À qui profite le crime ? Ce vieil adage du droit romain a gardé toute sa pertinence. Appliqué
avec rigueur, il permet souvent de déconstruire les propagandes
gouvernementales et les manipulations médiatiques. A qui profitent les
récents affrontements dans l’est pro-russe de l’Ukraine ? La question
mérite d’être posée face au torrent de propagande diffusée à grands
flots par la presse au service des intérêts US/OTAN.
Rappelons qu’avant et après son élection, D. Trump a annoncé son
intention de normaliser les relations des USA avec la Russie, allant
même jusqu’à envisager la levée des sanctions contre la Russie.
Quels sont les opposants à une telle politique ?
1) Une coalition guerrière au Congrès des USA dont le leader le plus
éloquent est le sénateur républicain John McCain. Elle rassemble des
républicains et des démocrates qui, avant même que débutent les
évènements de 2014 en Ukraine, désignaient la Russie comme « la plus
grande menace ».
2) le complexe militaro-industriel américain et ses prolongements en Europe, toujours inquiets à la perspective de voir un conflit se terminer.
3) l’OTAN dont la raison d’en perpétuer l’existence après la
disparition de l’URSS est de conserver un ennemi russe au prix de
multiples provocations dont la première fut de renier les engagements
pris après l’effondrement de l’URSS de ne pas prolonger sa sphère
d’influence au-delà de l’Allemagne réunifiée.
4) certains pays de l’est de l’Union européenne qui entretiennent un climat revanchard à l’égard de la Russie.
5) l’Union européenne, membre en tant que telle de l’OTAN depuis le traité de Lisbonne.
6) enfin et surtout l’Ukraine, dont tout accord avec la Russie l’obligerait au minimum à respecter les accords de Minsk.
La Russie avait-elle intérêt à susciter les affrontements qui sont intervenus dans l’est de l’Ukraine depuis quelques jours ?
On sait que le bon sens et la logique ne président pas toujours aux
choix politiques. Mais s’il est une qualité dont on peut créditer
Vladimir Poutine, c’est d’une remarquable intelligence tactique.
Disposé à rencontrer les intentions affichées de D. Trump,
connaissant les adversaires américains et européens d’un rapprochement
entre les USA et la Russie, il n’avait aucun intérêt à ce que des
incidents de cette nature surgissent avant même une première rencontre
entre les deux dirigeants.
Néanmoins, tout étant possible dans le monde tel qu’il est, avançons
l’hypothèse que c’est bien la Russie qui a provoqué ces récents
incidents, avec comme raison, tester la détermination de Trump à ne pas
tenir compte des opposants à son projet.
Cette hypothèse ne résiste pas à une réalité : Poutine sait
parfaitement que Trump va avoir besoin du Congrès pour obtenir la
ratification des décrets qu’il signe depuis qu’il a prêté serment. En
effet, le droit public américain impose des limites strictes aux
« executive orders » :
(a) lorsqu’ils abrogent une loi (ex : Obama
Care), cette abrogation doit être confirmée par une loi votée par le
Congrès ;
(b) ces décrets ne peuvent provoquer de dépenses nouvelles (ex
: le mur contre le Mexique) ;
(c) seul le pouvoir législatif peut
modifier ou abroger un traité (ex : OTAN),
(d) une loi du Congrès peut
annuler un décret. La Cour Suprême aussi. Un décret a moins de valeur
qu’une loi. C’est ce que vient de rappeler avec éclat John McCain.
Trump va donc avoir besoin du Congrès alors que celui-ci est opposé
de manière « bipartisane », comme on dit là-bas, à un rapprochement avec
la Russie.
Poutine sait cela. En aucun cas, donc, il ne pouvait prendre le
risque de faire un tel cadeau aux opposants américains à un
rapprochement entre les USA et la Russie.
Donc, en aucune façon, le déclenchement des incidents ne pouvait être
le fait de la Russie et des éléments pro-russes du Donbass qu’elle
contrôle aujourd’hui plus que jamais.
La puissante machine de propagande US/OTAN s’est mise à l’œuvre pour
dissimuler que ces incidents ont été provoqués par le pays le plus
concerné et le plus hostile à un tel rapprochement : l’Ukraine. Un seul
pays n’est pas tombé dans le piège : l’Allemagne dont les services de
renseignement ont parfaitement identifié le rôle de Kiev.
Et Trump, piégé, n’a pu faire autrement que de suivre. D’où les déclarations de son ambassadeur à l’ONU.
Quant à la plupart des médias, sans effectuer la moindre analyse
indépendante, ils véhiculent les mensonges fabriqués de toutes pièces
par l’OTAN.
jennar.fr
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