C’est
parce que « le lecteur ne relit jamais le journal de la veille » que les
médias dépravés redeviennent vierges à chaque lever du soleil.
C’est pour ça que Le Monde peut inventer son Décodex (1), une arme qui le tuerait si elle le visait.
C’est pour ça que les médias peuvent fustiger les médias qui nous ont naguère enfumé, sans insister sur le fait qu’ils en étaient et que leur rappel de la déontologie nous les fait vertueux quand ils sont en vérité vicieux.
C’est pour ça que Le Monde peut inventer son Décodex (1), une arme qui le tuerait si elle le visait.
C’est pour ça que les médias peuvent fustiger les médias qui nous ont naguère enfumé, sans insister sur le fait qu’ils en étaient et que leur rappel de la déontologie nous les fait vertueux quand ils sont en vérité vicieux.
C’est
parce que ne sont pas affichés leurs fonctions et le nom de qui les
paie hors des médias, que les experts, politologues, analystes,
économistes, sondeurs, vêtus de probité candide et de lin blanc, peuvent
disserter dans la presse écrite, les radios, les télés.
C’est
parce que la classe médiatico-sondagière ne rappelle jamais ses
traficotages calculés, qu’elle gomme ses partis pris, confesse après
coup quelques « erreurs » (qui devraient souvent s’écrire «
mensonges »)
qu’elle garde encore une crédibilité dont le déclin est loin d’être
suffisant et loin d’être assez rapide pour que les porteurs de vérité
puissent leur arracher une bonne fois pour toute le relais.
Les
médias, sont des garnements qui, surpris la main dans le pot de
confiture, se repentent et vous laissent remettre le couvercle tandis
qu’ils vont ouvrir et piller le buffet aux gâteaux où ils seront vus, se
repentiront, vous laisseront refermer la boîte et iront rôder vers
l’armoire aux confitures.
Tout journaliste de cette engeance est
un Phénix qui doit brûler à Libération pour mieux renaître de ses
cendres à l’Obs en passant par TF1, ou qui doit se consumer à l’Express
pour ressurgir au Point, à France Inter, en passant par BFM-TV ou France
2, peu importe : il s’agit de se vendre à un des huit ou neuf
milliardaires qui possèdent la presse, ou de se coucher devant la pensée
unique qui irrigue les médias publics.
Tout cela serait bien
triste si, parmi les lecteurs qui ne relisent jamais le journal de la
veille, il n’y avait ceux du Grand Soir qui ont oublié des choses
écrites ici. Qui se souvient de cet article du 19 février 2016 : « Choisir la France insoumise ou continuer à subir. En 2017, comme je l’ai fait en 2012, je voterai pour Jean-Luc Mélenchon » ?
Qui ?
Dégun ! comme dit Macron à Marseille avec l’accent d’Amiens, retouché
par l’ENA, lissé à l’Elysée (dans l’ombre du président adversaire de la finance) et perfectionné à Bercy .
Cette tendance à l’amnésie est une aubaine qui me permet de plagier l’essentiel de ce que j’ai donc écrit l’année dernière.
J’ai
vu Jean-Luc Mélenchon, alors sénateur socialiste, se démener pour que
nos frères d’Amérique latine échappent à l’autorité ruineuse des USA.
Nos médias le lui reprochent encore en caricaturant ses positions.
Je l’ai vu dire que notre armée ne doit pas aller massacrer des pays du tiers monde, ce qui surprend et indigne le PS.
Je
l’ai entendu affirmer que la Russie n’est pas un pays ennemi de la
France et qu’il faut discuter avec elle dans un respect mutuel, ce qui
fait dire au candidat (officiel) du PS que « Mélenchon est fasciné par Poutine ».
Je l’ai entendu dire que la politique extérieure des Etats-Unis constitue un vrai danger, qu’il faut sortir de l’OTAN.
J’ai participé avec lui et André Chassaigne en 2011, dans un théâtre de Bordeaux, à un meeting « Contre le capitalisme vert, unir l’écologie et la justice sociale »
où chacun de nous était plus attaché à l’écologie que le total des
écolos qui se sont bousculés pour être ministres de Hollande.
Je l’ai entendu dix fois dire que l’Europe doit changer si elle veut que la France y reste.
J’ai lu son projet de sixième République qui mettra fin à l’élection publicitaire d’un monarque élyséen.
Je
l’ai vu défendre dans la rue les syndicalistes sanctionnés et soutenir
les ouvriers, revendiquer pour les droits des femmes, pour les
handicapés…
Je l’ai vu, assailli de sarcasmes, de viles attaques.
J’ai vu les bassesses dans le choix des photos de lui qui visent « à créer un effet de peur chez le passant » comme les portraits de l’Affiche rouge.
Je l’ai vu sous la pluie des éléments de langage : « candidat autoproclamé », « égo surdimensionné », « gourou », « mitterrandolâtre », « hargneux », « bougon », « coléreux » qui « s’en prend à… » et qui « éructe ».
Je l’ai vu mener mille combats dont la plupart le desservaient électoralement et qui sauvent l’honneur de la classe politique.
Et
nous avons tous assisté à son procès permanent dont se délectent les
médias (depuis qu’il a quitté le PS) et les gogos qui ignorent qu’ils
fondent leur opinion sur les informations livrées par les médias des
banquiers, des industriels, des marchands d’armes. « Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante » (Karl Marx, Friedrich Engels).
Ah ! Malcom X : « Si vous ne faites pas attention aux médias, ils vous feront détester l’opprimé et aimer l’oppresseur » !.
Justement Jean-Luc Mélenchon est l’homme qui dit dans les médias ce que
sont les médias (et cela ne lui sera pas pardonné). Qui d’autre le
fait ?
On se tire une balle dans le pied ?
On se tire une balle dans le pied ?
Par quel néfaste miracle, en ce pays, les petits, les obscurs, les sans-grades (« Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades, – Sans espoir de duchés ni de dotation ». Edmond Rostand, L’Aiglon), les chômeurs, les vieux ouvriers maintenus au travail quand l’âge est là, les femmes sous-payées, les jeunes sans avenir, tous ceux pour qui la vie est plus dure que celle de leurs parents, les petits commerçants écrasés par les grandes surfaces, les paysans qui travaillent à perte, tous ceux qui désespèrent d’acheter un appartement, d’avoir un jour une retraite, les professeurs au pouvoir d’achat en chute libre depuis 25 ans, tous les fonctionnaires, indispensables et méprisés et dont le statut est menacé, tous ceux-là, qui sont l’écrasante majorité des Français, par quel mystère votent-ils si nombreux pour les prédateurs ou leurs complices matois, luxueusement costumés, badigeonnés en vert ou en rose ? Ou en bleu-blanc-rouge sur du vert-de-gris ?
La vérité est que les médias pèsent insidieusement
sur les élections. Je connais (vous connaissez) des villages ou des
quartiers sans immigrés, sans pic local de chômage, sans incivilité,
sans militants du FN, où le FN recueille plus d’un quart des suffrages
sur des noms d’inconnus qui n’ont jamais organisé une réunion ou collé
une affiche.
La vérité aussi est que les électeurs ont besoin d’un projet visible qui annonce enfin la rupture avec les solfériniens hollandistes et vallssistes, lesquels n’ont rien de socialistes et qui ne peuvent être absous de leur trahison par la froide raison mathématique des reports de voix qui fait élire des candidats de gauche (pas toujours. Je le précise pour mes amis du PCF).
La vérité aussi est que les électeurs ont besoin d’un projet visible qui annonce enfin la rupture avec les solfériniens hollandistes et vallssistes, lesquels n’ont rien de socialistes et qui ne peuvent être absous de leur trahison par la froide raison mathématique des reports de voix qui fait élire des candidats de gauche (pas toujours. Je le précise pour mes amis du PCF).
La question que devraient se poser
les « toutourienistes » est la suivante : Jean-Luc Mélenchon porte-t-il
un programme rassembleur, acceptable par toute la gauche et, au-delà
d’elle par le peuple tout entier (sauf la bande du CAC 40) ?
Portrait du candidat idéal
Il le faudrait immaculé. Dans ce cas, on lui reprochera son manque d’expérience, de stature internationale (a-t-il rencontré Trump, Merkel ?).
Il le faudrait assez âgé, avec l’épaisseur nécessaire à
la charge. Mais attention, il convient aussi que, dans son passé, il
ait accompli un sans-faute, que nulle part dans un de ses articles, une
de ses
déclarations,
un de ses votes, on ne puisse trouver matière à heurter la pureté. On
exigera de lui des décennies d’infaillibilité, vertu dont sont désormais
exemptés le pape et (restons sur le sujet) tous ceux dont les médias
nous suggèrent qu’ils feraient mieux l’affaire que Jean-Luc Mélenchon,
ainsi que tous ceux qui approuvent les médias qui disent ça.
C’est
l’apanage des puceaux de n’avoir jamais mal fait l’amour et quiconque a
un jour élevé des enfants, participé à la gestion d’une association,
d’une commune, d’un pays, s’est exposé à l’erreur, à la faute, au
compromis, voire à la compromission.
La France insoumise
Il serait temps que la France se souvienne qu’elle émerveilla le monde au siècle des Lumières, en 1789, en 1936, pendant la Résistance, en 1968, en 2005 en rejetant le Traité constitutionnel européen.
En
2012, elle a raté son nouveau rendez-vous avec l’Histoire. Il est
probable que les peuples d’Europe, asservis par la puissance de
l’argent, attendent un signal français qui ne serait pas la ruée du
« parti de la trouille » vers les urnes pour y lâcher avec dégoût un
bulletin de vote contre le FN, puisque le choix ne serait pas donné de
voter « pour » un projet avec quelque chance de le voir s’imposer.
Une dynamique de campagne
Mais voici qu’en ce début d’avril 2017, un souffle nouveau décoiffe les médias. Il s’appelle « dynamique de campagne » de Jean-Luc Mélenchon (sur fond d’effondrement du candidat officiel du PS). Les salles de ses meetings sont trop petites, ses passages à la télé séduisent les téléspectateurs, les sondages sont prometteurs, bien que « retravaillés pour réduire les progressions » et il est devenu la personnalité politique préférée des Français, avec 51 % d’opinions positives, loin devant Emmanuel Macron à 44 %. Le piège du vote utile se retourne contre ses instigateurs, il n’est plus évident que nous devrons opter pour « le moins pire ». Un choix de coeur et de conviction devient possible.
Du
coup, la frange du PS qui n’a pas filé chez un banquier fait ministre
de Valls par Hollande, s’émeut du ramollissement d’une des mâchoires de
la tenaille à voter comme hier (au menu : PS ou FN). Elle se réunit
en urgence. Les rites sacrificiels exigent de disposer d’une victime
encore en vie.
Comment Valls veut tuer Hamon
À l’hippodrome de l’Embrouille, le champion des primaires (casaque rose) est debout sur ses étriers, mais les bookmakers parient sur Macron-de-Rothschild (casaque dorée).
Dans Le Figaro du 6 avril 2017, Thomas Guénolé (maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique) avance ICI que « Si Hamon se désiste, Mélenchon est au second tour »
(il y sera sans doute sans ça). D’après lui, Valls a pour projet de
créer un grand bloc central d’union du centre-droit, du centre et du
centre-gauche qui va « nécessairement éliminer systématiquement les
députés frondeurs du PS ».
Mais, affirme Guénolé, si Hamon se désiste en faveur de Mélenchon, il
peut espérer avec la France Insoumise une répartition des investitures
pour les législatives qui, basée sur les intentions de vote
d’aujourd’hui, réserverait 40 % des circonscriptions au courant qu’il
représente
Pour conclure : ne pas voter le 23 avril pour un projet
conçu pour le peuple, c’est accepter de voter le 7 mai pour un des
programmes conçus contre lui. « Si tu n’entres pas dans l’isoloir avec tes convictions, ne t’étonne pas de ne pas les retrouver dans les urnes », dit Jean-Luc Mélenchon (je cite de mémoire).
Maxime Vivas - (Ecrivain non encarté). -
(1) Inventé par Le Monde afin de contrer
la concurrence des sites d’information alternative, le Décodex est un
outil de mise à l’Index des dizaines de sites (dont Le Grand Soir,
pardi !) par une méthode inspirée de l’Inquisition où le censeur ne
s’encombre ni de pièces justificatives, ni d’avocat de la défense. Ni
d’un atome de déontologie. Ni d’un miroir où s’horrifier de son image.
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