Dans cette calamiteuse séquence politique qui fait du neuf avec de l’usé, du nouveau avec de l’éculé, du jeune avec du rance,
je suis soulagé.
Oui, au moins n’ai-je pas participé à la mascarade,
n’ai-je pas cédé aux injonctions systémiques à voter conforme, n’ai-je
pas contribué au « plébiscite » fabriqué
par les antifascistes du dimanche, n’ai-je pas calé face au chantage de
l’ordre établi et à ses valets de pisse en émoi.
J’ai la main propre et verte vu que j’étais à la campagne.
Contrairement au quinquennat précédent, je ne me reprocherai pas, jour
après jour, d’avoir contribué à la farce, ne culpabiliserai pas à l’idée
d’avoir mis un pantin au pouvoir, ne serait pas mortifié d’avoir
contribué à la vaste enculerie.
D’autant qu’ici au moins les choses sont claires. Le nouveau gendre
manager de la France qui n’en veut et qui a déjà tout est ouvertement
l’ami de la finance, ne tue ni ne galvaude le mot gauche en s’en
revendiquant vu qu'il s’en balek, substitue à la politique le marketing
et a pour toute ambition de bien ranger la France dans le grand parking
corporate.
Bref, il est lisiblement mon ennemi.
En cela oui, je suis soulagé. D’autre part, les choses si elles ne
sont pas encore clarifiées, commencent à décanter. Les lignes bougent.
Le masque des tartuffes de la gauche à pépère est tombé, le faux nez de
nos faux amis, révolutionnaires mais pas trop, de ceux qui parlent très
haut très fort pour mieux faire oublier qu’ils ne veulent radicalement
rien déranger et ranger les changeurs est par terre.
Oui maintenant on le sait, la gauche tiède à feu doux, cette
bourgeoisie rentière du gauchisme à la retraite, à la pré-pensée
vitrifiée, celle qui s’achète un brevet de résistance en kit tous les 5
ans, qui prend ses états d’âme pour des convictions et ses rancoeurs
pour des arguments, celle qui, drapée dans sa pureté mensualisée,
cautionne la corruption, non seulement résiste au changement mais
empêche de tous ses petits médias frileux le grand basculement.
Elle est le triste renfort de l’ordre établi, l’allié utile du
système, une composante notable de l’état-blissement et aujourd’hui ,
disons le, notre pire adversaire.
Ah ! mes amis comme je les ai vu venir si prévenants, ceux qui nous
veulent tant de bien, à nous jouer de la mandoline au fascisme qui vient
avant de repartir, à l’irresponsabilité de notre intransigeance
"discréditée", à notre sournoise connivence « rouge-brune »(ça fait
partie du kit), à nous faire complice du pire, à gâcher hélas tant de
talent à despoter du MélAnchon.
Alors oui vous dire au delà de mes frustrations, déceptions,
désillusions, de tous mes dépits d’utopies, combien je suis aujourd’hui
malgré tout soulagé de n’avoir pas brouté en rond et en carré avec tous
les pusillanimes à la chair de canon, de n’avoir pas marché en marche
dans la combine du marché et combien je me sens libre et légitime de
dire à tous les Robert Hue en devenir qui viennent me faire la leçon de
maintien, d’aller servir leur vieille soupe à la grimace, refroidie,
moulinée, ailleurs.
C’est de la soupe aux orties qu’il me faut.
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