Plus de cinq ans et demi après la catastrophe de Fukushima, la
centrale dévastée continue de produire à grande échelle de l’eau
contaminée.
800.000 tonnes d’eau remplissent déjà plus de mille
réservoirs alignés à perte de vue après avoir été pompées dans les
sous-sols de la centrale par l’opérateur Tepco. L’eau injectée pour
refroidir les réacteurs s’y mélange avec celle qui provient de
l’infiltration des nappes phréatiques, qui est à son tour polluée.
Afin de limiter la quantité d’eau contaminée en déviant les nappes
phréatiques, l’opérateur a choisi d’encercler les bâtiments des
réacteurs par un mur souterrain en gelant le sol à une profondeur de 10
mètres, une technologie jamais déployée à cette échelle et dont le
résultat est loin de donner pleine satisfaction. L’eau s’infiltre quand
le mur n’est pas gelé, avec comme seule solution de bétonner là où le
gel ne prend pas, ou bien emprunte les nombreuses galeries souterraines
présentes sur le site qu’il faut murer. Mais des experts craignent que
la nappe phréatique trouve un passage par dessous le mur de permafrost
artificiel. Dans l’immédiat, Tepco ne fournit aucune donnée sur la
quantité d’eau contaminée pompée, qui devrait diminuer, interdisant de
mesurer l’efficacité du dispositif actuel, qui n’est pas achevé.
Vider les sous-sols de la centrale des masses d’eau contaminée pour y
avoir accès est un préalable à la localisation des trois coriums, qui
n’est toujours pas effective. S’il est acquis que les cuves d’acier des
réacteurs n’ont pas résisté, les semelles en béton qui constituent le
socle des réacteurs ainsi que le dernier rempart ont elles au contraire
fait leur office ? La réponse à cette question est déterminante pour
l’avenir.
Cinq robots ne sont pas revenus de leurs explorations souterraines
dans les parties sèches des réacteurs, en raison du très haut niveau de
radioactivité ambiante ou bien de la présence d’obstacles
insurmontables.
L’exploration de la centrale n’allant pas de soi, parler
de son démantèlement est une option toute théorique qu’il faudra
vraisemblablement abandonner. Le plus tard possible, car cela sonnerait
le glas de la relance du parc nucléaire japonais.
pauljorion.com
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