mercredi 22 mars 2017

Présidentielle : le début des choses (presque) sérieuses

Gilles Devers    
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Le débat a commencé par un magnifique numéro de faux-cul, avec Fillon à la manœuvre : « Nous sommes onze candidats, il y en a cinq ici, cela pose une question démocratique ». Déclaration plus ou moins suivie par les autre autres participants. Donc, ce sont eux les gentils, et TF1 la vilaine. 

Enfoirés… Un must d’hypocrisie... S’ils voulaient vraiment que les 11 candidats soient là, il suffisait qu’ils refusent l’invitation,… ou qu’ils interviennent dans le référé engagé devant le Conseil d’État par Dupont Saint-Aignan, pour défendre l’ouverture du débat aux 11 candidats. Ils n’ont rien fait, mais au lieu de l’assumer, ils se préfèrent allumer TF1, qui leur donne une tribune extraordinaire.
- On dit que le chien ne mange pas la main de celui qui le nourrit…
- Comme quoi…
Cette non-représentation des 11 candidats, c’est gavant. Pendant des années, on nous sature avec « toujours les mêmes », parce que ce sont « toujours les mêmes » qui font de l’audience. Oki. Et lorsque s’engage le processus constitutionnel sur six semaines, les candidats « majors » s’accordent pour écarter les candidats « minors ».
Attention, nous ne tombons pas de la dernière pluie. Compte tenu des mécanismes à long terme qui forment le corps électoral, les candidats « minors », même avec une campagne égalitaire, resteront minoritaires. En réalité, le clan des cinq ne redoute pas les idées nouvelles, mais surtout les 1 ou 2% pouvant revenir aux candidats minoritaires, alors que ce 1 ou ce 2% leur permettront (peut-être) d’exister.
Ce préalable, essentiel, posé, il me semble que c’est Mélenchon qui a dominé le débat, comme ayant le discours le plus présidentiable. Il travaille son sujet depuis longtemps, et ça se voit. Il avait une facilité pour exposer son point de vue, de manière carrée et en se distinguant bien des autres, et une véritable aisance, pour répondre et s’imposer face à ses contradicteurs et aux journalistes. Excellent niveau, mais où sont, avec son jeu si personnel, ses marges de progression ? Le but, c’est de faire plus de 10 au premier tour, ou plus de 50 au second ?
Fillon est apparu en retrait, mais c’est lui qui a eu les paroles plus justes en matière de politique étrangère, pendant que le petit Hamon s’égosillait en répétant le nom de El-Assad… Fillon est en fait assez fortiche : il ne parle qu’à ses électeurs, et compte sur le force du réseau Les Rep’ pour faire la différence. Il est clair qu’il a encore toutes ses chances.
Hamon, ce n’est pas du Hollande amélioré, c’est la même chose. Ceci dit, il a une belle marge de progression, quasi institutionnelle, car il reste porté par les strates du PS. On voit qu’il y a une sorte de pacte de non-agression avec Mélenchon, et comme le grand bloc des élus du Parti socialiste n’a pas osé rejoindre Macron, Hamon joue sa progression en la jouant « à gauche », et en siphonnant Macron, ce qui parfaitement réaliste.
Honnêtement, on a bien vu hier que Macron n’était pas mûr. Sa voix de fluet pour débiter de l’eau tiède, avec des formules creuses qui disent une chose et leur contraire, ce mec est imbitable… Finalement, c’est un truc d’athlétisme : Macron est un lièvre pour ouvrir la course, et vu l’insuffisance de structure politique de son mouvement, je ne vois pas d’autre issue que l’effondrement, avec un bloc vers Hamon et l’autre vers Fillon. En un an de campagne, Macron se retrouve avec pour seuls soutiens Collomb et Delanoë, et il vient de renoncer à investir des candidats aux législatives : ça craint un max.
- Et tu ne parles pas de Le Pen ?
- Mais pourquoi parler de ce qui n’a pas d’intérêt ? 

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