Des documents prouvent qu'EDF et Areva savaient dès 2005 que la forge du Creusot n’était pas fiable. Pourtant, ils ont décidé d’y fabriquer la cuve de l’EPR de Flamanville. Un séisme dans l'industrie nucléaire française.
Jamais l'industrie nucléaire française n'avait connu un tel scandale.
Et cette affaire remet en cause toute la chaîne de contrôle d'une
filière, déjà ébranlée par la catastrophe de Fukushima. La forge du Creusot a fourni des pièces non conformes à la réglementation à plusieurs centrales. Parmi elles, la cuve de l'EPR de Flamanville, qui attend toujours d'être validée par l'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN). Pourtant, deux documents obtenus par France Inter, et plusieurs
témoignages démontrent qu'EDF et Areva avaient été alertées dès 2005 des
dysfonctionnements de cette usine. Malgré cela, les deux industriels
ont continué à lui confier des fabrications sensibles.
La forge du Creusot est un morceau de l'histoire de la sidérurgie française.
Installée depuis le XVIIIe siècle au cœur de la cité bourguignonne,
elle a fabriqué des centaines de pièces qui ont équipé depuis les années
1960 les centrales nucléaires du monde entier. Mais elle a aussi connu
une histoire récente mouvementée. Emportée dans la tourmente de la faillite de Creusot Loire en 1984, l'usine a failli disparaître plusieurs fois. En 2003, elle tombe dans l'escarcelle d'un homme d'affaires : Michel-Yves Bolloré.
Le frère aîné de Vincent (qui a refusé de répondre à nos questions)
n'est pas à proprement parler passionné par la sidérurgie, témoigne René Dumont, qui dirigeait la forge à l'époque :
L'objectif de Bolloré était financier, il n'était pas spécialement
technique. Je n'ai pas pu lui faire parler de stratégie industrielle.
De nombreux cadres désertent alors la forge. Au Creusot, on voit arriver
de nouveaux sous-traitants, qui ne connaissent pas toujours bien le
métier. L'usine connaît alors de nombreux problèmes de fabrication :
pièces rebutées, suivi de la qualité défaillant... Comme l'ont déjà
révélé nos confrères de l'Obs (article abonnés),
les bâtiments sont mal entretenus et la forge s'éloigne peu à peu des
standards extrêmement élevés requis par le nucléaire. Or, Areva et EDF
étaient informés de cette situation. En témoignent deux courriers de
l'ASN à l'électricien, jamais publiés jusqu'à aujourd'hui. Le premier
remonte au 16 décembre 2005, presqu'un an avant la fabrication des
éléments de la cuve de l'EPR. Il pointe du doigt les problèmes de
qualité que rencontre le site bourguignon.
La suite de l'article et tous les courriers ICI -> France Culture
Via Les Crises
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