Macron est le troisième président français a aller écouter les chants
plus ou moins mélodieux de l'inoxydable Lorelei d’outre-Rhin.
Puisse-t-il être plus efficace que ses prédécesseurs Sarko et Hollande !
L’Europe
est la plus belle idée du siècle passé. Elle a bercé nos rêves, suscité
beaucoup d’espoirs. Elle est aussi – hélas – une grande déception car
cette belle idée a été dévoyée. Au lieu de bâtir une Europe des
solidarités, les technocrates — non élus et mis en place par les lobbies
financiers multinationaux — ont établi une Europe de la concurrence
sauvage non seulement entre les nations mais surtout entre les peuples
qui la constituent.
Il n’est
pas inutile de revenir à ce qui a été la véritable volonté des Pères
Fondateurs : la paix et la réconciliation entre l’Allemagne et la
France. Ce but — ô combien difficile à seulement envisager à cette
époque — est atteint au-delà de toute espérance. Dès lors, faut-il que
ces deux grands pays se diluent dans une construction complexe, sans
ambition ni frontières qui les met au même niveau que Malte, Chypre ou
la Lituanie ? Certainement pas. Le Non français au projet de
constitution européenne d’inspiration ultralibérale — en cassant cette
marche vers la simple zone de libre-échange appelée de leurs vœux par
les Anglais — aurait dû inciter France et Allemagne à avancer dans le
sens d’une intégration politique, militaire et diplomatique réelle sous
peine d’être reléguées au rang de la Hongrie ou du Portugal. Ça n’a pas
été le cas.
Après
l’épisode Merkozy, où la France n’était que la carpette de l’Allemagne,
on aurait pu croire en la diplomatie tranquille de François Hollande
pour faire bouger les lignes. Il n’en a rien été.
Macron
fera-t-il mieux ? Les temps ont changé. Le rejet de l’Europe est la
conséquence évidente de cette cassure béante entre les peuples de
l’Union Européenne et ses institutions. Ce rejet génère la montée
constante d’une vague nationaliste d’extrême droite dans tous les pays
de l’Union. Le pays le plus important de l’Europe – la France – a vu
passer le boulet très près. Si rien ne change, la prochaine salve sera
fatale. Frau Merkel – hélas bien partie pour un nouveau mandat – semble
cette fois l’avoir compris, qui envisage devant Macron une possible
révision des traités allant dans le sens d’une plus grande démocratie de
l’Europe, afin qu’elle soit mise au service des peuples et non plus
seulement des entreprises et de la finance.
Arriveront-ils
par réalisme à conduire France et Allemagne à un mariage de raison à
défaut d’amour ? Il serait temps, car la tentation de cavalier seul de
l’Allemagne réveille partout en Europe un anti-germanisme de fort
mauvais aloi. Cette tentation est due pour une bonne partie au
décrochage économique de la France par rapport à son grand partenaire.
Pourtant, hors de cette imbrication entre les deux pays, pas de salut.
Pourront-ils
ranimer la flamme entre les deux vieux amants terribles ? Cette
Françallemagne, englobant évidemment la Belgique, cohérente
géographiquement, atteindrait la taille critique tant en matière
démographique (autant que la Russie) qu’économique (autant que le
Japon). Elle constituerait une entité stratégique réelle capable de
parler d’autant plus haut et fort qu’elle pourrait s’appuyer sur une
puissance militaire conséquente, restant à bâtir (faut pas être
angélique). Dès lors le siège de la France — de la Françallemagne — au
Conseil de sécurité de l’Onu ne pourrait plus être contesté. Et le reste
de l’Europe aurait un noyau fort autour duquel se constituer
politiquement. La fuite des Anglais - farouchement opposés cette
perspective - ouvre bien des perspectives dans ce sens.
Si cette
utopie ne devient pas réalité rapidement, l’histoire montre que les
relations entre les deux pays glisseront vers l’incompréhension, de
l’incompréhension vers la défiance, de la défiance vers la rivalité, de
la rivalité vers…Ne cauchemardons pas. Merkel et Macron en sont presque aux bisous ! C’est plus rassurant !
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