samedi 5 novembre 2016

Éducation nationale : une révolution pédagogique s'impose

Photo : ReporterrePierrick Tillet    

J’ai récemment partagé un excellent article de Reporterre sur les pédagogies alternatives à celle préconisée par l’Éducation nationale. Je ne reviendrai pas ici sur le propos du billet lui-même, ni sur la qualité des pédagogies proposées (Montessori, Freinet, etc.), mais sur les réactions passionnelles que mon “partage” a déclenchées.

Ces réactions étaient de trois ordres :
  • les pédagogies alternatives s’adressent à un public marginal, souvent privilégié ;

  • les pédagogies alternatives vont contre le principe de l’égalité de tous devant l’école et renforcent les déterminismes sociaux ;

  • les pédagogies alternatives sont incompatibles avec le monde du travail que devront affronter plus tard les écoliers, collégiens et lycéens.
Ces réactions sont a priori tout à fait recevables… sauf qu’elles s’appuient sur un état de fait imposé par l’Éducation nationale et des règles sociales du travail privilégiant exclusivement le cadre actuel de l’entreprise privée.

Le problème n’est pas de savoir qui dispensent ces pédagogies alternatives, ni pour qui en l’état présent, mais de savoir si elles peuvent et doivent être généralisées à l’ensemble de l’Éducation nationale.

De ce fait les objections tomberaient d’elles-mêmes puisque ces pédagogies profiteraient à tout le monde sans exclusive et induirait très probablement un changement de comportement vis-à-vis du monde du travail, sinon un changement radical de celui-ci.

Le monde d’après sera déterminé par ce que nous ferons de notre système scolaire

On mesure l’immensité de la tâche, mais on perçoit aussi aisément son impérieuse nécessité.
Il s’est évidemment trouvé des objecteurs pour vanter aveuglément « le modèle français que les étrangers nous envient » et qu’il n’est par conséquent nul besoin de modifier.  Quoi qu’on pense de sa pertinence, le dernier classement PISA (qui évalue tous les trois ans les élèves de 15 ans dans le monde entier) a fait descendre la France de Jules Ferry au 25ème rang mondial en matière de niveau scolaire.
Et pour avoir travaillé moi-même plus de trente ans avec les enseignants et leur hiérarchie, du primaire à la fin du secondaire, je peux assurer que le monde officiel de notre Éducation nationale est devenu une véritable catastrophe en matière de formation des enseignants, de conditions de travail dans les établissements et de pédagogie aussi fumeuse que complètement larguée.
Le monde actuel de notre Éducation nationale est exactement à l’image navrante de notre système capitaliste moribond et de sa grille hiérarchique fossilisée. Toujours selon le classement PISA, ce n’est certainement pas pour rien que l’excellence en matière scolaire se trouve aujourd’hui dans les pays émergents d’Asie, tandis que le modèle néolibéral américain patauge, lui, à la 36e place.

Le monde d’après que nous construirons commence précisément par une remise en question radicale de nos pratiques pédagogiques.

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Le Yéti

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