Un emploi, sauvé, super. Mais quelle cohérence économique, et quelle égalité entre les citoyens ? Je suis un débutant en économie, mais je suis curieux, et je pose des questions.
Alstom,
c’est 400 emplois, et le coût direct pour l’Etat – juste pour l’achat
des 15 TGV – c’est 500 millions d’euros. Donc 1,2 million pris sur le
budget de l’Etat par emploi. Est-ce que mon calcul est juste ? Est-ce
qu’il y a un endroit où l’on débat de ce genre de questions avant
d’engager l’argent public ?
Alstom
Belfort cale parce qu’il n’a plus de commandes de TGV, et il n’y a plus
de commandes parce que la SNCF n’a plus besoin de TGV. Mais comme il
faut des TGV pour sauver les 400 emplois, on va installer des TGV… sur
des lignes classiques, à la place des Intercités, où ils vont rouler au
maxi à 200 km/h, alors qu’ils sont construits pour 320. Sur le même
modèle, je propose à l’Etat d’installer des salles de chirurgie dans les
EHPAD, ce qui va doper l’industrie, de passer des commandes d’études
parfaitement inutiles aux cabinets d’avocats, ça leur fera du chiffre
d’affaires, et de faire patrouiller les flics dans des Renault Talisman,
pour le prestige de la nation. Egalement, cet hiver merci de laisser
les fenêtres ouvertes quand vous chaufferez votre appartement, c’est
pour assurer des bonnes affaires à EDF.
Je
n’ai rien compris… car ces TGV c’est pour les futures lignes TGV du
Sud Ouest. On anticipe, mon fils ! Certes, mais j’ai lu jeudi dernier le rapport du Sénat qui demande à l’Etat de « geler
pendant une quinzaine d'années le financement des nouveaux projets de
lignes à grande vitesse (LGV) et de donner la priorité à la
modernisation des réseaux existants ». Pour ce groupe paritaire
droite/gauche, les projets de LGV reliant Bordeaux à Toulouse et Dax,
Poitiers à Limoges et Montpellier à Perpignan « apparaissent comme des
investissements excessifs » et leur construction « mérite d'être
différée, à tout le moins pendant une quinzaine d'années ». Exactement
ce qu’avait conclu le rapport d’enquête publique, mais le gouvernement
était passé outre.
Et si le Sénat se cabre, c’est parce qu’il fait siennes, enfin, les analyses de la Cour de Comptes. Dans son rapport sur les trains à grande vitesse publié le 23 octobre 2014, la Cour des comptes disait tout de l’impasse ruineuse des TGV : « La grande vitesse ferroviaire, un modèle porté au-delà de sa pertinence ».
Depuis
2008 par un trafic en stagnation : « La rentabilité des lignes diminue
au fil de nouveaux projets de plus en plus coûteux », avec de longs
développements pour conclure : « Le financement des projets de LGV déjà
décidés n’est donc pas assuré ». En clair : les élus foncent, et les
déficits catastrophiques qui s’annoncent seront à la charge du
contribuable, en dehors de toute logique, alors que la seule voie
raisonnable est d’améliorer le classique existant.
Première mesure à prendre : « limiter la circulation des TGV aux lignes à grande vitesse ».
- Donc, pile l’inverse de ce qu’annonce le gouvernement ?
- Et oui.
- Bon. Mais il y quand même les commandes de TGV pour le Paris-Turin…
- Ce n’est pas mieux !
Ce
29 aout, la Cour des comptes a rendu public un rapport sur l’Agence de
financement des infrastructures de transport de France (AFITF), qui est
la structure de l’Etat qui finance le Lyon-Turin. Pour le moment, on
parle du tunnel, à 8,6 milliards d’euros, dont 2,2 milliards pour
l’AFITF. Problème : les comptes de l’AFITF sont explosés.
La
Cour des comptes explique que l’AFIFT comptait sur les produits de
l’écotaxe poids lourds, qui a été enterrée. Un trou d’air… Fin 2015,
l’AFIFT cumule 700 millions d’euros de dette, et on va mécaniquement
ajouter 600 millions d’euros de plus à l’horizon 2019. Un projet « hors
de portée budgétaire de l’agence »…
- Comme c’est hors de portée budgétaire, on va le faire… et à grande vitesse !
- Oui, t’as tout compris.
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