Marine
Le Pen fait son business politique en fustigeant l’Europe, lieu opaque
où s’effondre la démocratie. Oki. Mais ce qui lui est reproché est
d’avoir en siphonné l’argent européen, le nôtre, avec de pseudos
parlementaires européens qui, loin de Bruxelles, travaillaient en
réalité pour elle à Nanterre.
En
mai 2014, le FN emporte les élections européennes avec 24,86% des voix
et récolte 24 sièges au Parlement européen, ce qui donnait au FN droit à
20 postes d’assistants parlementaires. Rien à dire.
Mais
en mars 2015, Martin Schulz, le président du Parlement européen, qui
connait bien la maison, dépose plainte auprès du procureur de la
République de Paris, dénonçant des emplois fictifs, avec une preuve bien
solide : sur l’organigramme du FN à Paris, on retrouvait à peu près
tous les assistants parlementaires, ce qui montrait que ces personnes,
financées sur des fonds européens, travaillaient en réalité au siège du
FN, en France. Une jolie truanderie.
Le
parquet a fait les premières vérifications dans le cadre d’une enquête
préliminaire (comme actuellement pour la famille Fillon), mais l’affaire
paraissant sérieuse, il a en décembre 2015 passé la main à deux juges
d'instruction du pôle financier, lesquels ont mandaté les super-pointus
policiers de l'Oclciff (Office Central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales). L'information judiciaire a
été ouverte pour des délits présumés d'abus de confiance et recel,
escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux, et travail
dissimulé.
De son côté, le Parlement européen n’est pas resté inerte.
Il a pris le plus flagrant, soit le cas de Marine le Pen et de sa
pseudo assistante parlementaire, Catherine Griset. Catherine Griset est
une amie personnelle et ex-belle-sœur de Marine Le Pen. Elle dispose
d'un bureau à côté de celui de la présidente frontiste au siège du
parti, à Nanterre. Elle sait tout ce qui passe à Nanterre, et rien de ce
qui se passe à Bruxelles : le problème est qu’elle n’est pas été payée
par Nanterre mais par Bruxelles, soit de 2010 à 2016, la somme 339 946
€.
Lundi,
les flics ont procédé à une perquisition au siège du FN, pour récupérer
« la copie des disques durs des ordinateurs de deux assistantes de
Marine Le Pen, dont celui de Catherine Griset ». Mercredi, Catherine
Griset a été entendue la journée en garde-à-vue, pour être conduite le
soir même chez les juges d’instruction, qui l’ont mise en examen pour « recel d'abus de confiance ».
« Recel », c’est profiter du délit commis par un autre. Mais quel peut-être cet autre ?...Qui a embauché Catherine Griset sur fonds européens, pour la faire travailler à Nanterre, au service de la présidence du FN ?
Alors,
Marine Le Pen mise en examen pour abus de confiance. Je respecte
pleinement le travail des flics, et toutes les lourdeurs de procédure à
assumer, avec peut-être une immunité parlementaire à faire lever. Aussi
il n’y a pas de calendrier sûr, mais le recel reproché à Catherine
Griset rend la mise en examen de Marine Le Pen inéluctable, comme
auteur. Quand?
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