C’est passé comme une lettre à la poste. À Dallas (Amérique du Nord, territoire indien occupé) la police a envoyé contre un délinquant un robot tueur chargé d’explosifs,
pour faire péter le mec. Et c’est exactement ce qui s’est passé.
Donc,
dans une des plus grandes villes des Etats-Unis (1,3 millions
d’habitants), le chef de la police renonce à maîtriser une situation, et
fait exploser un concitoyen.
- L’enquête progresse ?
- Fous nous la paix avec ton enquête. Notre robot a liquidé le mec.
Et des commentaires hallucinants : Oui, mais bon,… ça pose un problème éthique.
Ethique ? Non, strictement juridique : un assassinat (meurtre avec
préméditation) commis par le chef de la police ! Spinoza, reviens, ils
sont devenus fous…
Je me garde bien de parler de la police de Dallas, dont je ne sais rien, et qui a priori rend des comptes assez sérieux sur son action.
La question posée, c’est le fait d’avoir le 8 juillet 2016 lâché contre Micah Johnson, un jeune retraité de la guerre en Afghanistan, 25 ans, un robot guidé pour faire exploser une bombe et tuer.
David Brown,
le chef de la police, n’a pas été trop loquace, expliquant que remplir
sa mission – arrêter les délinquants et les présenter à un juge – «aurait fait courir un grand danger aux policiers». Certes. Mais ça ne va pas suffire à nos cerveaux rationnels. Le
robot tueur est une arme. Dans un Etat de droit, les armes confiées à
la police sont listées par les textes.
Question : quelle loi ou
quel décret décrit les caractéristiques de cette arme ? Qui décide de
l’acquisition de telles armes ? Les robots sont utilisés en temps de
guerre, sur le théâtre des opérations. Comment une arme de guerre
peut-elle se retrouver dans les mains de la police ?
Tuer avec intention est un crime. David Brown affirme
que c’était la seule solution possible. Qui a pris la décision, et
comment ? Y-a-t-il une réunion de staff ? Il y a sûrement une
concertation avant de constater que la police est impuissante à tel
point que la seule solution est d’envoyer une bombe sur le type. Alors
ça se discute où, le choix de tuer ? À partir de quelles infos ? De
quelles lois ? De quels critères ? Y-a-t-il le contrôle d’un juge ? D’un
procureur ? L’ordre est-il écrit ? Qui a accès au compte rendu ? Mike Rawlings, le maire de Dallas,
a approuvé. Mais le maire a-t-il des pouvoirs judiciaires ? Et il a
quelles infos pour se prononcer ? Il sait quoi de l’arme ? La police
a-t-elle violé le secret en lui donnant des informations
confidentielles ?
C’est
quand même sidérant : un robot tueur a largué une bombe sur un
concitoyen, et il n’y a pas le moindre contrôle judiciaire. J’espère
vivement que la famille de Micah Johnson va déposer plainte, pour que
l’on sache dans quel cadre juridique et en fonction de quelles décisions
humaines un robot peut tuer.
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