Le troisième candidat du second tour

C’est à croire que Jean-Luc Mélenchon est le candidat le plus dangereux d’un second tour auquel il ne participera pas. Depuis le soir du 23 avril, la quasi totalité des critiques, des invectives et des condamnations s’abattent sur lui, coupable de ne pas donner la consigne de vote que l’on exige de lui.
Il y a chez les désespérés ce réflexe de mort — sans doute pas sans calcul pour certains — qui veut que l’on reproche au médecin les ravages de la maladie.
Pendant ce temps-là, la peste brune se répand et contamine les esprits. Il est vrai que sa candidate n’a même pas besoin de battre campagne. Le corps social malade et délabré du pays est un terrain suffisamment propice pour que le mal s’y répande sans y gâcher de l’énergie.
À droite, déjà, on sent l’hémorragie. Les Boutin, les Dupont-Aignan, les De Villiers se sont déjà précipités dans les griffes du démon.
Contre ce fléau, la société bonne conscience brandit sa seule pauvre arme usée du vote utile. Et avance un Diafoirus de pacotille pour contrarier l’épidémie.

Ce n’est pas la peste brune qui fait la maladie, c’est le corps malade qui lui permet de se répandre

Vous remarquerez que ceux qui appellent au vote utile ne sont jamais ceux qui sont en danger social immédiat. Comparez l’accueil réservé à chacun des deux candidats lors de leurs visites, le même jour, aux désespérés de Whirlpool.
Pour n’avoir pas compris cela, l’aspirant député François Ruffin s’est sans doute tiré une vilaine balle dans le pied sur sa circonscription d’Amiens en faisant savoir qu’il glisserait un bulletin honteux dans l’urne le 7 mai.
Et des gens de gauche, en pratiquant la politique du nez bouché comme Gérard Miller, ou en condamnant exclusivement comme Grand corps malade « la faute morale » du médecin-candidat de la France insoumise, ont sans doute oublié que la peste brune ne se combat pas à coups de bulletins de vote dans un isoloir, pas plus qu’un cancer ne reflue devant des cachets d’aspirine.
Si l’on ne veut pas en être réduit à l’affronter dans la rue, la peste brune se combat en soignant les vrais causes de la maladie avant qu’il ne soit trop tard. Car ce n’est pas la peste brune qui fait la maladie, c’est le corps social malade qui lui permet de se répandre,
Le seul médecin à même de soigner les symptômes qui affaiblissent ce corps me paraissait être Jean-Luc Mélenchon. Lui seul, en dehors du fléau, s’était acquis les sympathies des gens les plus directement touchés, dans les usines dévastés, dans les quartiers délabrés. Lui seul présentait un programme structuré de médication face à la crise.

Pour l’avoir congédié impunément trop tôt, c’est tout un pays délabré qui panique et se déchire.

Le Yéti