- Bon, Victor. Il va bien falloir s’en choisir un de guignol pour les cinq prochaines années. Pas facile…
- Pour bien choisir, Loulle, on met tous les éléments sur la table.
Puis on détermine ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas. Ça, c’est le
côté « raison ». Mais il y a aussi le côté passion, impulsif.
- Moi, je ne sais pas encore ce que je veux, mais je sais ce que je ne veux pas.
- C’est déjà ça. Donc tu élimines. Si tu as une culture nationaliste,
autoritaire, tendance facho, tu vas éliminer d’autorité Mélenchon,
Hamon, Poutou, Arthaud, Lassalle. Si tu as la fibre justice, égalité,
ouverture, tu vas éliminer Le Pen, Fillon, Dupont-Aignan, Asselineau,
Cheminade, Macron.
- Bon, on retrouve donc le clivage droite-gauche. Rien de nouveau…
- Si, il y a du nouveau. Les sondages – qui valent ce qu’ils valent
mais qui donnent tout de même de grandes indications – montrent un rejet
de ceux qui représentent les partis en place, soit Fillon pour LR et
Hamon pour le PS. À partir de là, pour bien choisir, il faut revenir à
la règle du jeu de cette élection. La Présidentielle est impitoyable. On
n’est pas aux Jeux Olympique où il suffit de participer. Il n’y a pas
de podium, pas de places d’honneur. Il n’y a que deux sélectionnés au
premier tour, et un seul vainqueur au second. Donc ton choix doit être efficace,
sinon il ne servira à rien. L’éventail se referme dès lors
considérablement. Par ordre alphabétique : Fillon, Le Pen, Macron,
Mélenchon. Tous les autres ne peuvent que neutraliser ton bulletin. Sauf
à seulement vouloir faire un vote de témoignage. Après, à toi de voir
selon tes affinités.
- Selon ta théorie du rejet des partis « de gouvernement », on peut
encore éliminer Fillon, ancien Premier ministre et Macron, ancien
ministre. Resterait donc en finale Mélenchon et Le Pen ?
- C’est une hypothèse qui n’est plus à prendre à la rigolade.
- Il y a aussi un truc qui me gonfle les aliboffis, c’est cette
acceptation fataliste du fait Le Pen. Les médias comme les candidats
semblent avoir accepté l’inéluctable victoire de Le Pen au soir du
premier tour ! Ils poulidorisent tous. C’est incroyable comme attitude,
non ?
- Je suis bien d’accord avec toi, Loulle. Ils semblent tellement sûrs
que Le Pen ne franchira jamais le « plafond de verre » des 50 % au
second tour, qu’ils se foutent comme de leur première magouille du fait
qu’elle puisse virer en tête, ce qui donne pourtant un avantage
psychologique évident. Personne, ou pas grand monde, ne souligne les
magouilles de cette PME familiale qui prospère sur les embrouilles.
Personne ne met en avant son lourd héritage collabo. Personne ne met en
évidence que c’est chez les quelques élus de ce parti que l’on trouve le
plus de « mis en examen ». Personne ne parle de son programme bâti sur
des mensonges : le programme social volé à Mélenchon et qui ne sera
évidemment jamais mis en oeuvre, une sortie de l’Europe qui renverrait
la France au niveau du Montenegro. Personne ne met en garde contre le
bouton nucléaire mis dans les mains de la Führere.
- Alors, le vote « efficace », c’est quoi ?
- Si tu es tendance facho, c’est Le Pen. Si tu es tendance ultralibérale, c’est Macron. Si tu es de gauche, c’est Mélenchon.
- Tu crois qu’il pourrait arriver en finale ?
- Oui. Sans être d’un optimisme béat, c’est fort plausible. À une
condition : que les électeurs fassent par leur bulletin ce que les
candidats Hamon et Mélenchon n’ont pas fait : l’unité. C’est-à-dire que
tous ceux qui voulaient voter pour Hamon – dont le programme était
novateur mais qui a été saboté par son propre parti, comme Ségolène
jadis – changent leur bulletin pour celui qui sera le seul représentant
de la gauche capable de disputer une des deux places en finale aux trois
représentants de la droite. C’est d’autant plus jouable, et gagnable
que, justement, en face, ils sont trois à se partager les suffrages des
électeurs de droite. Une telle conjonction des planètes ne se reproduira
pas de sitôt.
- Eh bien, je crois qu’on a bien éclairci les choses, Victor.
L’avenir n’est pas si sombre que ça. À la nôtre, je mets ma tournée !
- À la nôtre. Et Banzaï !
Illustration : merci au regretté Chimulus.
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