mardi 28 février 2017

Le monde en 2025

Résultats de recherche d'images pour « Le monde en 2025 »Bernard Lecherbonnier              

L’opinion publique est invitée à croire que la mondialisation aboutira à une organisation rationnelle et avisée de la planète. Aveuglement absolu.

En vérité, les grandes institutions internationales, en premier lieu l’Organisation des Nations unies, paraissent avoir perdu tout pouvoir, toute autorité alors que la mondialisation aurait dû fortifier leur position morale et politique. Et si la mondialisation n’était qu’une illusion ? En effet, hors du système économique et financier, qu’y a-t-il de réellement mondialisé, globalisé, sur Terre ? Il semble que la peur de l’uniformisation ait bien au contraire accusé les divisions, excité les identités, réveillé les communautarismes, embrasé les vieilles querelles. Des pays, comme la Turquie, l’Inde, qui avaient pacifié les relations entre leurs communautés, renouent avec l’intolérance envers les minorités. Des ensembles en construction comme l’Union européenne se défont maille par maille. Les religions s’arment. Partout poussent des despotes nationalistes prêts à en découdre avec leurs voisins. La globalisation a tourné court et encouragé la résurgence de la guerre dans toutes les régions du monde.
Le progrès et la démocratie sont réputés devoir l’emporter au terme d’un long mais irrésistible processus. Encore une illusion ! La dérive nationaliste n’affecte pas seulement les pays en proie aux conflits ethniques. Elle atteint aussi les démocraties qui regardent d’un œil de plus en plus favorable ces « démocratures » où un pouvoir fort impose sa volonté tout en flattant les foules. Le « populisme » est souvent désigné comme l’agent de cette dérive. Il n’est que le fruit des échecs multiples enregistrés par les gouvernements qui n’ont que trop joué avec le contrat social à la base de toute démocratie. Même l’Europe, qui aime se faire passer pour la mère de toutes les sagesses, est le théâtre de cette dérive qui risque d’aller à son terme, tant l’entêtement borné de ses dirigeants, l’épuisement idéologique de ses partis contrastent avec la vitalité d’une société qui, n’en pouvant plus d’attendre, finira par miser, si aucune nouvelle offre politique ne survient, sur le plus audacieux – pourquoi pas ? –, sur le plus dangereux.
Les puissances émergentes, étaient supposées entraîner l’économie mondiale jusqu’en 2030, donner un coup de jeunesse à la civilisation entière. Arrêtons de nous mentir. La réalité est là, criante, et elle clame le contraire. La plupart de ces États sont parvenus au terme du parcours du combattant qui mène de la corruption au surendettement, du surendettement à la poigne de fer. Pourquoi a-t-on refusé de voir qu’à l’évidence ces puissances émergentes finiraient par tomber dans la nasse tendue par les fonds spéculatifs qui les ont rackettées et 13  qui veulent maintenant tirer bénéfice au centuple de leur générosité intéressée? Le pillage de l’Argentine par les fonds « vautours» en annonce bien d’autres.
On ne cesse de célébrer le nouvel ordre économique et financier dominé par la Banque mondiale, le FMI et les banques centrales. Devenons enfin lucides ! On a longtemps cru qu’il y avait un pilote dans l’avion. Regardons la réalité. D’un côté l’enfer du sous-développement, de l’autre les paradis fiscaux, le shadow banking et les hedge funds. D’un côté la moitié de la population mondiale, de l’autre une centaine de crésus qui suceront jusqu’à sa dernière goutte le sang du dernier miséreux. Cela peut-il durer ? Non. Le capitalisme n’a de sens que s’il crée de la richesse. Sinon il se consume. De nombreux indices montrent que l’on est à la fin d’un cycle. Taux de crédit négatifs, apparition de monnaies alternatives, naissance d’une société du partage. Et ce n’est que le début d’une mutation qui va miner de l’intérieur un système absurde dont il faut cependant attendre, avant qu’il ne s’asphyxie, une ultime tentative : l’accaparement direct de pays riches en matières premières.
L’humanité ne résoudra ces problèmes dans les dix années qui viennent que si elle s’en occupe elle-même. Il n’y aura jamais d’intelligence supérieure à l’intelligence humaine. Or, d’intenses campagnes de communication tentent d’infantiliser l’homme, de le dessaisir de sa liberté de penser son présent, d’imaginer son avenir. Un attentat aussi grossier, aussi grotesque contre la personne humaine n’a jamais été commis dans l’histoire. Attention ! On est en train de nous vendre l’idée que les technologies numériques seront capables de tout résoudre à notre place, que l’intelligence artificielle surpassera mille fois la nôtre… Disons-le haut et fort : l’informatisation n’ouvre pas une nouvelle ère au terme  de laquelle l’homme devrait céder la direction de son destin à la machine. L’informatisation n’est qu’une technologie dont le potentiel n’est pas infini (comme vient de le réaffirmer la communauté scientifique en invalidant la « loi de Moore » qui prévoyait la progression exponentielle du numérique). Non, le digital n’annonce pas l’avènement d’une nouvelle Renaissance ! Encore moins d’un « transhumain »… Pourquoi pas du Messie ?

Provocation ou incitation ? En 2016, les organisateurs du Forum de Davos ont célébré en tant qu’homme de l’avenir un robot de 80 kg répondant au nom de Hubo, construit par un organisme coréen, Advanced Institute of Science and Technology. Hubo sait monter et descendre un escalier, conduire une voiture, porter une valise. Si l’avenir de l’homme se réduit à ces fonctions, il y a de quoi s’interroger…

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