Théophraste
Pour Henri Bergson « Toujours un peu humiliant pour celui qui en est l’objet, le rire
est véritablement une espèce de brimade sociale. […] Le rire doit
répondre à certaines exigences de la vie en commun. Il doit avoir une
signification sociale […] Sa fonction est d’intimider en humiliant. »
Brimade, intimidation, humiliation… Nos amuseurs les plus en vue y excellent sans avoir les audaces du « fou du roi »
de jadis qui se moquait du souverain. Prudence d’autant plus grande
qu’ils savent qu’à présent le vrai pouvoir est entre les mains de « mon adversaire la finance » (détenteur des médias) dont les hommes politiques ne sont que les serviteurs, les gestionnaires des sans-dents.
Dès
lors, et à condition de ne pas parler du patron, il est permis
d’ironiser sur le personnel politique et surtout sur les Français
d’en-bas (1).
Les « importants » de l’équipe d’Hanouna (C8)
rient aux éclats d’une technicienne exposant sa détresse, ceux de chez
Ruquier (France 2) font de même en traitant des modalités de
licenciements, Riss de Charlie-Hebdo s’amuse du cadavre d’un petit
immigré noyé et en l’imaginant (second dessin, tant le sujet est
désopilant) ayant survécu pour devenir violeur d’Allemandes à Cologne,
Canteloup consacre (Europe 1) un sketch trash au jeune Théo et au
policier violeur à la matraque (« Ils pourront s’épouser »),
Charline Vanhoenacker (France 2) offre à Jean-Luc Mélenchon une veste
Adidas avec, en fond d’écran, une immense photo d’un Fidel Castro,
hagard, le poil rare et hirsute, nonagénaire à l’article de la mort
(rires).
La finance a créé les « bouffons du peuple »
qui, après l’ablation des lobes de la maturité politique et la greffe
de la glande de l’égoïsme, peuvent faire rire (2) de n’importe qui, sauf
du roi par qui ils s’enrichissent.
Théophraste R. (Chef du bureau d’investigation : « Recherche du rire chez Buster Keaton »).
(1) Citer quelques humoristes qui échappent à ce constat obligerait à remplir des colonnes avec les noms des autres.
(2) En fait, ils se font rire entre eux. Leur moindre mot déclenchant sur les plateaux des artificiels « Ha ! ha ! ha ! » en cascade, destinés à nous convaincre de l’esprit de ces pitres.
(2) En fait, ils se font rire entre eux. Leur moindre mot déclenchant sur les plateaux des artificiels « Ha ! ha ! ha ! » en cascade, destinés à nous convaincre de l’esprit de ces pitres.
Le Grand Soir
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