L’opinion publique est invitée à croire
que la mondialisation aboutira à une organisation rationnelle et avisée
de la planète. Aveuglement absolu.
En vérité, les grandes institutions
internationales, en premier lieu l’Organisation des Nations unies,
paraissent avoir perdu tout pouvoir, toute autorité alors que la
mondialisation aurait dû fortifier leur position morale et politique. Et
si la mondialisation n’était qu’une illusion ? En effet, hors du
système économique et financier, qu’y a-t-il de réellement mondialisé,
globalisé, sur Terre ? Il semble que la peur de l’uniformisation ait bien
au contraire accusé les divisions, excité les identités, réveillé les
communautarismes, embrasé les vieilles querelles. Des pays, comme la
Turquie, l’Inde, qui avaient pacifié les relations entre leurs
communautés, renouent avec l’intolérance envers les minorités. Des
ensembles en construction comme l’Union européenne se défont maille par
maille. Les religions s’arment. Partout poussent des despotes
nationalistes prêts à en découdre avec leurs voisins. La globalisation a
tourné court et encouragé la résurgence de la guerre dans toutes les
régions du monde.
Le progrès et la démocratie sont réputés
devoir l’emporter au terme d’un long mais irrésistible processus. Encore
une illusion ! La dérive nationaliste n’affecte pas seulement les pays
en proie aux conflits ethniques. Elle atteint aussi les démocraties qui
regardent d’un œil de plus en plus favorable ces « démocratures » où un
pouvoir fort impose sa volonté tout en flattant les foules. Le «
populisme » est souvent désigné comme l’agent de cette dérive. Il n’est
que le fruit des échecs multiples enregistrés par les gouvernements qui
n’ont que trop joué avec le contrat social à la base de toute
démocratie. Même l’Europe, qui aime se faire passer pour la mère de
toutes les sagesses, est le théâtre de cette dérive qui risque d’aller à
son terme, tant l’entêtement borné de ses dirigeants, l’épuisement
idéologique de ses partis contrastent avec la vitalité d’une société
qui, n’en pouvant plus d’attendre, finira par miser, si aucune nouvelle
offre politique ne survient, sur le plus audacieux – pourquoi pas ? –,
sur le plus dangereux.
Les puissances émergentes, étaient
supposées entraîner l’économie mondiale jusqu’en 2030, donner un coup de
jeunesse à la civilisation entière. Arrêtons de nous mentir. La réalité
est là, criante, et elle clame le contraire. La plupart de ces États
sont parvenus au terme du parcours du combattant qui mène de la
corruption au surendettement, du surendettement à la poigne de fer.
Pourquoi a-t-on refusé de voir qu’à l’évidence ces puissances émergentes
finiraient par tomber dans la nasse tendue par les fonds spéculatifs
qui les ont rackettées et 13 qui veulent maintenant tirer bénéfice au
centuple de leur générosité intéressée? Le pillage de l’Argentine par
les fonds « vautours» en annonce bien d’autres.
On ne cesse de célébrer le nouvel ordre
économique et financier dominé par la Banque mondiale, le FMI et les
banques centrales. Devenons enfin lucides ! On a longtemps cru qu’il y
avait un pilote dans l’avion. Regardons la réalité. D’un côté l’enfer du
sous-développement, de l’autre les paradis fiscaux, le shadow banking
et les hedge funds. D’un côté la moitié de la population mondiale, de
l’autre une centaine de crésus qui suceront jusqu’à sa dernière goutte
le sang du dernier miséreux. Cela peut-il durer ? Non. Le capitalisme n’a
de sens que s’il crée de la richesse. Sinon il se consume. De nombreux
indices montrent que l’on est à la fin d’un cycle. Taux de crédit
négatifs, apparition de monnaies alternatives, naissance d’une société
du partage. Et ce n’est que le début d’une mutation qui va miner de
l’intérieur un système absurde dont il faut cependant attendre, avant
qu’il ne s’asphyxie, une ultime tentative : l’accaparement direct de pays
riches en matières premières.
L’humanité ne résoudra ces problèmes dans
les dix années qui viennent que si elle s’en occupe elle-même. Il n’y
aura jamais d’intelligence supérieure à l’intelligence humaine. Or,
d’intenses campagnes de communication tentent d’infantiliser l’homme, de
le dessaisir de sa liberté de penser son présent, d’imaginer son
avenir. Un attentat aussi grossier, aussi grotesque contre la personne
humaine n’a jamais été commis dans l’histoire. Attention ! On est en
train de nous vendre l’idée que les technologies numériques seront
capables de tout résoudre à notre place, que l’intelligence artificielle
surpassera mille fois la nôtre… Disons-le haut et fort :
l’informatisation n’ouvre pas une nouvelle ère au terme de laquelle
l’homme devrait céder la direction de son destin à la machine.
L’informatisation n’est qu’une technologie dont le potentiel n’est pas
infini (comme vient de le réaffirmer la communauté scientifique en
invalidant la « loi de Moore » qui prévoyait la progression exponentielle
du numérique). Non, le digital n’annonce pas l’avènement d’une nouvelle
Renaissance ! Encore moins d’un « transhumain »… Pourquoi pas du Messie ?
Provocation ou incitation ? En 2016, les
organisateurs du Forum de Davos ont célébré en tant qu’homme de l’avenir
un robot de 80 kg répondant au nom de Hubo, construit par un organisme
coréen, Advanced Institute of Science and Technology. Hubo sait monter
et descendre un escalier, conduire une voiture, porter une valise. Si
l’avenir de l’homme se réduit à ces fonctions, il y a de quoi
s’interroger…
Via La Vidure
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