Il est encore temps que les responsables politiques français aient le
courage d'annuler la candidature de Paris à des Jeux à la fois coûteux
et propres à exacerber les nationalismes.
François Hollande a fait le voyage de Rio de Janeiro pour vendre
l’organisation des Jeux Olympiques de 2024 à Paris. Alors que plusieurs
villes importantes comme Toronto, Hambourg ou Boston ont renoncé à être
candidate. Faute, est-il en général expliqué, « de soutien populaire ».
Pas difficile de comprendre la méfiance des populations devant un
événement qui transforme une cité en enfer pendant les années
d’aménagements et les quelques semaines de compétition ; et devant une
dépense qui se révèle toujours plus importante qu’annoncée ; laquelle ne
profite qu’à quelques grandes entreprises et au lobby des commerçants.
Tout en provoquant des hausses de loyers qui profitent d’abord à ceux
qui monopolisent des appartements pour les louer aux touristes.
Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner ce qui s’est passé en
Grèce ou à Sotchi où la plupart des installations ont été abandonnées ou
bien à Pékin ou à Londres, où les nouvelles constructions n’ont pas
profité à la population. Sans oublier que, dans ces quatre villes comme à
Rio, des quartiers entiers ont été rasés et des milliers de personnes
ont été délogées en général sans compensations et évidemment sans leur
avis. Un phénomène qui se constate actuellement à Tokyo où les jeux
prévus pour 2020 ont déjà entraine plusieurs scandales et une vague de
corruptions. Quant à Rio, où les Cariocas sont majoritairement très
sceptiques sur le bien fondé de Jeux qui ont accumulé les destructions
et les dépenses hors de proportions avec la crise économique vécue par
tout le pays, l’impact négatif y est évident avant même que la « fête »
(pour qui ?) ne commence.
Quant aux promesses toujours renouvelées et jamais tenues, d’organiser des «Jeux Olympiques verts»,
elles ne représentent que des astuces de communication destinées à
leurrer les citoyens concernés. Une illusion aussi répandue que
l’affirmation, à chaque fois, que les investissements seront modestes.
Qui va sérieusement croire que les Jeux proposés à Paris ne couteront
que 6,2 milliards d’euros alors que les dépenses (au moins celles
avouées), ont été de 12 milliards pour Londres, 9,6 pour Athènes et 26
pour Pékin. Des chiffres qui masquent une réalité plus grave car il ne
faut pas oublier que, pour Londres par exemple, le coût annoncé était de
5 milliards d’euros.
Donc il serait sage, pour François Hollande et pour Anne Hidalgo,
qu’ils renoncent à une candidature ruineuse qui ne servira, l’exemple de
l’Euro de foot l’a montré, qu’à l’exacerbation des nationalismes et aux
entreprises de BTP qui ne manqueront pas d’aller chercher leur main
d’œuvre dans des pays pratiquant le dumping social.
En ce qui concerne l’intérêt supposé des Français, il faut se
souvenir que les places pour la moindre compétition se vendent (comme à
Londres, comme à Rio) à des prix hors de portée de la majorité des
citoyens ; et que le principal (si non le seul) bénéficiaire des Jeux
est le Comité Olympique International, organisme de droit suisse à «
buts non lucratifs » qui ramasse les milliards de droits mondiaux de
retransmissions télévisées sans payer d’impôts aux pays organisateurs.
Monsieur Hollande, Madame Hidalgo, il serait sage, pour de multiples
raisons, de renoncer à la candidature de Paris. Et quant à la maire de
Paris, elle devrait se concentrer sur la mission que lui ont confiée les
électeurs : limiter le nombre de voitures dans la capitale et la rendre
plus habitable pour les Parisiens.
À se demander si l'engagement de Paris pour les Jeux, comme celui
visant à l'organisation d'une Exposition Universelle, n'est pas le
résultat d'un marchandage visant à octroyer sa pleine souveraineté à la
capitale...
politis.fr

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