
voie à des eaux fangeuses et à des flots mortels pour la démocratie.
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